“Accessible dans son ensemble, Monumentum a un léger petit zeste de complexité qui s'apprivoise assez facilement”
1 Ancient Monument 9:18 2 Sacred Spirit 5:48 3 No other Way 6:06 4 Bataranga 5:05 5 Lost Ship 7:05 6 Mistery Lake 5:24 7 Steps Ahead 4:28 8 Night Dreams 7:45 9 Gate of Ishtar 7:33 10 Sacred Spirit reprise 3:16 MellowJet Records | cdr-fa1801
(CD/DDL 61:48) (New Berlin School, e-rock & synth-pop)
Après une petite distance de 2 ans, Faber revient en forme avec un album toujours aussi rempli de tons et de mouvements évolutifs qui font ces charmes d'une MÉ que l'on apprivoise d'écoute en écoute. Il faut savoir abandonner ses oreilles à la musique de Faber, car Ronald Schmidt est passé maître dans la manipulation et la conception des sons tout en poussant ses compositions vers des avenues insoupçonnées. Appuyé par Freddy Schlender, très bon à la guitare, et par Jann Hansen au trombone, Faber propose avec MONUMENTUM une dizaine de titre d'une MÉ raffinée par différentes essences. Il y en a pour tous les goûts, même que parfois elle glisse savoureusement dans les territoires du rock psychédélique des années 60.
Comme d'habitude, une onde sombre vrombie légèrement en ouverture de Ancient Monument. D'autres suivent avec des tonalités connexes et contraires, conduisant les ambiances vers une introduction cinématographique où les nappes de synthé propagent ces parfums apocalyptiques de Vangelis. Une 60taine de secondes plus loin, une pulsation résonne et sculpte une approche rythmique ambiante assez harmonique. Ces séquences zigzaguent sous l'emprise de ces larmes de synthé annonciatrices de désastre. Des effets sonores, un peu comme des chaines que l'on déroule, militent en faveur d'un monde chtonien alors que des solos de synthé peinturent un univers plus aérien. Le rythme reste ambiant jusqu'à l’arrivée des percussions qui redirigent le tempo vers une approche plus soft rock. Des arpègent tintent de partout. Mes oreilles peinent à suivre cette parade sonique qui se développe tranquillement avec une armada de tonalités percussives. Freddy Schlender délie finalement ses doigts pour sculpter des solos éthérés. Et tout à coup, je me sens glisser dans un vieil univers. Celui vaseux et nébuleux du rock psychédélique américain avec ces solos qui volent au-dessus d'un rythme mou mais entraînant. Un peu comme une danse tribale de dévotion. Sauf que Faber reprend le collier en libérant des arpèges lumineux et harmoniques qui scintillent jusqu'à une finale où les ténèbres, et leurs lentes épées soniques, engloutissent un titre que l'on veut réentendre. Ce voyage sonique au travers les 10 minutes évolutives de Ancient Monument dépeignent fort bien la musique riche et toujours en mouvement de Faber. Et comme chaque album de Ronald Schmidt propose une petite perle mélodieuse, Sacred Spirit séduit à la première écoute. Ancré sur une basse pulsation et de bons effets percussifs, le rythme pulsatoire est attaché à un mouvement de séquences circulaires auquel on y greffe une touche harmonieuse. Une nappe de violons agrippe le rythme, le permutant en une ballade astrale qu'une voix caresse d'éther alors que de lourdes nappes d'orgue font dans le sens contraire. Les orchestrations enveloppantes et les séquences harmoniques sont tissées dans le charme et lorsque les géantes nappes d'orgue arrivent, on reste cloué sur place. D'ailleurs ces nappes fantomatiques et la chorale à la Enigma sont le cœur des intenses ambiances de Sacred Spirit (Reprise) qui est par contre moins harmonieux et moins animé.
No other Way suit avec un tempo saccadé qui est noué par des pulsations vrombissantes et des percussions teutoniques. Des effets de chaînes rôdent dans ce décor rythmique et une ligne de séquences s'isole afin de tisser des filaments stroboscopiques. Les percussions sont dans le ton et manipulent un genre de beat cardiaque. La guitare domine avec de bons solos de rock flottant qui volent dans un décor lunaire. Et ça coule plutôt bien. Il y a des effets de voix et un refrain, en rapport avec le titre, est fredonné dans les lentes dérives des violons. Bataranga est du solide EDM avec des Boum-Boum-Tchack-Tchack et une structure de séquences mélodieuses. Nous sommes dans le la musique de danse du style Element 4! Lost Ship est aussi dans le genre EDM, en autant qu'on y admette ces structures de rythme qui font un genre de Hip-Hop sans voix, ni effets de voix. Des nappes de synthé recouvrent cette structure bondissante, toujours bien nourrie au niveau des percussions, où se greffe d'autres bons solos de guitare. En fait, plus j'écoute et plus je pense à du bon rock de la Côte Ouest Américaine dans le temps de Iron Butterfly, probablement à cause de l'orgue, avec ce rythme sautillant qui est assez lent pour instaurer un climat de sensualité. Si on aime le genre, on va se déguster les oreilles avec le puissant rythme bondissant sur des airs de Jazz délabré qu'est le festif Steps Ahead. Le rythme est à la mesure du titre! Mistery Lake est une douce ballade sertie sur des riffs de Gibson avec un petit degré d'émotivité tissé par des airs de trombone et des orchestrations plutôt intenses par moments. Le synthé est rêveur avec de bons solos harmoniques. Night Dreams est l'autre ballade électronique de MONUMENTUM. Le synthé perce notre muraille d'insensibilité avec une attrayante voix qui chante comme un spectre envoûteur. Le rythme est lent et tournoie avec de sobres percussions et des nappes de synthé qui sont fragiles de leurs enveloppes orchestrales. Gate of Ishtar embrasse aussi une vision filmique avec une introduction intense où pétille ces tonalités organiques d'un mouvement sphéroïdal du séquenceur. Le synthé dessine une attrayante mélodie sur un bon nid d'orchestrations lentes. Les bribes de mélodie accrochent aussi instantanément que ce rythme bondissant qui puise ses inspirations dans Lost Ship.
Deux ans après Earthbeats, Faber n'a rien perdu de sa touche au niveau des compositions et surtout des arrangements. Bien développés et surtout bien enveloppés dans des effets de percussions et des lignes de séquences qui jouent plusieurs rôles, MONUMENTUM est à la grandeur de la MÉ accessible du label MellowJet Records avec juste ce qu'il faut pour ajouter un petit zest de complexité qui au final se dompte plutôt bien, au goûts de nos oreilles. Il y a de tout, il y en a beaucoup, mais jamais rien de trop!
Sylvain Lupari (05/04/18) *****
Disponible au MellowJet Records
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