top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

DÄCKER: Pareidolia (2020) (FR)

Un album de MÉ improvisée où les parfums de grand noms sont habillées par deux grands esprits

1 Female Figure 24:25

2 The Elephant 13:31

3 Mercury Man 4:50

4 Face on Mars 15:21

5 The Dragon 5:11

(CD 63:19)

(Improvised progressive EM)

Lorsque le temps lui donne son temps, Remy aime partir à la découverte de nouveaux horizons et les artistes qui en sont les artisans. On peut penser à My Breathe My Music, à la résurrection musicale de Space Art, à Mäläskä dans le très solide Uncle Jim's Cidney Factory, et finalement à cette dernière découverte qui risque d'intéresser plusieurs amateurs de vieux Berlin School. Däcker est un projet du musicien Hollandais Peter Dekker qui collectionne les instruments de MÉ depuis plus de 15 ans. Il fait partie de cette génération d'artistes qui aiment improviser leurs composition. PAREIDOLIA, pour paréidolie, est un phénomène, visuel ou auditif, qui permet d'identifier une forme familière dans un paysage, un nuage et/ou une tache, comme celui d'entendre des sons familiers dans un bruit ou une musique. On peut aussi associer le phénomène dans des paroles d'une chanson dont on ne comprend pas les paroles. Et ici, ça s'applique très bien à la musique de Däcker où nous avons l'impression d'entendre du Klaus Schulze et autres artistes connus dans la musique de PAREIDOLIA qui fut majoritairement improvisée un dimanche du mois d'Aout 2018. Remy et le brillant Wouter Bessels ont complété le reste…

C'est par l'éclosion d'un nid de réverbérations que débute Female Figure. Nos oreilles sur nos yeux; on peut imaginer une forme abstraite prendre un design plus tangible. Une ombre du synthé projette un voile qui se met à vibrionner, injectant cette tonalité des années 70 alors que Klaus Schulze faisait trembler son orgue. Des bigoudis sonores de ces même années se mettent à danser, comme ces percussions qui vont et viennent alors que la ligne de basse étend sa présence implosive. Le synthé diffuse ses premiers airs nasillards avec un parfum de patchoulis dans son essaim. Däcker collige les tonalités qui l'ont charmées dans une lente ouverture qui fait honneur aux pionniers de la MÉ d'antan. La ligne de basse se détache pour initier un rythme sans battements où virevoltent des solos aux tonalités de bec cloué. Elle fait tout un travail en dirigeant ce rythme fluide dans une masse sonore sombre où les brises chantonnent. Le mouvement est frénétique mais pas saccadé. C'est l'art de l'analogue qui conduit les destinées de Female Figure comme une figure difforme changeant d'apparences mais gardant les mêmes contours. The Elephant est un petit bijou de l'art minimaliste. Sa mélodie virginale est jouée dans un effet de xylophone qu'une flûte rend encore plus mielleuse. L'injection de la ligne de basse, d'ombres réverbérantes et de jets gazeux annihilent les premiers charmes. La musique devient plus intense et surtout plus noire. Des pads de synthé tranchent pour un débit plus saccadé alors que le background continue de couler avec la même fluidité. Des moments d'intensité dramatiques font avancer la musique avec émotions dans un ténébreux couloir symphonique qui fait très Klaus Schulze dans son tournant vers le numérique. Un excellent titre donneur de frissons et porteur de solos de synthé gazouilleurs! Après le court et atmosphérique Mercury Man, où le niveau d'improvisation reste emprisonné dans le carcan de son temps, Face on Mars tombe avec fracas. Des éléments atmosphériques se déchainent au-dessus d'un voile légèrement orchestral qui peu à peu gravit les échelons de ce drame climatique avec une nappe d'orgue insufflant sa présence par de bons élans implosifs. Une nappe de synthé huilée à l'éther danse avec les premiers éléments du séquenceur dans cet album. L'ambiant rencontre son contraste convulsif. Ça me fait penser beaucoup à du Airsculpture avec ce mouvement ambiant qui vacille sur son désir dans une ambiance très atmosphérique avant de conclure dans un England School lourd et saccadé nourri de bons solos de synthé. La base de The Dragon est un voile vibrionnant avec des larmes de synthé gémissant avec ces larmes de clavier tombant avec des influences de Vangelis. Une belle et tendre façon de conclure un premier album par un artiste qui me semble assez prometteur.

Ordinairement, on va dépenser nos sous sur un album d'improvisations par un artiste que nous aimons et/ou qui a une intéressante liste d'albums. Däcker fait le contraire. Et de ce que j'ai lu sur lui, c'est sa façon de voir les choses! On va faire avec, surtout que Remy, on entend beaucoup de ses parfums dans PAREIDOLIA, et Wouter Bessels ont mis cette délicieuse viande autour des deux ossatures qui initialement étaient la base de cet album. Disons que ça aide à partir une carrière…!

Sylvain Lupari (05/02/21) ***½**

Disponible au Deserted Island Music

151 views0 comments

Comments


bottom of page