“...puisque Thrust Avis n'est pas ce que j'appelle un premier album invitant”
1 Thrust Avis 13:59
2 Blue Biotop 6:55
3 Nightzone 13:35
4 Earthview 4:02
5 Jet Pilot 10:18
6 Butterflies Dance 4:25
7 Spacetrack 10:56
8 Cosmonautic Dream 4:50
(CD-r/DDL 68:51)
(New Berlin School, Prog EM)
Mon premier contact avec Erik Seifert et ce THRUST AVIS m'avait laissé froid. C'est en écoutant A Trip to Nebula Cluster et Aotearoa que je me suis laissé tenter à nouveau. Une tentation couronnée de surprises.
Des ondes musicales tombent et roucoulent avec douceur, formant la mélodie séquencée d'un rythme ambiant qui se colle à une ligne de basse à la Patrick O'Hearn. Flirtant avec une ambiance ésotérique, la longue pièce-titre avance dans une enveloppe évolutive avec des accords de clavier hésitant à former une ritournelle mélodieuse soutenue. Des accords de sitar lancent des parfums Indiens alors que les longs woosshh ajoutent un zest sibyllin. Les accords de clavier tournent comme un carrousel hypnotique, tandis que la première ligne de mélodie voit un double se détacher et émettre des tintements prismatiques. Les tintements scintillent toujours un peu plus et une série de riffs se pointe un peu après la 4ième minute. Malgré ce micmac sonore, tout coule en symbiose. Stationnaire, l'univers de Thrust Avis se rempli d'écho et d'ombres de tout ce qui nait, bouge et vit dans ce titre où une vague ambiance cosmique n'est pas de trop. Le rythme éclot autour de la 5ième minute avec des accords organiques qui concourent avec les riffs lorsque Thrust Avis exploite une figure de rythme tranquille qui trouve plus de mordant dès que le titre franchit la barre de sa mi-temps. Un beau petit titre qui demande plus qu'une écoute où le clavier domine les fantaisies du synthé. Blue Biotop propose une belle mélodie lunaire à la Softwareavec des arpèges séquencés dont le tracé zigzague sous les caresses d'un synthé mélancolique. Nightzone propose un deux minutes de couches et d'ondes sombres avant qu'un mouvement de rythme, allant de l'avant à l'arrière, structure un cha-cha électronique. Des effets percussifs, résonnant comme des coups sur du bois, ajoutent de l'intérêt avec les à-coups qui ont déjà éveillé une bonne basse-pulsation. Il y a beaucoup de Ron Boots dans le développement de Nightzone qui prend une tangente plus rock électronique avec l’arrivée des percussions autour de la 6ième minute. Un mouvement du séquenceur libère une mélodie séquencée qui rampe vivement dans cette structure qui devient de plus en plus électronique, avec un zest d'expérimentation, en développant de bons solos de synthé dans son dernier tiers.
Earthview, comme Butterflies Dance, sont deux belles ballades mélodieuses auxquelles il est difficile de résister. Butterflies Dance demandera plus qu'une écoute par contre, mais l'intérêt se développe à la première.
Avec Jet Pilot, Erik Seifert démontre qu'il est capable de faire danser le monde, même si parfois la musique entre dans une zone atmosphérique. Les rythmes se métamorphosent au gré de ces phases avec de bonnes percussions, une bonne ligne basse et un synthé-clavier mélodieux. C'est pas mon meilleur moment, mais ça s'écoute bien. Il y a un beau mouvement circulaire du séquenceur dans l'ouverture de Spacetrack. Bon, les échantillonnages de voix font pas ménage, mais ils sont brefs. En contrepartie, j'aime bien les notes de piano qui roulent en boucles et en concordance avec les percussions jetées ici pour créer et soutenir une bonne ligne de rythme qui s'enrichit continuellement des effets de synthé, roulés aussi en boucles. Les accords dramatiques effectuent le travail aussi dans une texture flirtant même avec le mystère en milieu de parcours. C'est un très bon titre qu'on refuse de quitter des oreilles, tant l'échantillon des sons, des contrastes et des éclats est autant de richesse que les percussions et ces billes que l'on entend tinter ici et là. Un très gros titre dans ce THRUST AVIS. Cosmonautic Dream est sans doute un titre hommage à Vangelis, tant les sonorités de Soil Festivities sont présentes sur des notes cristallines d'un clavier-piano qui enferme une belle mélodie passive. Le synthé siffleur est tout simplement jouissif ici. Harmonie, mélodie. Deux mots qui reviennent constamment lorsqu'on épluche un cd d'Erik Seifert.
En fait, plus j'écoute sa musique, plus j'aime son style. Il crée un moule minimaliste et l'entoure graduellement, avec aisance et harmonie. Sans jamais tomber dans la facilité, puisque THRUST AVIS n'est pas ce que j'appelle un premier album invitant. Il n'y a pas de hits instantanés ici! On peu aimer de suite un titre comme Earthview, mais pour le reste, ça demande de l'huile d'oreille! Mais au final, c'est un très bon cd qui a failli échapper à ma diligence.
Sylvain Lupari (02/08/06) *****
Disponible chez SynGate
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