“De la belle MÉ accessible qui l'est peut-être un peu trop ici…”
1 Dyson Sphere 5:28
2 Sequencer Drift 4:38
3 Artemis 5:40
4 Azimuth 6:06
5 Starfields 4:14
6 Light Sail 5:00
7 Deimos 4:58
8 Moon Freighter 5:18
9 Magellanic Clouds 7:32
10 Lofstrom Loop 6:10
11 Space Fountain 6:14
12 Snow on Mars 6:00
13 Cryo Ship 5:28
14 Dark Nebula 5:25
15 After Earth 5:13
(CD/DDL 83:28)
(Electronic Rock)
Voici la toute dernière invitation de Divine Matrix pour entendre sa récente collection de musique électronique (MÉ) inspirée par le rock mélodique de Tangerine Dream des années 80 et 90. Second album de Steve Barnes en 2022, après le très bon Journeys paru en début de printemps, SEQUENCER DRIFT tourne autour de 15 titres, d'une durée moyenne de plus ou moins 5 minutes, avec des structures qui évoluent légèrement afin de conserver cette touche d'accessibilité qui caractérise le style du musicien-synthésiste Anglais. On y trouve de tout! Du rock électronique à des phases plus cosmiques avec de bonnes textures de mélodies séquencées qui sont uniques à son style.
Les premiers arpèges de SEQUENCER DRIFT scintillent et sonnent comme ces messages cryptés qui sont transmis dans un code morse musical. Le Cosmos dans Dyson Sphere se remplit de brises et d'ondes orchestrales alors que les arpèges adoptent une texture de mélodie séquencée dans une structure de rythme alourdie par les denses ondoiements de ces nappes de brume interstellaire. Comme plusieurs titres de son nouvel album, Steve Barnes propose des textures qui flirtent avec le drame dans des contextes évolutifs au niveau de l'intensité des arrangements. Et Dyson Sphere nous donne un bon aperçu avec une accentuation du séquenceur, tant au niveau de la vitesse que de l'enrichissement du rythme avec une seconde texture d'arpèges cadencés, dans des arrangements qui épousent le nouveau dynamisme de la seconde moitié du titre. La pièce titre propose d'emblée un mouvement circulaire du séquenceur qui sculpte une ligne de mélodie cadencée tournoyant autour de 7 autres accords ascensionnels. Le mouvement est à la fois vif et pourtant lent, rappelant ces phases de Tangerine Dream dans sa période Legend. Une nappe de brouillard aux particules irisées enveloppe ce débit constitué de deux éléments rythmiques en opposition. Ces orchestrations lunaires injectent une dose d'émotivité à cette structure où les mélodieux arpèges ont pris un ascendant rythmique dont la nouvelle vélocité épouse l'arrivée des percussions qui refaçonnent le dynamisme de Sequencer Drift en un rock électronique des années 80. C'est avec un mouvement saccadé du séquenceur que Artemis nous entraine sur un rythme sphéroïdal qui prend son envol avec les sourdes impulsions d'une ombre de basse. Un bon titre avec du rythme soutenu, la fluidité du mouvement est accélérée par les percussions dont le débit motorik structure un rythme qui flirte avec de l'Électronica. Les nappes injectent une nuance de voix astrales où le synthé fini par tisser une séduisante ligne de mélodie spectrale qui ulule comme une guitare de rock dans un décor qui se remplit d'effets sonores cosmiques. Azimuth déploie une oblongue ligne de séquences qui ondule avec de sinueuses fluctuations pour atteindre une structure délicatement spasmodique. Tout tourne autour du séquenceur dans ce titre qui sonne comme du TD dans ses années Miramar. L'ascensionnelle structure changeante de Deimos nous ramène en contrepartie au style TD des années 80. Starfields est la première ballade de SEQUENCER DRIFT. Et c'est le ton de flûte brumeuse qui dévoile cette tendresse sur un essaim de séquences argentées qui pétillent et scintillent en effectuant ces courts cercles sous une nappe de brume où fredonne une discrète voix sibylline. On reste en mode ballade avec Light Sail dont le mouvement ascensionnel se développe en un bon et lourd downtempo sur une approche mélodieuse d'un clavier aux accords mélancoliques. Il y a de l'intensité au pouce carré dans ce titre.
Moon Freighter propose une première approche de rythme circulaire mélodieux sur un séquenceur en deux temps avant que le rythme ne devienne plus sautillant. Quasiment cahoteux! La musique et son empreinte atmosphérique épousent la vision du titre en développant une texture de ralenti grâce à de somptueuses orchestrations lunaires. C'est un autre titre qui progresse avec belle évolution rythmique, les effets percussifs sont somme toute assez séduisants, à l'intérieur de son court laps de temps. C'est sous de lentes nappes d'orchestrations cosmiques que Magellanic Clouds libère son séquenceur qui active une ligne de vives saccades. Ces ruades forgent un fascinant galop qui sautille sous une membrane de sons et d'éléments cosmiques, créant cette balance entre les phases méditatives et rythmiques du titre. Lofstrom Loop est une autre très belle ballade électronique avec des arrangements qui sont plus mélancoliques sur une belle et lourde structure de downtempo. Les effets de longs wiisshh du synthé, traînant leurs poussières dans le Cosmos, sur un séquenceur sautillant lui donnent une belle profondeur sentimentale. Space Fountain est un titre d'ambiances cosmiques qui défile son lent débit sinueux dans de denses orchestrations, lui donnant une touche cinématographique avec un petit côté dramatique. Snow on Mars est aussi un titre en mode plus méditatif que rythmique avec ses lents effets de strobes cadencés qui tournoient lentement dans une dense sphère cosmique. Cryo Ship suit cette tangente mais avec beaucoup plus de lenteur dans le déploiement de ses orchestrations lunaires. Bourdonnements et brouillard cosmique sont à l'origine de Dark Nebula dont la sourde nappe de basse fait avancer de façon sournoise. C'est comme entendre le vide nous faire la poésie! Des particules sonores se mettent à irradier dans ce sombre firmament interstellaire, trahissant ces arpèges qui scintillent et se dandinent dans ce lent maelstrom dont le mouvement des vagues dessine une lente valse cosmique. Le synthé fait fabuler ses lamentations dans un noyau d’effets cosmiques alors que les arpèges s'enlignent en une cadence séquencée stationnaire qui tournoie en apesanteur, créant un rythme assez puissant mais relativement calme malgré son intense bouillon sonore. Ce sont les doigts d'un claviériste rêveur et nostalgique qui sculptent la lente mélodie atmosphérique de After Earth. Les arpèges y brillent, reflétant une lointaine ombre sur un miroir de sons dans une ambiance qui deviennent de plus en plus dominée par des textures de bourdonnements, créant l'effet de propulsion des moteurs d'une navette spatiale qui s'éloigne de sa base avec un lourd chagrin dans les yeux de ses astronautes.
Sans être le meilleur de Divine Matrix, SEQUENCER DRIFT est un album qui respecte en tous points les multiples talents de compositeur de Steve Barnes qui n'a pas son pareil lorsque vient le temps d'offrir de la belle MÉ accessible qui l'est peut-être un peu trop ici…
Sylvain Lupari (04/12/22) ***½**
Disponible chez AD Music
(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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