“Une collection de musique composée entre 1978 et 1996, Conclusion va profondément dans les territoires de vintage Berlin School”
1 New Berlin 22:59
2 Aritmos 7 9:30
3 In The Moog 4:29
4 A Very Short Visit in a Froesen Desert 3:02
5 Spring 2:05
6 Raindrops 9:44
7 The Icecream Van Repair Man 17:29
(DDL 69:20)
(Vintage Berlin School EM)
Bon an mal an, il y a toujours un nouvel artiste qui sort du lot avec une production bétonnée. Cette année, la palme risque de revenir au Suédois Eric G. Artiste indépendant, qui dessine de fabuleux dessins, qui ne sont pas sans rappeler les premières pochettes des albums de Klaus Schulze, Eric G présente aux amateurs de MÉ un album des plus percutant qui se déguste du début à la fin. Écrit entre 1978 et 1999, CONCLUSION suit une courbe temporelle, voguant entre les périodes analogues et plus contemporaines de la MÉ.
New Berlin part le bal avec une merveilleuse composition qui ficelle toutes les zones musicales que l'on peut espérer d'un Berlin School. Un départ lent et envoûtant avec des cymbales dansantes et un tambour hypnotique aux roulements orchestraux. Vaporeux le synthé jauge l'approche alors que les percussions deviennent plus soutenues, martelant un tempo hypnotique à la Keller & Schönwälder. Nous sommes encore sous l'envoûtement lorsqu'une séquence nerveuse aux ondes basses et sautillantes se trémousse, initiant le pas à un sulfureux mellotron flûté qui dégage une atmosphère incroyable, entre un Tangerine Dream cuvée 70 et un Free System Projekt contemporain. Et de ses 23 minutes, New Berlin croisera des sentiers musicaux tout aussi enchanteur que percutant, avec des directions musicales insoupçonnées aux arômes progressives comme à la belle époque des années 70. Plus courte, Aritmos 7 déshiberne d'un long bourdonnement opaque qui se mute sur un séquenceur aux percussions sautillantes, rappelant les ingénieuses manœuvres de Chris Franke. C'est un titre lourd aux contours réverbérants qui explosent sur des effets sonores analogues et des furieux solos d'un synthé aux saveurs très Schulziennes. In the Moog est un titre fort animé qui pourrait facilement passé sur une radio populaire. Enjoué et mélodieuse, on ne peut ignorer un rapprochement des styles de Jean-Michel Jarre et du merveilleux Music from France de Frédéric Mercier. A Very Short Visit in a Froesen Desert est un titre bien fignolé qui traverse de l'ambiant à un rythme soutenu, grugeant les cendres de Edgar Froese sur Stuntman.
Une courte ballade, Spring divise bien l'aspect classique de l'approche berline du synthésiste Suédois car Raindrops et The Icecream Van Repair Man proposent une approche plus versatile et progressive de CONCLUSION. Sur Raindrops, l'intro présente des gouttes de pluie qui s'extraient d'un monde réaliste pour fusionner dans approche plus abstraite. Elles dansent et forment une ligne musicale qui sert de base à un synthé feutré, qui allie harmonie et univers abscons. Le rythme devient plus coulant. Entouré de belles lignes d'un synthé sentimental et nostalgique, il glisse sur un tempo lent où fusionne percussions volages et gouttes métalliques à saveur glockenspiel. The Icecream Van Repair Man est le titre magique de CONCLUSION. Sur une longue intro occise remplie d’effets vocaux qui respirent les émanations humées d’un célèbre trio Allemand, le synthé devient d'une fluidité lancinante avec des lignes s'entrecroisant dans une ambiance ténébreuse qui s'éveille sur les sursauts de percussions symétriques. C'est un superbe morceau qui révèle un aspect plus théâtral d'Eric G un peu comme dans l'univers de Jean Pierre Thanès. Le dandinement du synthé sur une ligne de basse mordante est tout à fait sublime, donnant au titre une pesanteur ocrée. Évitant le piège de la monotonie The Icecream Van Repair Man embrasse un rythme plus lourd aux accords d'une basse mordante, rappelant les riffs agressifs de JMJarre sur Zoolook. Le tout est encadré d'une fusion synthétisée où solos et les nappes tranchantes figent le morceau dans un cadre intemporel aux milles délices sonores.
CONCLUSION est un solide opus de 70 minutes qui étonne, titre après titre. J'ai beau réécouté encore que chaque écoute me paraisse plus plaisante que la dernière. Un opus d'une grande beauté qui suit une courbe temporelle et qui crée une ivresse sonore remarquable. Eric G démontre un talent indéniable qui, espérons-le, se manifestera sur un prochain opus.
Sylvain Lupari (29/06/07) *****
Disponible au Eric G Bandcamp
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