“Voici un superbe album de 60 minutes qui devrait plaire à un public friand de rock électronique progressif et symphonique”
1 Gravitational Force 5:08
2 Physical Activity 10:02
3 The Time Tunnel 5:08
4 Spacetime 5:58
5 Memories of a Mysterious Dream 3:20
6 Artificial Inteligence 5:00
7 Droids 5:41
8 Secret Path 3:45
9 Cosmic Light - Part I 6:47
10 Cosmic Light - Part II 4:41
11 Cosmic Light - Part III 4:18
(CD/DDL 60:10)
(Symphonic Progressive EM)
Humm… Combien de fois ai-je écouté ce COSMIC LIGHT de Eloy Fritsch? Au moins une bonne douzaine de fois, si pas plus, et à ce jour je ne sais toujours pas sur quel pied danser pour en faire une chronique. Génial. Trop pompeux. Orchestral aux limites de l'audace de Synergy. Trop commercial. Trop tape-à-l'œil. Bref, une écoute et je trouve ça génial et l'écoute suivante je me dis que je me suis laissé emporter par l'extravagance du style de ce claviériste-synthétiste qui a près de 15 albums en solo depuis Dreams en 1996. Faut dire que le claviériste du groupe de rock progressif-symphonique Brésilien Apocalypse y met toute la gomme pour son second album solo sur Groove. Animé par des rythmes électroniques enlevants avec des mélodies tisseuses de démangeaisons musicales, COSMIC LIGHT met à profit la très grande diversité culturelle de la carrière en solo de Eloy Fritsch dans un 60 minutes où nos oreilles papillonnent d'un titre à l'autre. D'un plaisir à l'autre!
Ça démarre bien avec Gravitational Force et son bataillon de scintillants arpèges séquencés virevoltant dans une force gravitationnelle. Le rythme s'anime tôt avec une bonne ligne de basse palpitante qui structure le titre en un hymne de guerre intersidérale à la Asia, incluant l'arrivée des renforts dans une série d'actions musicales digne d'un bon film de science-fiction. C'est du gros rock électronique progressif attrayant avec de bonnes phases d'entrain et de bons solos de synthé forgeur de ver-d'oreille. C'est un vocodeur qui nous invite à Physical Activity. Le robot nous récitant les bienfaits de l'activité physique, des effets de voix à la Kraftwerk dans Tour de France collent un second plan charmes de la Düsseldorf School. Je ne sais toujours pas si j'aime ou pas! Dès la 40ième seconde, une structure de rythme volée aux premières sessions de Gravitational Force se met en branle. C'est jojo et tout à fait comestible! Eloy Fritsch tricote une autoroute de rythmes où approches mélodieuses, refrains accrocheurs et effets sonores se rencontrent, se juxtaposent et s'entremêlent dans un 10 minutes géniales si on aime cette fusion Düsseldorf School et Asia. Artificial Intelligence est un peu dans le même genre, mais s'exprime plus sur du rock électronique créatif garni d'effets vocaux et perché sur d'étonnants effets percussifs. Mon coup de foudre fut déclenché avec The Time Tunnel et son synthé aux couleurs de Synergy sur un rythme électronique digne d'appartenir à l'excellent album Games. Un très bon titre sur une ligne de basse vivante et un duel entre les dialogues des synthés et les refrains accrocheurs, sans compter le travail au niveau percussions et des effets percussifs savamment insérés en début du titre. Et que dire des solos de synthé? Créatifs et acrobatiques, ils survolent un rock électronique appartenant à une autre époque.
Un gros rock symphonique électronique, Spacetime propose une ouverture axée sur une marche militaire. Une procession de guerriers sur une autre planète nimbée d'effets sonores analogues sur une structure ascendante du séquenceur. D'ailleurs, le séquenceur aime rivaliser avec les arpèges semés ici et là par un Eloy Fritsch dans les souliers de Larry Fast. La structure augmente son niveau émotionnel, comme d'intensité, avec un son plus symphonique où se greffent des percussions dramatiques, incluant des roulements de tambours, et des effets pompeux de synthé toujours affairés à tisser des solos harmonieux parmi des effets plus rebelles. Une 3ième phase, un peu avant la 5ième minute met en évidence le travail architectural du musicien brésilien dans ce titre. Posé sur un délicat piano songeur, les complaintes du Théramin sur Memories of a Mysterious Dream sont aussi délicieuses que ces odes cosmiques de Mannheim Steamroller dans Fresh Aire 5 et Fresh Aire 6. Un très beau titre qui nait dans de splendides orchestrations, divisant assez bien la charge rythmique de COSMIC LIGHT. Après le rythme nerveux et survolté de Artificial Intelligence, Droids replonge dans cet univers de poésie astrale de Memories of a Mysterious Dream. La musique est plus étrange avec cette chorégraphie où deux ombres dansent sans pouvoir se toucher. Il y a un peu de Legend, Tangerine Dream, et beaucoup Let The Night Last Forever, par Walter Christian Rothe, sur ce magnifique titre dont l'écho des effets percussifs et les mélodies vampiriques nous plongent dans les délires de Roman Polanski dans La Bal des Vampires. Secret Path offre une structure statique sphéroïdale avec des charges de rythmes en suspensions qui servent de base à des mélodies sifflotées par un synthé dans un ton aigue, l'autre tonalité étant plus symphonique. On dirait qu'une guerre est imminente au pays imaginaire de Eloy Fritsch qui aime reprendre et retravailler certaines de ses idées dont cette douce ode à la rêverie consentie à Memories of a Mysterious Dream. C'est cette base, revisitée va sans dire, qui amène Cosmic Light Part I à nos oreilles. S'il y a guerre, c'est plutôt une guerre des émotions, des frissons. Car le ton est divin et rêveur avec une essence de Vangelis dans de belles orchestrations à faire fondre le romantique en nous. Cosmic Light Part II est déjà bien avancé lorsque son ossature rythmique nait d'une ligne au débit alternatif se collant à des arpèges lascifs. Les orchestrations qui s'y collent donnent ces frissons inexplicables alors que doucement le mouvement de Cosmic Light se met à valser. Cosmic Light Part III fait bande à part avec une ouverture cinématographique et symphonique à la Vangelis dans une splendide ballade où on se retrouve seul à contempler les étoiles sillonnées les routes du Cosmos, notre cœur d'ado à la merci de celui inatteignable de ce premier amour.
Il y a des choses qui ne mentent pas! Si je me rappelle bien, j'avais eu ma part de difficultés à apprivoiser l'approche symphonique de Journey to the Future. Par contre, chaque titre faisait son effet sans compter que Spacelab était un des plus beaux titres de 2019, toujours selon mes goûts. Et voilà que Eloy Fritsch me fait le même coup avec ce COSMIC LIGHT qui est plus nettement plus homogène en exploitant ses 60 minutes qui devraient plaire à un public friand de ce rock progressif-symphonique de Asia, des audaces de Synergy et des rêveries de Mannheim Steamroller et de Vangelis. Des gros noms, nécessaire ici, afin de mieux décrire cet univers enchanteur du musicien brésilien. Finalement, voilà un très bel album!
Sylvain Lupari (09/03/21) ****¼*
Disponible chez Groove nl
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