“C'est un méga opus sur 3 CD et avec plus de 3 heures de pur Berlin School qui est excellent du début à la fin”
1-1 Interstellar 16:56
1-2 Galactic Centre 15:03
1-3 Magellanic Clouds 17:18
1-4 Wolf-Rayet 14:45
2-1 Distant Spiral 20:48
2-2 Dark Matter 18:41
2-3 Cluster 20:16
3-1 Gravity 10:01
3-2 Andromeda 9:02
3-4 Zone of Avoidance 9:15
3-5 Halo 11:30
3-6 Celestial Equator 10:46
3-7 RR Lyrae 14:05
3-8 Orion 12:37
(3 CD/DDL 200:49)
(Berlin & Netherlands Schools)
Une onde sourde! S'élevant du plus profond coin du Cosmos, elle souffle avec une teinte de voix et prend peu à peu une ombre musicale. D'autres éléments sonores gravitent autour, meublant peu à peu l'Espace. Le vide interstellaire! Nos sens en état d’apesanteur et nos oreilles sur le qui-vive, on attend la suite qui se déroule avec l'arrivée d'une masse sonore où réverbérations, étranges pulsations sautillantes et lignes distordues s'abandonnent à une fascinante symphonie de tons cosmiques. Deux cents secondes plus loin, une ligne du séquenceur se met à exécuter une forme de rodéo spasmodique qui défile avec des ions vifs et saccadés, comme un chef coupant sa salade sur une serviette humide, qui dérivent nettement plus lentement que le pas du séquenceur. Et puis les synthés! Ils tissent des filaments aux tonalités aussi acuités que les sifflements d'un oiseau sans nom, que notre civilisation n’a toujours pas répertorié. Interstellar suit son parcours rythmique avec quelques nuances dans son débit. Son rythme ambiant est cajolé par ces siffles de synthé et des nappes de voix absentes, un peu comme une chorale échappant au purgatoire et cherchant sa route pour le paradis. Des effets sonores s'invitent dans la tranquille évolution d'Interstellar, ajoutant juste ce qu'il faut, notamment au niveau des effets percussifs, pour amorcer ce long voyage de Gert Emmens & Ruud Heij avec cette certitude que nous irons là où personne n'est encore allé. Et ça continue avec le rythme lourd et velléitaire de Galactic Centre. Plus entraînant que la pièce d'ouverture, Galactic Centre propose ce genre de structure où on roule du cou, les oreilles grandes ouvertes pour envelopper la faune percussive qui en découle. Les effets analogues ajoutent une dimension toute aussi savoureuse que les 8 premiers albums du duo Emmens & Heij, dont le premier voyage remonte à il y a 15 ans avec le surprenant Return to the Origin. Tout se passe au niveau du séquenceur ici qui coule une approche aussi lourde et fluide que les traversées océaniques de Godzilla. Deux lignes de rythmes qui entrecroisent leurs cadences qui vont à la même place, mais pas de la même façon, Magellanic Clouds s'extirpe d'une lourd hibernation au centre d'ambiances glauques et fantomatiques pour onduler vivement sur une structure de Rock Électronique ambiant. Des basses pulsations libèrent des ondes sonores qui servent de décor avant que le synthé, et cette tonalité si unique aux œuvres du duo Hollandais, recouvre le rythme ambulant de Magellanic Clouds qui finit par décoller après huit minutes d'incertitude. Des vagues sonores amplifient la courbe d'intensité de la musique avec des éclats du clavier qui dépose ses riffs ici et là. De riffs et accords qui tintent comme par magie et qui sont uniques aussi à l'univers Emmens & Heij. Des percussions et accords percussifs donnent un nouveau souffle au rythme de Magellanic Clouds qui continue sa course avec une masse sonore de plus en plus chargée sur son ossature rythmique. Maintenant, prenons les 3 phases de rythmes présentés auparavant et ce synthé siffleur d'airs enchanteurs. Mélangée ces phases de rythme en une parfaite symbiose et ajoutez-y des percussions et cela donne le rock cosmique progressif très énergique de Wolf-Rayet, dont la vision électronique est signée par de très bons solos de synthé et des accords d'un clavier qui cherchent à ancrer sa mélodie dans ce bouillon de rythme agité de remous percussifs. Et si les percussions sonnent la charge, le déploiement des lignes du séquenceur la subdivise en un organigramme rythmique des plus créatifs. Et ce n'est pas fini!
