“Earth Luminous est un magnifique album qui mêle à la perfection les visions de 2 artistes dont les styles et la musique ne sont pas si loin”
1 Days of Magic 8:49 2 Light and Ground 7:57 3 Far Wandered 8:35 4 Valley of Spheres 8:27 5 Distant Future 7:52 6 Diomedea 8:47 7 Earth Luminous 7:26 8 Linked Stars 5:21 Projekt | PRO328
(CD/DDL 63:17) (Tribal EM, soft and hypnotic beats)
Byron Metcalf et Erik Wollo sont deux figures emblématiques d'une MÉ qui sculpte une vision tribale lyrique mais dans deux approches foncièrement distinctes. Si l'un est un percussionniste hors-pair avec une propension pour des rythmes des feux de la Terre, l'autre est plus un nomade sonique qui aime trimbaler ses panoramas de glace à travers une belle fusion de synthé/guitare sur des rythmes électroniques tissées dans des séquences tantôt paisibles et tantôt délicieusement rebelles. Les deux ont un point en commun; les ambiances étranges, lire surnaturelles ici, avec des strates moirées qui serpentent le tambourinement des percussions ou le doux flux des séquences. Nous étions donc en droit d'espérer un album qui allait souder deux univers dont les distances se souderont en une symbiose pour le moins particulière. Chassez les doutes, EARTH LUMINOUS dépasse les attentes les plus élevées avec un solide album où la permutation des rythmes, parfois tribales, ambiants ou de feu, forgées par les percussions et les séquences atteignent un zénith que je n'ai jamais à date. C'est le genre de truc qui surprend. Et qui n'aime pas être agréablement surpris?
Days of Magic débute cette féerique aventure par une douce approche ambiante où Byron Metcalf propose de délicats battements qui servent de rempart à une belle fusion des larmes de synthé et de guitare d'Erik Wollo. Des murmures séraphiques accompagnent ce doux voyage astrale qui est par moments légèrement secoué par des percussions plus bruyantes. Le rythme est aussi doux que ces ballades désertiques si bien dessinées par Steve Roach dans Western Spaces. Light and Ground donne le ton à du rythme plus soutenu avec des percussions gargouillantes qui sautillent en symbiose avec un doux reflet d'un ruisselet de séquences suspendues. D'autres percussions s'invitent à cette première danse, tissant un doux torrent de tam-tam et d'effets organiques que Wollo recouvre d'un linceul de sérénité. Ici, les percussions font la loi. Elles façonnent une délicate transe pour adorateurs de la terre que le barde Norvégien décore avec des nappes éthérées et des riffs qui émiettent leur passivité et roulent en discrètes boucles sur une structure de rythme minimaliste que Byron Metcalf agrémente de percussions tribales. Far Wandered propose une approche plus électronique avec une ligne de séquences qui fait sautiller ses ions en boucles dans des effets de percussions crotales. L'aventure commence à être invitante pour la danse. Des percussions se greffent constamment, tissant cet improbable lien entre la MÉ et le tribal amérindien alors que le rythme électronique se transpose subtilement en un plus acoustique. Les séquences sont devenues plus étouffées et clopinent en arrière-plan des percussions qui tonnent un rythme de transe spirituelle et tambourinent sous une nuée d'ondes spectrales aux lamentations opalescentes. Valley of Spheres propose une approche aussi méditative que Days of Magic mais avec plus de dynamisme dans le rythme. Un rythme qui accroît sa mesure dans un maillage de belles séquences un peu graves et des percussions qui amplifient une approche quelque peu dramatique. Le titre s'enfonce dans un état d'hypnose qui détourne légèrement notre attention des strates d'une six-cordes électriques dont les larmes d'acier ajoutent une touche de mysticisme à Valley of Spheres. Une dimension qui orne aussi l'introduction de Distant Future qui est aussi un titre méditatif mais avec une enveloppe plus riche en percussions et surtout en effets électroniques forgeurs d'ambiances mystérieuses. Les tam-tams résonnent et font ombrage à d'autres plus sourdes. Ces dernières envoûtent les sens! Mais pas autant que ces denses et menaçantes nappes éthérées dont les effets de saccades propulsent un rythme aérien dominant. Même si Days of Magic ne donne pas sa place, Diomedea est le titre le plus ensorcelant et le plus enveloppant de EARTH LUMINOUS. Son ouverture inonde nos oreilles avec des nappes qui ondoient comme les taches dans un ciel défilant en accéléré. Des tam-tams cognent lentement au loin avant d'éclater avec un déferlement symétrique qui échange sa fureur pour des séquences. La pièce-titre est en revanche la plus intense. Son introduction est portée à nos oreilles par des riffs ambiants d'une guitare qui roulent en boucles sur une furie d'ondes spectrales aux ululements métallisés. Une belle ligne de séquences fait dandiner ses ions qui se font harponner par une série de 4 tam-tams qui défilent en file indienne, ne laissant même pas de place à une fraction de seconde de vide. La fureur émane autant des strates violacées que des tam-tams qui recouvrent le doux flux hypnotique des séquences. Et alors que des crotales envahissent les ambiances, les harmonies ambiantes changent de formes et de tons, accroissant encore plus l'intensité de Earth Luminous dont la violence dans les tons dépoussières nos murs. Un excellent titre! Linked Stars conclut EARTH LUMINOUS avec une approche très ambiante où Erik Wollo étend des multicouches de synthé et guitare qui sculptent habilement les froideurs des glaciers Norvégiens. C'est un titre d'ambiances qui est du répertoire Wollo et dont la finale se réfugie dans des grosses grottes de glace, hibernant jusqu'au prochain opus, que je souhaite prochainement, de ce duo improbable qui séduira littéralement les amateurs d'une MÉ grandeur nature où les percussions démontrent qu'ils peuvent très bien servir la cause de la musique ambiante. Un superbe album!
Sylvain Lupari (12/07/16) ****½*
Disponible au Projekt Records Bandcamp
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