“Entre ses rythmes évolutifs, ses ballades et ses moments ambiants tissés dans sa vision sibylline, c'est peut-être le meilleur album d'Erik”
1 Recurrence 10:24
2 The Presence of Future 8:41
3 Oblivion 5:54
4 Clouds Forever 8:07
5 Way of no Return 9:15
6 Umbra 6:36
7 Dream River 1 6:51
8 Stargazers 8:22
Bonus Tracks 19:46
1 Cloud Circles 8:48
2 Chime Rain 5:21
3 Afterprints 5:37
(CD/DDL 64:10)
(EM, tribal ambient & beats)
Le dernier album solo de Erik Wollo remonte à Infinite Moments, un album très ambiant sombre paru à la fin 2018. Depuis, il y a eu un des plus beaux albums en 2020, l'excellent Convergence avec Michael Stearns. Convergence, RECURRENCE…Y a-t-il un lien à faire entre ces deux noms aux consonnances très près l'un de l'autre? Un peu au niveau de l'architecture des rythmes et surtout au niveau émotivité. L'univers d'Erik a ce regard froid, cette teinte scandinave qui fait tellement contraste avec ses larmes de guitare étendues en nappe d'un bleu glacial. Il y en a ici, comme il y a cette ligne de basse analogue qui vire nos émotions à l'envers. Il y a aussi The Presence of Future qui semble naître d'une côte de The Nomad's Journey. Mais finalement, et le plus important, est que ce RECURRENCE est sans doute possible le plus bel album d'Erik depuis fort longtemps.
Des larmes de guitare se métamorphosant en des lames ambiantes stridentes sont les guides introductifs à la longue-pièce du récent album de Erik Wollo. Leurs oblongs mouvements ailés tissent une masse sonore ambiante qui tranquillement laisse filtrer une candeur translucide, guidant Recurrence vers ses premiers palpitements rythmiques autour de la 5ième minute. Mordant subitement nos oreilles comme harponnant cette indécision rythmique, une ligne de basse entraînante se met au galop d'un rythme soutenu qui lorgne pour un rock électronique trop vif pour être un bon Berlin School. L'univers Wollo étant tel que tel, des lignes de chants prismatiques et des séries d'arpèges tintant en boucles sont les seuls complices de ce rythme vivant qui guide la pièce-titre vers l'antre de sa genèse. L'ouverture de The Presence of Future respire par ces ondes spectrales qui chantent avec les multiples visages des ombres. Le tandem est aussi séduisant qu'une invitation avec la Malin. Un rythme tribal n'attend pas les 120 secondes avant de battre loin dans l'ombre du décor…se rapprochant de plus en plus avec l'insistance de ses complices et devant celle du duo sibyllin. Telle une structure chétive sous le poids de ce chant omniprésent, le rythme possède sa quincaillerie qui chevrote dans son mouvement ascensionnel constamment soutenue par des tam-tams forgés dans l'élasticité d'une ligne de basse-pulsations. Le chant aussi a ses trémolos qui s'amplifient lorsque Wollo veut lui donner une constance émotive qui se mesure à celle d'un rythme dont les forces s'amenuisent quelque 6 minutes plus loin. RECURRENCE démarre en lion! Oblivion nous ramène aux phases ambiantes du musicien norvégien avec des éléments ambiants qui deviennent obsédant et qui flottent en boucles pour décorer sa procession constituée de nappes plaintives d'un duo guitare et synthé. Des tintements shamaniques escortent l'avancée de Oblivion, atteignant un bon niveau d'intensité à mesure que le titre trouve le chemin de sa sortie.
Lorsqu'on parle d'évolutions dans les structures de compositions chez Erik Wollo, Clouds Forever est un bon exemple. Dans un parcourt de 8 minutes, le barde scandinave étend son onde stridente qui vacille de son chant dans le néant et faisant sortir une ombre pour lui donner un mince filet de chaleur. Des accords d'une six-cordes électriques flânent avec une guitare acoustique, jouant encore sur les réflexions d'une probable écho tissée dans des suites de notes répétitives. Une ligne de basse tempère un rythme que des percussions solidifieront, tandis que le chant perçant du jumelage synthé/guitare reste présent jusqu'à ce qu'un piano échappe des notes qui resteront en suspension. Et toujours, Clouds Forever est en mode évolutif et il y a tout un travail qui l'accompagne lorsqu'il trébuche dans un mode ballade pour romantique sous une lune de semi-frayeur prodigué par ces chants ululant. Des larmes de guitare méditative à un ruisselet de séquences chatoyantes, Way of no Return s'accroche au galop d'une ligne de basse analogue pour chevaucher un rythme aux éclats dramatiques. La route du rythme s'effondre autour de la 6ième minute lorsqu'il rencontre un bassin d'arpèges miroitant, amenant les 3 dernières minutes du titre dans une finale anesthésiante. S'ensuit le fascinant Umbra et son langage organique tressé par un effet de didgeridoo qui s'accroche au lascif rythme fantôme extrait du squelette de Way of no Return. Il y a une constance émotive de ficelée à ce rythme croissant au même niveau que son intensité. Les passages d'un piano méditatif insèrent peu à peu les bribes d'une mélodie construite pour se terminer dans notre imagination. Ces deux excellents titres dans RECURRENCE font un peu d'ombre à l'angoissant Dream River 1. Une très belle voix Elfique chante un hymne à la nature sous un ciel réverbérant de bourdonnements qui s'élèvent constamment dans ce décor sibyllin. Nos oreilles suivent un long fleuve d'arpèges et de séquences chatoyants qui perdent graduellement leurs éclats lorsque qu'une opacité ténébreuse enveloppe le mouvement stationnaire de ce titre plutôt lyrique. Stargazers nous replonge un peu dans l'univers de Oblivion avec ces chant stridents et une suite de pads flottante qui recouvrent une délicieuse ballade ambiante nourrie par une six-cordes royale. Un très bel album qui vient avec 3 titre-bonis si on l'achète sur le site Bandcamp de Projekt Records. Aucun de ces titres trempe dans les ambiances de cet album, comme je suis persuadé que son achat sur CD manufacturé vous donne aussi droit à ces titres.
Donc, un très album bien balancé entre ses rythmes évolutifs, ses ballades sous une Lune prismatique et ses moments ambiants tissés dans sa vision initiatique scandinave RECURRENCE nous présente un Erik Wollo enrichi de sa collaboration avec Michael Stearns dans Convergence. Et comme j'écrivais plus haut dans la chronique, il s'agit du son plus bel album depuis des lunes. Même que certains disent que c'est son plus bel album. Je crois qu'on s'emballe…mais c'est bien possible!
Sylvain Lupari (18/02/21) *****
Disponible au Projekt Records Bandcamp
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