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Writer's pictureSylvain Lupari

Edgar Froese Aqua (1974) (FR)

“Aqua est un travail de création qui a ouvert de nombreuses portes à l'exploration sonore d'une fusion entre l'abstrait et l'harmonie”

1 Aqua 16:58  2 Panorphelia 9:38  3 NGC 891 13:49  4 Upland 6:35 Virgin CDV2016

(CD 47:57) (Ambient vintage Berlin School) C'est à travers une foutue grippe d'homme atteint d'un virus Néandertalien que j'entreprends une série de chronique sur les œuvres solos des membres de Tangerine Dream. Et, à tout Seigneur tout honneur, je débute par le très énigmatique AQUA, de Sieur Froese. Univers musical abstrait et structure sonore riche. Voilà qui dépeint bien l'impression que laisse ce premier effort solitaire d'Edgar Froese. Le bleu glacial de cette pochette aux éclats de glace plus coordonnées que l'art musical même annonce un album très Berlin pour cette période électro progressive où la musique se terre derrières des idées novatrices qui sont l'apanage des créateurs solitaires d'une scène Berlinoise qui cherche à surpasser l'invasion Britannique de la musique progressive. Je me souviens de mes premiers contacts avec le monde froid et très hermétique de la pièce titre Aqua. Je découvre la musique de TD sur le tard avec Tangram, Thief et White Eagle. Nous sommes en 1984 et Risky Business, le film, marche fort, à tout le moins chez nous, avec la prestation de Rebecca De Mornay et de son joli petit…minois. Je digère à peine Phaedra (que je considérerai comme un chef d’œuvre quelques années de Black Métal plus tard) que mon copain décide de me faire avaler AQUA. Ohhhh que les premières lampées ont été dépourvues de soif. Mais docilement mes oreilles se formaient au merveilleux univers de la musique minimalisme (Mike Oldfield et Tubular Bells), folkloriste et progressive (Genesis et Selling England by the Pound) et de la musique électronique à proprement parlé, Jean-Michel Jarre et Oxygene (1976), Vangelis et Spiral (1977) et Cords de Synergy (1977). C'est dans ce micmac bruitiste musical que j'ai fini par percer la beauté mystérieuse de la MÉ et du monde de Tangerine Dream.

Une longue intro pour parler d'AQUA! Sauf n'aime pas AQUA qui veut…ou qui voudrait. Car ce premier album d'Edgar Froese était hors convention et poussait encore plus loin les limites des explorations auditives. Enregistré dans l'appartement de Froese avec une technologie maison qui consistait à capter diverses sources sonores à partir d'écouteurs sur les oreilles d'un mannequin, Aqua débute dans une faune sonore halieutique avec de fines modulations rythmiques qui survivent dans un marais stagnant où les planctons sonores fusionnent avec la beauté abyssale d'une phase terminale. Y a de quoi fermer les yeux, rêver et imaginer cette ode perplexe et atonale avec de la bonne boucane. Des chapelets d'effets sonores se succèdent dans une mare aux ondulations crées par des coups de rames ou par la pure fantaisie d’un poète sans vers. Une étrange musique, dans un étrange univers qui se poursuit avec Panorphelia et sa structure séquencée pulsative qui laboure sur un beau mellotron errant. Hypnotique, doux mais lourd Panorphelia embrasse les limites d'un Mysterious Semblance At The Strand Of Nightmares. Avec NGC 891 nous replongeons dans l'univers underground des effets sonores où le trafic rural se fond aux bruits d'avions à réactions dans une intro qui tarde à embrasser la superbe prestance de Chris Franke sur le gros Moog Modular. Un excellent titre qui croît avec efficience et qui n'a rien à envier au Flamand Rose sur On the Run, quoique moins violent mais drôlement plus élaboré. En ce qui me concerne, c'est le premier gros titre d'Edgar. Upland clôture avec une grosse orgue et ses ondes circulaires qui captent toutes formes d’'énergies sonores, un peu comme les chasseurs d'ouragan. J'aime cette fusion d'orgue ecclésiastique dans un contexte de modernité sonore. Très expérimental, mais pas vraiment musical, Upland dépeint à merveille AQUA et la complexité des recherches sonores de sieur Froese.

AQUA n'est pas vraiment un album mélodieux ou/et harmonieux. C'est du travail de création qui a ouvert bien des portes dans l'exploration sonore et des paramètres de fusion entre l'abstrait et l'harmonie pour une créativité plus musicale dans les années qui ont suivies cet étrange album. Mais vous savez quoi? J’ai fini par trouver ça beau. C'est une forme de communication entre l'abstrait et la beauté perceptive d'un auteur à l'imagination créative et audacieuse. Commencez par NGC 891, Upland, Panorphelia et Aqua. Vous comprendrez pourquoi cela m'a pris un certain temps pour aimer cette première œuvre solo de mon cher Edgar.

Sylvain Lupari (01/03/09) ***½**

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