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Writer's pictureSylvain Lupari

Erik Wollo Silver Beach (1986/2013) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

“Même dans une approche plus rock, Silver Beach conserve toutes les nuances des couleurs pastel de l'univers d'Erik Wollo”

1 Four 5:40 2 Panorama 5:02 3 The Open Room 2:16 4 Journey 6:32 5 The Emeralds 5:16 6 Crystal- Ice 4:42 7 Dark Eyed Drums 6:39 8 Silver Beach 3:36 9 Little Big Tune 3:38 10 Mountain Train 5:14 11 Recitation 4:09 12 Chime 3:33 13 Wintergarden Ethereal 4:16

14 Lakeside 3:10

15 Sequenza 7:08 Projekt | ARC 00099

(DDL 72:37)

(Melodious up-beat EM)

On imagine souvent l'univers musical d'Erik Wøllo comme étant d'ambiances et de rêves. Et c'est un peu vrai. Le multi-instrumentaliste Norvégien a toujours su capter l'ouïe par de belles mélodies cousues dans les couloirs de sa sensibilité scandinave. Pourtant, des albums tels que Emotional Landscapes, quoique timide, Gateway et plus récemment Airborne étaient les témoins d'un univers sonique où les rythmes encerclaient ses mélodies toujours envoûtantes. C'est un peu beaucoup ce qui nous attend avec cette nouvelle édition de SILVER BEACH. Nouvelle édition car ce quarante-et-unième album solo d'Erik Wøllo fut initialement réalisé sur le label Norvégien Cicada Records en 1986 et comprenait 8 titres. Deux ans plus tard, SILVER BEACH était réédité, toujours sur Cicada Records, en CD avec 2 titres en bonus. Et finalement le label Espagnol Margen Records lui donna une nouvelle peau sonore en 2005 avec 5 autres titres en plus. Récemment, Wollo étale ses œuvres intimistes et inédites via la plate-forme de téléchargement du label américain Projekt Music. Et c'est dans cette foulée qu'il offre cet album longtemps discontinué, et à maintes fois réclamé par ses fans, dans une toute nouvelle peau sonore. À sa sortie, l'album marquait une nouvelle orientation dans la carrière du musicien norvégien. Le barde scandinave délaissait sa guitare pour des rythmes et mélodies purement électroniques conçus entièrement avec la technologie MIDI et sur l'utilisation du Roland MSQ700. Moins rêveur et plus direct, SILVER BEACH proposait un style nettement plus dynamique que les 3 premiers opus qui étaient dans l'ordre Where it all Begins en 1983, Dreams of Pyramids et Traces en 1984. En fait, Erik Wollo qualifiait ce 4ième opus comme étant son album rock!

Et ça débute avec le rythme sec de Four. Le mouvement est circulaire et hypnotique avec des accords qui se frottent et s'entrechoquent avec des tonalités savamment mélangées, moulant une étrange course circulaire qui fait penser à un pingouin sur acide courant maladroitement sur les échelles du temps d'une horloge. L'approche me fait penser un peu à la danse des pingouins de Michael Stearns dans Plunge alors que l'enveloppe mélodieuse, qui marche dans l'ombre du rythme, me rappelle Forever the Optimist de Patrick O'Hearn. Cette référence à O'Hearn va nous coller aux oreilles tout au long du défilement des 15 titres de SILVER BEACH. Et ce peu importe ses 3 époques. Prenons Panorama et son tic-tac organique qui résonne dans de douces nappes d'un synthé mélancolique aux suaves harmonies éthérées. J'entends du O'Hearn plein les oreilles. Après le mélancolique The Open Room et sa lente mélodie qui traîne le monde sur ses épaules, Journey nous projette dans les rythmes secs et circulaires de Four mais avec plus de lascivité. Avec The Emeralds, nous tombons dans le royaume des douces ballades morphiques égayées par de tendres accords harmonieux. Le rythme est lent, parfois lourd, appuyé sur de bonnes percussions et une bonne ligne de basse aux accords nerveux alors que les harmonies sont tissées dans les larmes d'un synthé aux intenses accords de verre qui chantent. Les ballades abondent. Après le carrousel ambiant de Crystal- Ice qui tournoie dans de sombres nappes d'un synthé pensif, Dark Eyed Drums attire notre attention instantanément avec ses lourdes frappes de percussions qui percutent notre tympan gauche et droit en simultané. L'ambiance est aussi lourde qu'intrigante avec une approche noire où le synthé siffle une mélodie soporifique imprégnée d'une approche mélancolique. D'ailleurs tout l'ensemble de Dark Eyed Drums trempe dans une intense approche dramatique digne d'un film de suspense où la belle se meurt, et ce même si la mélodie s'éclaircit pour tinter avec plus d'optimisme dans nos oreilles. Nous sommes dans les années 80 à plein nez avec cette ballade du type MTV. C'est très beau. La pièce-titre clôturait cet album en douceur avec des nappes de synthé qui chantent au-dessus d'une nappe d'eau scintillante. Les arrangements sont séduisants et traînent des larmes de violoncelles qui soupirent au-dessus de ce lit sonique aux eaux de prisme.

Little Big Tune est le premier titre en prime sur l'édition de 1988. Et c'est un titre lourd avec un rythme qui résonne et pulse autant que la mélodie tinte dans nos oreilles avec ses accords aussi limpides que de l'eau cristallisée. Mountain Train est aussi un titre lourd avec son rythme qui bat de ses gros mais fluides tic-tacs hypnotiques et sa suave mélodie très candide mais accrocheuse cousue de souffles flûtés. Si ces deux titres donnent plus de punch et de rythme à SILVER BEACH, Recitation nous ramène dans les ambiances scandinaves de Erik Wøllo avec une mélodie ambiante qui hante l'écoute où les lignes de synthé chantent comme des anges enrhumés sur un délicat rythme sphéroïdal. Après la noire ritournelle hypnotique de Chime, Wintergarden Ethereal respire la poésie de son titre avec des souffles séraphiques qui flottent sur un délicat rythme ambiant. C'est de la belle musique ambiante tout comme Lakeside qui fut écrit 9 ans plus tard, ainsi que Sequenza qui est un long titre minimaliste, avec de subtiles variations, essentiellement basé sur l'art du séquençage rythmique. C'est très bon. Erik Wøllo tisse un canevas rythmique hypnotique où les ions sauteurs pilent dans leurs ombres afin de créer une synergie rythmique qui avoisine une forme de transe. Les ingrédients harmoniques, tel que les notes carillonnées, les gouttes de prisme et les airs de synthé sibyllins sont le cœur des harmonies que le musicien scandinave a toujours su exploiter avec finesse.

Malgré son look plus rock, SILVER BEACH conserve toutes les nuances de pastel de l'univers d'Erik Wøllo. Et je comprends ceux qui voulaient une réédition, car c'est vraiment un bel album où le rocker éthéré est toujours bien enraciné dans sa soyeuse mosaïque brumeuse. C'est un bel album où les rythmes prennent toutes les formes et où les ambiances flottent dans toutes leurs couleurs sans jamais renier les tendres visions harmonieuses du barde scandinave. Certes il y a des titres qui cognent assez fort, mais jamais assez pour nous dérouter car les enveloppes harmoniques qui les entourent respirent le Erik Wøllo que nous avons toujours connu.

Sylvain Lupari (12/11/11) ***½**

Disponible au Project Music Bandcamp

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