top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

F/R-F: Structures of Paradise (2014) (FR)

C'est l'une des belles découvertes de 2014 où la MÉ passe de la techno à la techno lunaire puis au e-rock et enfin à un puissant rock prog électronique

1 Creation of Paradise 19:32

2 Paradise Consumed 21:20

3 Paradise Lost 21:22

(DDL 62:14) (V.F.)

(Mosaic of EM styles)

Un long bourdonnement étend une sombre aura où flottent des gaz cosmique et de douces lamentations teintés de brume orchestrale. Et les percussions tombent avec fracas. Elles roulent comme des tonnerres angéliques dans les nappes d'un synthé aux fragrances de vieil orgue apocalyptique. C'est la création du Paradis, selon Neil Fellowes. Neil Followes!? F/R-F est le fruit d'une collaboration entre Neil (Geigertek) Followes et son fils, alors agé de 14 ans, Callum Raeburn-Fellowes. Le duo père-fils offrait une performance lors de l'évènement Awakenings Evening of Ambient and Electronic Music à Branston en Juillet 2013. Mais pour être tout à fait honnête, et histoire de ne pas vous faire trop languir, STRUCTURES OF PARADISE est tout sauf ambiant. C'est une longue structure qui nourrit ses 62 minutes avec un fascinant crescendo vers un furieux rock progressif électronique qui va vous virer à l'envers.

Les 20 premières minutes sont l'équivalentes d'un passage obligé dans les couloirs sibyllins du purgatoire avec des voix astrales et une flûte divine qui flottent avec une sentiment de pureté dans un habile mélange d'orchestrations soyeuses et des éléments cosmiques, mais aussi dans les lourdes résonances et les nébuleuses lamentations d'un synthé et de son manteau ambiant. L'approche est tant sereine que menaçante avec ce mélange de clarté et d'obscur qui entraîne Creation of Paradise à travers les méandres d'un New Age ambiant sombre et caverneux avec des artifices de sérénité et de spiritualité qui rappellent le grand Kitaro. De lourds battements échoïques, un peu comme les résonances d'une échographie, endorment les lourdes ambiances tamisées de grésillements qui couvrent l'introduction de Paradise Consumed d'une agaçante palette sonore. De sombres bourdonnements, entremêlés à des bruits supersoniques, traînent d'énormes sillons parasitaires qui mugissent dans les coups de percussions aussi fragiles que du bois mouillé en train de crépiter. Les 9 premières minutes sont aussi noires que du charbon carbonisé. Le grésillement et des implosions soniques dessinent une tapageuse aura de radioactivité où tout semble irréel, comme une fin des temps. Les percussions, que je jugeais anodines, finissent par éveiller une superbe structure de rythme très près des racines de la New Berlin School. Ambiant!? Pas vraiment! Les séquences hoquètent et déroulent des lignes de saccades où les ions nourrissent un rythme vif et soutenu qui tournoie dans les battements asymétriques des percussions qui, par moments, débordent un peu de leur cadre répétitif. C'est comme un techno lunaire morphique. Un peu comme des bons moments de beat électronique de Robert Schroeder. Car si rythme il y a, il fait plus dandiner la tête ou taper des mains que des pieds. C'est efficace, entraînant et ça prend constamment de l'ampleur. Et les synthés nous rappellent les vrais charmes de la MÉ avec de très bons solos, ainsi qu'un beau duel père/fils, dont les approches harmoniques nous ferons siffloter certains airs bien des minutes plus tard. Après une courte phase plus ou moins ambiante, Paradise Consumed reprend du rythme avec des solos torsadés qui se chamaillent continuellement, ravivant les belles années de la MÉ avec des synthés très omniprésents. Des narrations et des cris de sirènes nous rappellent que le paradis se consume dans une belle approche électronique où des orchestrations et de fines mélodies flûtées nous rappellent encore les charmes de Kitaro.

Un bref moment d'accalmie et une voix aussi animée qu'un vendeur dans une foire nous guide vers le complètement déchaîné Paradise Lost. Cette fois la cadence est plus vive, plus lourde avec une approche pulsatile qui donne le vertige. Les séquences et les percussions, très techno genre, battent une furieuse mesure qui résiste aux charmes des synthés et des voiles de brume. Et Paradise Lost tombe dans un furieux rock électronique avec des apparences de solos de guitare qui ferait pâlir les rythmes de la Guitartronica de Jerome Froese. Une cavalerie de riffs et des solos torsadés pleuvent sur une puissante structure de rythme qui oscille à contrecourant dans les enveloppes de vives orchestrations cotonnées. Entre le techno et le rock, Paradise Lost inonde nos oreilles avec un rythme lourd qui s'accroche aux envolées orchestrales et à des voix d'anges dont les murmures peinent à percer cette muraille de rythme. C'est infernal et totalement endiablé. Peu à peu, ce rythme baisse la garde et éparpille son courroux dans un genre de solo de batteries et de ses coups vifs qui roulent dans les accords ronflants d'une basse. Et il se ressource de plus belle avec une orgue qui embrasse les parfums d'un Deep Purple sauvage. Effectivement, F/R-F a perdu son Paradis. En fait, si l'on compte les dernières minutes de Paradise Consumed, c'est au-delà de 20 minutes endiablées que le duo Fellowes entasse dans nos oreilles. Mais le Paradis tente de renaître avec de lentes orchestrations, des gaz cosmiques et des sifflements d'astres qui fusent dans les charmes des voix séraphiques. A-t'on retrouvé la Paradis de Neil et Callum Fellowes? Peut-être! Sauf que les oreilles bourdonnent encore autant que les murs suintent de ces riffs sauvages qui s'y sont collé dans ce gros rock électronique qui transcende pour sûr les cadres d'un festival de musique ambiante. J'ai bien aimé ce STRUCTURES OF PARADISE qui est assurément une des belles trouvailles de 2014. Toutes les phases de la MÉ se retrouve concentrées dans cet opus qui vous dévissera les oreilles. Garanti! Disponible seulement sur BandCamp, voilà une œuvre qui mérite certainement un meilleur sort.

Sylvain Lupari (10/12/14) *****

Disponible au F/R-F Bandcamp

10 views0 comments

Recent Posts

See All

Comments


bottom of page