“Erik Wollo ne réinvente pas le genre ici! Mais sa volonté de créer d’immenses panoramas sonores avec les drones de sa guitare amène Infinite Moments où il nous voit”
1 Part 1 11:12 2 Part 2 11:24 3 Part 3 9:48 4 Part 4 5:50 5 Part 5 10:04 6 Part 6 10:09 PROJEKT| PRO357
(CD/DDL 58:34)
(Ambient, Drones)
Songes moroses et retentissants par une froide nuit scandinave! INFINITE MOMENTS est un album très intimiste qu'Erik Wollo offre à ses fans. Plus ambiant et même plus intime que la série Silent Currents, ce dernier opus du barde norvégien propose 6 odes soniques sans aucunes sources de rythmes et surtout sans aucune source sonore qui provient d'un synthétiseur. Tout se joue avec les drones sonores. Des bourdonnements couchés et sculptés en mode horizontal qui flottent comme ces ondes sonores usuelles à la MÉ d'ambiances. Sauf qu'ici, la source provient de guitares électriques dont l'amoncellement des strates vibrantes s'entrecroisent dans un ciel sonore déchiré par les variances et les demi-teintes translucides dans les tonalités de ces couches souvent sans harmonies. Comme des songes oubliés dans les morsures de la froideur. Ces oblongs parcours électriques sont comme des amants sonores dont les entrelacements dans les brumes mystérieuses sont supervisés par un E-Bow qui agit comme le répartiteur d'une vision plus harmonique.
Les harmonies! Il faut s'y prendre à quelques reprises afin de les discerner. Ceux qui sont familiers avec l'univers Wollo reconnaissent ces filaments isolés qui sont fondus dans une masse sonore des plus compactes. Les bourdonnements flottent comme des âmes errant sans but. Comme une danse sibylline, ils valsent avec le néant gobant ici et là des petites lignes harmonieuses que l'on reconnait de par cette limpidité qui ressort de ce paysage d'ambiances placardés de solitude. Part 1 nous introduit dans cet univers où tout se ressemble, même ces subtilités qui se détachent pour se refondre dans l'anonymat. Les ondes opaques sont comme ces baleines qui ondulent dans un océan noir tacheté par les sillons des méduses. La masse sonore varie d'un titre à l'autre avec de fines subtilités dans les paysages d'ambiances que sont Part 5 et Part 6. Le côté spectral trouve une porte intersidérale afin de flirter avec une vision plus séraphique dans Part 2. L'intensité distingue les titres! Même si moins intense au niveau abyssal, ce Part 2 possède une approche mélancolique qui est plus propice au dodo. Idem pour Part 3 et sa floraison très mélodieuse qui précède sa conquête des drones. La vision tonale ici se rapproche d'une passion écarlate. Part 4 est le premier titre où la guitare respire comme tel, modifiant ainsi le contexte textural de INFINITE MOMENTS qui nous offre ses plus beaux moments depuis la fin de Part 1. D'ailleurs, Part 5 suit avec une vision tout aussi acuité que dans le titre introductif. Lyrique et sibylline, la musique s'écoute un peu moins la nuit, surtout lorsque nous sommes deux à lire le journal de Morphée.
À tout bien considéré, je ne recommanderais pas INFINITE MOMENTS à quelqu'un qui cherche à découvrir l'univers du Berlin School d'Erik Wollo. Cet album est un monument de musique méditative qui peut aider à sombrer dans les bras de Morphée, même si certains mouvements de bourdonnements sont intenses et lugubres. Dans ce vaste univers de musique ambiante ou d’ambiances méditatives, peu d'artistes réinventent le genre. Mais il y a toujours des artistes qui sont capable d'apporter une touche très personnelle à un genre qui a une énorme légion d'adeptes. Erik Wollo est l'un de ceux-là!
Sylvain Lupari (19/01/19) *****
Disponible au Projekt Records Bandcamp
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