“Musique de danse dans les sphères EDM et rythme cosmique, AO6 est le meilleur de OA”
1 Oberbaumbrücke 7:41
2 Kosmischer Kiez 3:45 Uhr 1:54
3 Görlitzer Park 6:47
4 Eichkamp 6:42
5 Tränenpalast 5:26
6 Sternentor 2:43
7 Sportmolle 6:09
8 Nachtbus 9:00
9 Hinterhoff 6:50
10 Teufelsberg 6:30
11 Entlastungsstrasse 13:27
12 Endhaltestelle 3:22
(CD/DDL 76:36) (EDM)
C'est bien la première fois qu'on trouve 12 titres dans un album simple de moins de 77 minutes de Fanger & Schönwälder. C'est bien la première fois aussi que le duo Berlinois s'éloigne autant du modèle Berlin School pour embrasser carrément les multiples possibilités de la Musique de Danse Électronique (EDM). Et j'irais plus loin en écrivant que ce ANALOG OVERDOSE 6 est un très bel album solo de Lutz Graf-Ulbrich (aka Lüül) avec les participations de Fanger & Schönwälder afin de bien encadrer les différentes excursions de ses six-cordes. Je sais que ce n'est pas le cas! Mais c'est tout comme avec un Lüül qui se veut une incarnation de Manuel Gottsching sur AO6.
Et ça ne prend pas de temps avant que nous savourions les merveilleux effluves musicaux de @shra avec Oberbaumbrücke. Le rythme est nerveux avec un jumelage de percussions et séquences sautillant en ligne horizontale sur un convoyeur et une délicieuse basse aux accords élastiques de Thomas Fanger. Lutz Graf-Ulbrich ne fait aucune concession, ou si peu, au synthétiseur de Mario Schonwalder. Sa guitare tricote solos et harmonies sur cette longue structure de disco cosmique où l'intérêt persiste toujours à l'aube de la 8ième minute. Kosmischer Kiez 3:45 Uhr suit avec un court intermède atmosphérique qui précède Görlitzer Park et sa vision techno-rock cambrée sur une basse délicieusement affamée. Les riffs flottants de la guitare sont non seulement confrontés aux mmoumpff de cette basse, mais aux percussions aussi qui structurent ce rythme solide. Les harmonies pincées de Lüül ont une saveur asiatique alors que certains effets percussifs sonnent comme le meilleur de Señor Coconut jouant du xylophone sur une rangée de bouteilles semi vide. Rêveur, Mario disperse ses accords de clavier qui conservent leurs lustres dans une structure pas faite pour ça! Eichkamp nous arrive avec une structure très @shra, période Tropical Heat, avec un Lutz Graf-Ulbrich qui prend toute la place. Sa guitare est incroyablement divine sur ce titre. Tränenpalast est une belle ballade bien sculptée par une guitare toujours précise dans ses attaques électriques sur un rythme disco.
Sternentor est un autre titre méditatif qui nous amène au très rock Teutonique et vicieux de Sportmolle. Les percussions sont en mode rock, alors que la basse crache son venin organique dans une structure de country rock cosmique. Il y a un passage où les solos ont une teinte de saxophone, trop réaliste pour appartenir à la six-cordes électrique. La guitare acoustique est superbe avec ses airs de Mark Knopfler et les effets de réverbérations dans les riffs en boucle nous trimballe dans l'univers de Jimmy Page. Ces effets poussent une harmonie chevrotante dans la six-cordes à Lüül qui délie ses racines latines, comme celles encore plus près d'un country cosmique avec les brèves interventions de phases cosmiques assez harmonieuses. Un excellent rock dans AO6. Nachtbus offre un bon rythme minimaliste inspiré par les rocks circulaires de Neu! et Michael Rother. Nous restons dans les cadres de musique répétitive avec Hinterhoff, un titre plus électronique vivant sur un lit grouillant de matières rythmiques qui transportent les ambiancées et harmonies du synthétiseur à l'abri de toutes formes d'explosions rythmiques. J'entends cette texture de percussions aborigènes agitées qui fermaient la Face A de Ommadawn par Mike Oldfield. Teufelsberg prend racine auprès des réverbérations d'effets sonores plus électronique que cosmique. Une ombre étire sa présence dans un effet tourbillonnant comme une grosse spirale kaléidoscopique qui cherche à nous aspirer vers le Cosmos. Ce champs d'oscillations radioactives joue sur ses nuances et la vision organique dans des boucles circulaires propulsées par des effets stroboscopiques. Nous sommes dans un gros rock psychotronique où les neurones voyagent mieux que nos pieds. On reste dans les vastes espaces cosmiques avec Entlastungsstrasse, dont la structure me fait penser drôlement au génial Schöneberg de Analog Overdose 5. Ce gros rock cosmique, descendant directement des rythmes de transe aborigènes, est soutenu par un travail impeccable du séquenceur et d'une ligne de basse-pulsations résonnantes. La structure est minimaliste et étale ses plus que 13 minutes afin que le synthé et la guitare y couchent leur habilité autant que leur capacité à texturer des éléments atmosphériques que des boucles harmonieuses et parfois sans buts harmoniques. Les percussions sont toujours aussi solides et proposeront des explosions plus vers la finale, cassant le mythe de la redondance des longues structures minimalistes. Endhaltestelle termine ANALOG OVERDOSE 6 avec des effets de réverbérations de guitare qui remplissent la structure dont les bases frémissent devant une telle lourdeur musicale. Je crois que AO6 aurait dû se terminer après Entlastungsstrasse. Mon opinion qui n'enlève absolument aucun crédit à ce dernier album de Fanger & Schönwälder qui est supérieur à AO5 et possiblement le meilleur depuis Analog Overdose 4.
Sylvain Lupari (27/06/21) ****½*
Disponible au Manikin Bandcamp
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