“Kaleidoscope, comme une libellule musicale qui flirte avec une macédoine de styles variés qui se rencontrent toujours au milieu de quelque part”
1 Space Cathedral 6:23
2 Reverie 7:18
3 Mission Control 8:56
4 Arcadia 5:22
5 The Brain 6:12
6 Interlude X 1:37
7 Behind the Curtains 4:43
8 Night Town 5:47
9 Time Goes By 5:37
10 Mister Sakamoto 5:18
11 Canadian Rain 4:16
12 Space Cathedral Reprise 2:45
(CD/DDL 64:12)
(Electronic Synth-Pop E-Rock)
KALEIDOSCOPE, comme une libellule musicale qui flirte avec une macédoine de styles variés qui se rencontrent toujours au milieu de quelque part. C'est la sensation première qui émerge de ce 14ième album de Faber. En fait, ce dernier album du musicien Allemand s'accote sur les mêmes patterns que dans Monumentum où les différentes essences était l'un de ses charmes. Idem ici avec 12 titres où le style New Berlin School se balance entre de l'EDM et des rythmes tribaux envoûtants.
Et ça démarre assez lourdement avec Space Cathedral qui nous ramène dans les parfums du très solide Dark Sun, paru en 2015. Son rythme lourd et lent, martelé par des percussions industrielles, est nappé d'une onctueuse nappe de vieil orgue d'église. Une délicieuse mélodie vient faire tourner son harmonie sphéroïdale, dont les faibles accords tintant sont engloutis par une gigantesque nappe de voix cathédralesque. Un titre intense et très accrocheur dont les lourdes ambiances nous amènes littéralement dans des zones d'obscurité. La puissance de Space Cathedral jette cependant peu d'ombrages pour la suite des évènements de KALEIDOSCOPE qui me rappelle vaguement l'intensité cinématographique de l'excellent Extensive de Otarion. Reverie suit avec un down-tempo, très lent en passant, où Faber profite de cette langueur introductive afin de placer de bons éléments percussifs, on dirait une couleuvre d'arpèges roucoulant sur un pont-roulant, et des accords fragilisés dans des tonalités de xylophone. Le rythme s'allume un peu pour devenir un up-tempo où le synthé siffle ses mélodies rêveuses. Mission Control est un long titre qui exploite son approche de rock fusionné à de la danse avec un rythme enlevant structuré sur un maillage d'une ligne de basse, qui semble mâcher tout ce qui bouge, de sobres percussions bien dans le ton et une ligne de séquences et ses ombres organiques. Une structure de rythme qui domine les 12 tires de ce dernier opus de Faber. Des échantillonnages de la NASA vont et viennent sur cette structure qui accueille aussi une mélodie percussive aussi éphémère que ces voix. C'est un bon titre qui exploite à fond ses neuf minutes en recevant toutes les offrandes de Ronald Schmidt, dont un très bon solo de guitare. C'est du rock cosmique rempli d'étoiles polaires. Arcadia est une belle ballade riche en tons et en orchestrations avec un côté oriental assumé par des accords d'une six-cordes asiatique que Faber pince avec une délicatesse onirique. Le rythme est doux avec des beaux effets percussifs qui ajoutent plus de profondeur à la dimension charme de cette délicate ballade électronique.
The Brain est dans le genre EDM avec cette grosse ligne de basse mange-tout, une ligne de pulsations bondissantes et de sobres percussions électroniques qui ne paraissent pas trop mal dans KALEIDOSCOPE. Le synthé est candide avec une mélodie lente qui court après ces échantillonnages de xylophones. Parlant échantillonnages, il y a plein de voix sur ce titre qui tente une percé dans le monde cinématographique avec ces dialogues entre acteurs sans corps. Le rythme bifurque vers une tendance Funk des années Station to Station et un peu de rock. Encore ici, les effets percussifs sont tissés dans ce charme intrigant alors que le synthé et la guitare jumellent leurs airs dans une mélodie accrocheuse. Interlude X est une courte et belle sérénade sans mots jouée sur ce qui sonne comme un clavecin construit dans les interstices d'un synthé. Entre du baroque et un conte musical dans un film tire-larmes, c'est un bon moment de tendresse. Behind the Curtains sautille sur ce rythme toujours gargouillant pour tisser un up-tempo/chill out ambiant où niche une mélodie susurrée par une voix de déesse qui ne doit pas être trop loin de Vénus. Night Town est un titre construit autour des éléments de son titre, avec une vision hispanique. Le rythme est sautillant et peut nous faire tapoter des mains sur nos cuisses. C'est au niveau des effets que la richesse de la musique se situe, notamment ces chants de spectres sous formes de solos aux parfums d'Aliens. Les arrangements tanguent entre du Mike Oldfield et du Tangerine Dream ici. Time Goes By est un titre lent. Quasiment une marche funèbre avec une ligne de basse qui chatouille les sens, comme celles de Patrick O'Hearn, et un synthé dont les orchestrations sont autant sur la base de films émouvants qu'en mode arrangements funéraires. Canadian Rain est un peu dans la même veine, mais éparpille de belles notes limpides sur le sol de la nostalgie. Mister Sakamoto est un titre aussi insolite que The Brain. Son rythme lourd, un peu gauche et son ouverture se transforme en une joyeuse mélodie qui me fait penser à l'Île de Gilligan. Le rythme entraînant est noué à l'intérieur d'une séries de frappes sur un xylophone. Ça fait assez Mike Oldfield, notamment avec cette fusion des harmonies percussives et des arrangements. Un petit plaisir coupable, comme avec plusieurs titres sur KALEIDOSCOPE qui au final est un bel album propre au style de Faber.
Sylvain Lupari (19/08/19) ***¼**
Disponible au MellowJet Records
Comentarios