Structurée sur des longues introductions animées par une flore sonore toujours bien rehaussée et portée vers des finales agonisantes dans ces mêmes éléments tonals, la vie rythmique et la floraison musicale de GALAXIS a passé très près d'être le privilège de 300 passionnés du duo Hollandais. Il s'en est fallu de peu. Cogité, mariné et produit à l'automne 2017, cet audacieux projet de Gert Emmens et Ruud Heij a été présenté dans une édition limitée à 300 exemplaires. Appuyé par une meute de fans inconditionnels sur les réseaux sociaux, GALAXIS était déjà tout vendu avant même sa date de parution qui se situait autour du E-Live 2018. Et puis…rien d'autre! Pas l'ombre d’une 2ième édition, ni de vente sur plate-forme téléchargeable. Un an plus tard, sans tambour ni trompette, GALAXIS faisait son apparition sur Bandcamp. Cette impressionnante ode cosmique pouvait-elle vraiment survivre sur 3 CD et plus de 3 heures de MÉ? Sans doute inspiré par le décès d'un ami commun, l'œuvre est dédiée à Luc Reunbrouck, les deux amis de longue date ont déchaîné leur passion commune en un opus d'une impressionnante qualité qui exploite les différentes phases rythmiques du célèbre duo, tout en élaborant un décor musical qui dépasse l'enchantement. Des wooshh, des waashh et des wiishh! Des étoiles qui se brisent pour se diviser en particules sonores, des nappes de voix chthoniennes comme angéliques sillonnent des parois parfois sombres et en d'autres moments très noires. Bref, des textures qui maintiennent nos oreilles sur le qui-vive. Des rythmes, beaucoup de rythmes! Articulés par des oscillations séquencés, ils prennent de nombreuses formes tout en se métamorphosant avec les doigtés des deux synthésistes Hollandais. Les percussions de Gert Emmens amènent une dose énergique qui tangue entre le rock et le rock cosmique électronique. Et puis les solos! Soufflé et chanté dans leurs textures analogues, ils sont aux rythmes et à la musique d'Emmens & Heij ce que la voix de Rod Stewart était pour Faces et sa musique en solo.
Sur le plus long titre de GALAXIS, Distant Spiral, ils sont d'une enchanteresse présence avec leurs tonalités différentes et ambiguës qui survolent une structure évoluant par phases pour se terminer en un autre fougueux rock progressif électronique. Ce CD2 part très fort! Et ça prend un titre comme Dark Matter et ses remous sonores, ses nappes aux couleurs aussi inquiétantes, sinon Méphistophéliques, qui s'accrochent à sa lente gestation atmosphérique. La structure est plutôt fidèle aux ambiances et au décor que j'ai toujours imaginé sur le sujet et les textures caverneuses ont tendance à flotter pour flirter avec des mirages plus séraphiques. Les 8 premières minutes de Cluster trempent aussi dans une masse d'effets sonores qui élargit sa symphonie implosive avec une diversité à rendre jaloux un titre comme Dark Matter. Le mouvement du séquenceur fait sautiller une série d'ions qui suivent un pattern minimaliste. L'axe rotatoire du mouvement, ainsi que les parfums sonores des synthés nous plonge dans ces lointaines contrées analogues où Tangerine Dream excitait ses fans américains en 1977. Même le percussions sonnent comme dans Ricochet. C'est ce que j'appelle une très belle tournure d’événement où les 5 dernières minutes de Cluster portent la signature Emmens & Heij. Le CD3 est une véritable boîte à surprises avec ses petits trésors rythmiques et ses délicieuses phases ambiantes. Gravity écoule son temps entre une phase de rythme ambiant à légèrement entraînant pour se conclure dans un rock cosmique assez agressif. Andromeda ne perd pas de temps avec une structure de séquences qui forge un rythme ambiant dont l'entrain est nourri par des grosses vagues de wooshh et une autre ligne de séquences qui sautillent entre les espaces de la principale cadence. Les trésors percussifs d'Interstellar reviennent faire plaisir à mes oreilles. C'est du bon rock électronique dont les influences de Tangerine Dream et de Jean-Michel Jarre, pour ces effets percussifs, s'arriment à ce rock très entraînants. Zone of Avoidance est un titre ambiosphérique avec un zest de supranaturel dans certaines tonalités. Des arpèges y gambadent tranquillement, perdant même leur route dans les sillons zigzagants de cette valse pour corps dérivant dans le cosmos. C'est un titre ambiant fascinant, alors que les ambiances séraphiques de Celestial Equator sont à l'image de son titre. Intense et beau avec une texture sonore qui nous plonge dans les lacs d'Avatar. Encore une fois, ces titres atmosphériques sont bien insérés entre des phases de rythmes assez énergiques. Halo s'embrase dans des matières percussives avant d'éclore en un rock stationnaire à la Force Majeure. Très bon et ça résonne dans le salon! Quittant son bouillon sonores rempli de joyaux, RR Lyrae se met en marche avec des boucles oscillatrices du séquenceur, des boucles aux subtils passages zigzagants. Les percussions harponnent cette errance rythmique afin de conduire l'essence de RR Lyrae dans un bon rock électronique cosmique qui est nimbé d’autres bons effets percussifs. Après le chant spectral de ce qui semble être un Théramin, Orion conclut cette impressionnante œuvre de Emmens & Heij avec un bon rock cosmique qui respire les libertés de Gert Emmens en studio. Cette impressionnante ode cosmique pouvait-elle vraiment survivre sur 3 CD et plus de 3 heures de MÉ? Oui! Excellent du début à la fin, sans un titre qui n'est pas à sa place.
Sylvain Lupari (15/07/19) ****½*
Disponible au site Bandcamp de Gert Emmens & Ruud Heij
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