“C'est la rencontre de deux artistes dont les styles opposés ne pouvaient espérer un tel zénith pour créer une complicité inattendue”
1 Triptyk 10:12
2 Ruins of the Past 7:34
3 The Way Ahead I 5:42
4 A Solitary Place 8:13
5 The Nomad's Journey 7:13
6 Somewhere in the Distance 7:13
7 The Way Ahead 2 6:15
8 Subterranean Canyon 6:42
9 The Herald 7:39
10 Cirrus (Postlude) 5:41
(CD/DDL 72:14)
(Progressive ambient Music)
Quel bel album mes amis! Un rendez-vous musical avec Erik Wollo et Michael Stearns ne se refuse juste pas. Nous avons affaire ici à deux vétérans de la scène de la MÉ dans ces formes ambiantes les plus près de nos racines, comme au plus loin de notre désir d'introspection. Laissons-ça aux autres! Les autres, ce sont eux. Les deux sont solitaires. Un est sédentaire qui aime voyager, l'autre est un nomade qui traine son lyrisme sibérien dans son baluchon. Deux magnifiques musiciens qui sont responsables de dizaines d'albums qui nous ont touchés, qui nous ont émus aux quatre coins de la planète. Des panoramas ambiants créés à même les étoiles que les océans où un guitariste Norvégien dépose les soupirs et les larmes glaciales de sa guitare-steel, CONVERGENCE est la rencontre de deux artistes dont les styles opposés ne pouvaient trouver un tel zénith afin de nouer une étonnante complicité inattendue.
L'ouverture de Triptyk nous plonge dans les ambiances scandinaves de Erik Wollo avec ses larmes de guitare qui s'étendent en une chorale sibylline qui peine à contenir ses pleurs. Le mouvement est lent et on sent cette froideur fonde peu à peu alors que les chatoiements des couches d'eau océanique pétillent de plus en plus et qu'une ligne de basse et deux à trois pas feutrés du séquenceur, créant l'illusion de riffs de clavier, sculptent le rythme ambiant de Triptyk. Sur les riffs harmoniques de la guitare, Michael Stearns on a tissé une forme de lasso sonore qu'il fait virevolter autour de cette structure semi-ambiante, créant ainsi l'illusion d'un rythme qui prend son envol. Et envol il y a lieu lorsqu'une nuée de fées enchantées battent des ailes pour entraîner le titre dans un monde de danse illusoire, alors que guitare et clavier forgent un arc-en-ciel musical qui illumine autant nos oreilles que notre âme. Un très beau titre qui ouvre un album tout à fait splendide si le folk ambiant est votre tasse de thé. L'introduction de Ruins of the Past me fait penser aux moments taciturne de Darshan Ambient. Les notes de guitare coulent une à une devant un voile d'ambiances tissé par le miroitement des synthés de Michael Stearns et les larmes de la six-cordes de notre barde scandinnavien. L'évolution du titre se passe au niveau de son intensité, comme plusieurs titres dans CONVERGENCE, qui tire ses élans sourds dans une radieuse masse sonore provenant de la convergence texturale du duo Wollo & Stearns. The Way Ahead 1 propose texture de Folk-Tzigane ambiante. Bien qu'entraînant, le rythme valse avec des orchestrations rudimentaires dont un violon et ses staccato qui déchire ces ambiances tamisés par les feux de camp, défiant la guitare et ses riffs harmoniques. Plus les ambiances s'animent et plus ses staccatos s'enflamment, mais tout reste dans la gaieté interdite des bohémiens. Il y a un intense emballage cinématographique pour film d'horreur dans la texture de A Solitary Place qui est un titre ambiant lourd de ses ambiances prismatiques. Les nappes de synthé oxygènent les ambiances avec des vapeurs iodées. Tout est en suspension, comme ces voix sibyllines qui flottent dans des radiances ocrées. Un rythme acoustique nous fait dodeliner de la tête, nos oreilles émerveillées par ces percussions imitant la promenade d'un cheval sur de la pierre dans une texture qui amplifie sa mainmise sur notre attention. Il y a de très bons arrangements ici, comme ces nappes orchestrales qui montent et nous engloutissent dans un tunnel abscons où personne ne nous trouvera.
Un titre comme Erik Wollo en offre souvent, The Nomad's Journey s'inspire de The Way Ahead 1, mais dans une vision plus rock lorsque les éléments se déchaînent. Les larmes de guitare et les nappes de synthé engagent un furieux combat dont le seul vainqueur est l'enrichissement des ambiances. La six-cordes acoustique de EW trace de belles ballades provisoires sur ce titre intense, comme si la colère des cieux étaient toujours à bout d'oreilles. Et c'est justement sous la pluie que Somewhere in the Distance fait contrepoids en offrant une texture ambiante stylisée à la Michael Stearns. Les éléments terrestres pleurent sous d'oblongues tiges flexibles réverbérantes où s'accrochent des filaments lumineux astraux. Tout est délicat ici, comme cette flûte muant en voix et tout son contraire lorsque ce ne sont pas les deux ensembles qui pleurent sous la chaleurs des drones réverbérants. C'est du Pacific School à son mieux! The Way Ahead II récupère toute la chaleur musicale qui rayonnait dans les eaux troubles de sa première partie pour sculpter l'un des plus beaux moments de cet album. Multicouches de guitares qui s'additionnent dans un voluptueux crescendo linéaire, la musique est l'esprit d'une balade parmi les nymphes et paysages elfiques dont les horizons forgent l'écho radiant de cette mélodie ambiante, légèrement teinté d'un paradoxe sibyllin. Un paradoxe juste pour y jeter l'esquisse d'une intrigante avenue qui s'amorce autour de la quatrième minute pour nous conduire dans une intense finale. Subterranean Canyon est un beau titre ambiant avec une suite de riffs et leurs échos qui résonnent sur le pouls de basses pulsations. Ce rythme en non-rythme devient un genre de procession gaélique qui se recouvre de mystères dans un splendide duel entre ces murmures gothiques éthérés et des orchestrations lentes qui délient un léger séisme en staccato. Subterranean Canyon traverse deux phases d'intensité dans ce voyage astral qui fait partie des joyaux de cet album. Après une introduction d'effets miroitants, The Herald tombe pour un bon folk tribal ambiant avec maintes textures de percussions manuelles. Un peu comme dans The Way Ahead I, on perçoit une essence bohémienne dans un passage intense que les effets et le gros synthé de Michael Stearns ramènent la musique au puits de ses ambiances. Quatre minutes d'ambiances séraphique pour une explosion astrale de 2 minutes de cette qualité, je prends! Deux grands artistes comme Erik Wollo et Michael Stearns ne pouvaient nous quitter sans laisser une carte de visite à notre cœur. Cette carte c'est Cirrus (Postlude)! Son maelstrom statique trouve une douce pente pour faire écouler ses prismes et ses couleurs des fonds océaniques uniques à celui qui nous a donné M'Oceans. Observateur, Erik Wollo fait traîner ses notes qui coulent dans ces eaux éthérées jusqu'à ce qu'il trouve le ton juste afin de sculpter une dernière mélodie qui gît, pincée dans ces cordes de la solitude, jusqu'à mourir dans mes oreilles. Un splendide album, point!
Sylvain Lupari (17/08/20) *****
Disponible au Projekt Records Bandcamp
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