“Eh bien, que puis-je dire? J’ai tombé sous les charmes de ces innombrables vers-d’oreilles qui se cachent sous chaque structure de Stories”
1 Summer Breeze 6:36 2 Happy in Berlin 5:15 3 Tangerine Lights 7:45 4 Miami Race 3:33 5 L'air Part I 6:04 6 New Elements 3:29 7 Lonely Heart 10:48 8 Night Flight 5:14 9 Fairy Tales 5:12 10 Bon Voyage 6:38 MellowJet CD-r FA1402
(CD-r/DDL 60:33) (New Berlin School, e-rock & synth-pop)
Voici une petite découverte que j'ai faite dernièrement et qui s'adresse à ceux qui n'aiment pas vraiment la MÉ compliquée. Faber n'est pourtant pas un nouveau venu dans la sphère de la MÉ allemande. Ce projet du musicien/synthésiste Allemand Ronald Schmidt est sur pied depuis près de 15 ans avec un premier album, paru aussi sur MellowJet Records, intitulé Spacefish. Son histoire d'amour pour la MÉ débute au début des 70 avec la découverte d'artistes qui affectionnaient un genre plus classique, soit Wendy Carlos et Tomita. En fouillant un peu plus sur Internet, j'ai lu que ses influences variaient de Tangerine Dream à Klaus Schulze, en passant par Mike Oldfield. STORIES est son 10ième album. Il comprend une dizaine de titres où la musique tourne autour des rythmes et des mélodies d'un genre plus accessible, comme celles de Tangerine Dream, mais surtout Kraftwerk pour le style synth-pop très Teutonique ainsi que Robert Schroeder pour le style groove lascif. Ce qui étonne est la richesse du son. La profondeur des arrangements. Faber ne laisse rien au hasard en multipliant des orchestrations et des lignes de synthé aux couleurs très harmoniques avec une approche structurelle dans les mélodies qui me rappellent vaguement la musique de Vladimir Cosma. Voilà une belle surprise et un beau rendez-vous musical où chacun des 10 titres de STORIES vous laissera le doux parfum sonique d'un agréable ver d'oreille.
Et c'est tout en douceur que débute ce petit recueil musical de Faber. Des lignes de synthé chatoyantes caressent de leurs chauds rayonnements des doux arpèges dont les ombres qui se détachent tintent comme dans ces mélodies de Tangerine Dream, période Underwater Sunlight. Une ligne de basse rampe autour de ce mini carrousel sonique, forgeant un mouvement ascensionnel minimaliste qui cherche son appui sur de sourdes pulsations. L'enveloppe sonique est très riche. On entend un synthé siffloter un air spectral, alors que les sobres percussions accélère à peine la cadence de Summer Breeze dont l'enveloppe musicale et les ambiances portent admirablement son nom. Le rythme est doux, un peu comme une ballade ambiante. Des arpèges déboulent comme les notes d'une harpe que l'on caresse du revers de la main, alors que d'autres se détachent pour forger une mélodie romanesque avec de délicats tintements, comme un xylophone éthéré. Summer Breeze tombe alors dans un bref passage ambiant avant de renouer avec son rythme doux où les brises et les vents unissent leurs douceurs afin de siffloter cette mélodie spectrale que l'on retrouvera à plusieurs endroits dans STORIES. Summer Breeze donne le coup d'envoi à un album où chaque structure génère des similitudes sans pour autant se ressembler étroitement. Je pense entre autre au très beau L'air Part I et ses ambiances cosmiques sur un rythme sautillant délicatement. La mélodie sifflotée au synthé est tout simplement envahissante. Je vous mets au défi de ne pas craquer pour cet air spectral qui nous ronge les oreilles pour longtemps. Un phénomène que l'on observe sur les 10 titres de STORIES. Lonely Heart est à peu près dans le même genre, mais avec une belle approche à la Food For Fantasy. Idem pour le slow tempo qu'est Bon Voyage qui est bien arrosé d'un synthé aux parfums de saxophone. Un synthé tout de même assez électronique qui lance aussi de bons solos.
