“Un excellent album en rythmes. Juste en séquences et en rythmes!”
1 Fairlight Sun 5:10
2 Sequentium Please 5:32
3 Computer Man 3:31
4 Digital Monks 8:02
5 Collide with the Earth 4:39
6 Hydronaut 8:46
7 Fantasy 6:55
8 The Bit 5:39
9 Sansuela Dreams 7:37
10 Robotown 5:28
11 Vangelic 4:00
(CD-(r)/DDL 66:09)
(E-Rock, EDM, New Berlin School)
D'ordinaire romantique et mélancolique, Faber nous revient après un silence de 2 ans avec un album percutant de ses rythmes propulsés par un solide maillage entre le séquenceur, les percussions électroniques et de séduisants effets de percussions triturés par une intelligence au-dessus de la moyenne quand vient le temps de construire des mélodies cadencées. À cet effet, le guide de presse est assez clair; les séquences de rythmes dominent les 66 minutes de SEQUENTIUM. Tellement, que les structures de mélodie, la force de Ronald Schmidt, deviennent le second attrait de son nouvel album. Ce nouvel album produit par MellowJet Records propose une autre palette de rythmes, pensons à Night Walk de Andreas Baaden, qui exploite autant les visions de l'Électronica que de la Düsseldorf School, il y a beaucoup de textes narrés ou semi chantés, et du rock électronique, laissant peu de place, seulement 2 titres, pour ces ballades que le musicien-synthésiste allemand aimait tant tendre vers nos oreilles. Nous sommes loin de Floating Waves ici! On flirte plus avec l'univers de Voices, essence tribale en moins, mais avec une vision nettement plus percutante au niveau des rythmes. Place aux rythmes…! À beaucoup de rythmes!
Et ça débute avec Fairlight Sun qui nous plonge dans cet univers de rythmes multidimensionnels avec des ronflements pulsatoires en guise d'introduction. Le synthé étale très tôt une ébauche de mélodie circulaire cadencée qui collera aux tympans tout au long des 5 minutes du titre. Des pulsations assourdies amorcent une approche rythmique que des percussions et des éléments de percussions électroniques réorientent vers un savoureux mélange de downtempo et de chill coulé dans du rock électronique lourd et lent. Toujours soucieux de ses textures mélodieuses, Ronald Schmidt injecte un peu de New Age avec les murmures suaves d'une voix féminine et surtout ce synthé flûté dont l'essence très Tangerine Dream souffle la mélodie principale de Fairlight Sun. Les rythmes sont exploités ont différentes identités dans ce très bon SEQUENTIUM. Sequentium Please déroule donc une structure circulaire auxquels piaffent diverses tonalités pulsatoires ayant un effet de ventouse organique de collé entre leurs bonds. Une autre ligne de mélodie rythmique se greffe à cette ritournelle cadencée qui s'accroche à ces pulsations, à ces battements boom-boom technoïdes afin de faire couler le rythme sur une texture spasmodique au lieu de tanguer entre de l'Électronica et du rock électronique modéré. Le synthé sifflote un air fantôme qui deviendra source de mélodie principale dans quelques titres de cet album. Avec un titre tel que Computer Man, on devine que Faber vise un rythme technoïde à la Kraftwerk et c'est exactement le cas avec ce titre qui respire les visions rythmiques et mélodiques de l'album Computer World. Robotown est un autre titre avec une forte essence de la Düsseldorf School et offre une structure plus lente avec un rythme bondissant à travers ses ondes et effets de réverbérations. Des accords de clavier assez Pink Floyd tombent sur le rythme ambiant de Digital Monks dont les pas du séquenceur zigzaguent avec fluidité. Le titre développe une belle structure de downtempo qui ralenti sa cadence dans un dense brouillard d'orchestrations lunaires et d'ondes de synthé étendant un tapis de morosité. Même si la structure se donne un nouvel élan autour de sa seconde minute, elle reste savoureusement lente avec l'ajout d’une ligne d'arpèges mélodieux sous des boucles de synthé hurlant comme des sirènes de police.
Hydronaut suit cette tendance avec une bonne ligne de basse, conduisant à un rythme circulaire construit sur un beau jumelage des percussions et du séquenceur. Le titre profite bien de ses presque 9 minutes pour proposer un modèle évolutif au niveau de sa densité rythmique qui respecte le cadre du downtempo. La brume orchestrale enrobe cette structure ornée de tintements métalliques alors que le synthé élabore une autre de ces mélodies vampiriques qui se pointent occasionnellement dans SEQUENTIUM. Si ces premiers titres de ce nouvel album de Faber hésitaient à embrasser du bon gros rock électronique pur et dur, Collide with the Earth possède les éléments nécessaires pour plaire aux amateurs du genre. Entrecoupé par des passages nourris de voix et de très bons additifs percussifs, le rythme progresse avec une lourdeur, une lenteur pour se développer en une ossature circulaire et spasmodique. Un gros titre à la Depeche Mode avec un écho récurrent dans les effets de percussions industrielles. Structure de rythme spasmodique avec un entrain accrocheur, Fantasy est un autre solide titre dont le rythme électronique permute en un solide rock orné de sa mélodie vampirique du synthé. Le titre baigne dans de bons effets sonores et de chants de moines des cavernes, lui donnant un cachet de musique de film d'action se déroulant dans les ténèbres. On oublie cette voix bizarre soufflant des textes semi narrés lorsque la guitare lance de furieux solos. The Bit est le premier titre qui fait penser au répertoire usuel de Faber. C'est mélodieux avec un synthé et ses airs mélancoliques sur une structure de rythme qui bondit légèrement et ses éléments de percussions qui claquent dans son arrière-fond. Nous sommes dans le genre Électrobeat avec une visée très commerciale. La structure modifie sensiblement son axe de rythme qui reste toujours accrocheur avec de très bons solos de synthé. C'est un autre de ces titres accrocheurs qui se succèdent dans cette seconde partie de SEQUENTIUM. Sansuela Dreams change un peu cette donne avec un rythme léger, toujours accrocheur, et une essence mélodieuse qui fait très TD des années Miramar. Pensez à Chariots of Fire redessiné et repensée, et vous avez un titre comme Vangelic. Le mouvement est lent, bien cadencé avec des battements sans envie de nous faire taper du pied, et surtout symphonique avec sa nappe de trompettes célestes. Le clavier est très mélodieux en couchant un air songeur comme du bon Vangelis.
SEQUENTIUM m'a pour ainsi dire totalement déculotté! Moi qui anticipais, et espérais un album divisé entre les rythmes, assez dociles, et les mélodies, plutôt poignantes, de Faber, j'en suis quitte pour un album vorace de ses rythmes à rendre nos oreilles boulimiques. Une surprise?! Et une énorme à part ça avec des rythmes qui s'apprivoisent assez facilement mais dont les textures conçues dans un complexe maillage entre le séquenceur, les percussions et surtout les multiples effets de percussions sont un délice pour ces oreilles affamées de ces éléments. Un excellent album en rythmes. Juste en rythmes!
Sylvain Lupari (10/01/23) ****¾*
Disponible chez MellowJet Records
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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