Happy in Berlin est mon premier coup de cœur. La structure de rythme accroche tout de go avec des pulsations et leurs ombres résonnantes qui accueillent un superbe solo à la mélodie aussi enjôleuse, et même plus, que dans Summer Breeze. C'est très Teutonique. Près d'un bon synth-pop avec de beaux arrangements. À la limite même près de Kraftwerk, surtout avec les refrains chantés sur un vocodeur. Le rythme est entraînant. Sec et saccadé, mais en même temps fluide et bien alimenté par cette multitude de pulsations qui résonnent dans des percussions très robotiques, créant une oblongue forme ondulante et saccadée. Comme un gros boa sur acide qui grimpe un mur de rocaille. Loin d`être agaçants, les refrains du vocodeur sont aussi ensorcelants que les harmonies sifflotées par un synthé très accrocheur. Tangerine Lights démarre avec des grosses pulsations organiques qui résonnent dans les échos de percussions aux tonalités métalliques, genre Reggae. Des nuages de brume allégorique envahissent cette intro alors qu'une mélodie très New Age en orne sa parure. Le rythme bascule vers du synth-pop alimenté par des pulsations organiques stroboscopiques qui tournoient en symbiose avec une série d'arpèges séquencés. C'est mignon et assez commercial. La mélodie qui en sort me rappelle les légèretés de Vladimir Cosma. Miami Race offre un rythme endiablé avec un bon maillage de pulsations, de séquences, d'arpèges vifs et de percussions. La piano est divin et suit la vitesse d'un rythme sec et bondissant. Du bon up-tempo enveloppé dans des nuances qui font contrastes avec un rythme infernal, notamment ces longs et lents solos qui sillonnent la violence. Et du rythme et du piano. New Elements nous plonge littéralement dans les ambiances de Kraftwerk et de Man-Machine. On est vite séduit par deux structures de rythmes qui se croisent dans des vélocités contraires. Et ce Vocodeur...Que de souvenirs ici! On va craquer aussi pour le rythme ondulant de Night Flight alors que Fairy Tales est plus vivant. Plus musical aussi avec ce synthé rempli des parfums d'une flûte de Pan et ces séquences qui sautillent dans leurs ombres avec des tonalités mixtes.
Ça m'a pris du temps avant de vous parler de STORIES. Je l'ai écouté sous toutes ses coutures afin de me faire une idée plus subjective; le synth-pop ou la MÉ accessible n'étant pas vraiment ma tasse de thé. Mais je me suis fait prendre à mon piège. À force d'écouter, mes oreilles furent inonder d'une nuée de ver d'oreille. Des airs qui obsèdent encore. Et surtout un style que Kraftwerk avait jeté à la poubelle après The Man Machine. Et peu importe les angles, j'ai bien aimé cette première expérience avec la musique de Faber. Assez en tout cas pour plonger dans Ways que mon bon ami Nick me décrit comme étant très bon. L'univers de Faber est très mélodieux. Et même si l'ensemble reste très accessible, rien n'est fait dans la facilité. Les rythmes sont aussi riches que très diversifiés, débordant même du cadre de la synth-pop pour caresser le Groove, le Chill-out. Les synthés exultent les couleurs de l'imagination tout en lançant ici et là de très bons solos. L'union donne un genre de synth-pop très progressive avec de solides arrangements qui sont aussi obsédants que les mélodies qu'ils encadrent. C'est la belle musique. Bien faite et bien écrite. Le genre que Robert Schroeder affectionne depuis quelques années. Bref, je vous le recommande sans hésitations. Et ce même si nous sommes hors des terres de la Berlin School.
Sylvain Lupari (23/03/15) *****
Disponible at MellowJet Records
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