“Pas nécessairement génial mais définitivement très bon, Lunaris impose une vision plus électronique et sibylline que sur NIKO”
1 Lunaris Part 1 (8:19)
2 Lunaris Part 2 (7:29)
3 Lunaris Part 3 (9:06)
4 Lunaris Part 4 (9:55)
5 Lunaris Part 5 (8:22)
6 Lunaris Part 6 (5:08)
7 Lunaris Part 7 (6:37)
8 Lunaris Part 8 (3:46)
9 Lunaris Part 9 (5:47)
10 Lunaris Part 10 (7:51)
Groove (Available in August)
(CD/DDL 72:22)
(Berlin School, E-Rock)
Un point sonore, et une note de basse tombe. Son écho rebondissant pousse des ondes, comme des vagues statiques, et propulse le rythme sautillant de Lunaris Part 1 avec ses séquences aussi sobres que les cliquetis percussifs. Ces séquences sculptent un pattern minimaliste qui monterait à l'infini cet escalier en colimaçon et ses amples marches. Une ligne d'arpèges se pointe avant les 2 minutes, sculptant une vision harmonique qui se colle à cet ascension verticale que des percussions énergisent avec une sobre présence. Déjà, la ligne d'arpèges flirte avec notre degré d'émotivité lorsque le synthé fait son intrusion. Peu de temps après, Lunaris Part 1 plonge dans une sphère ambiante où le séquenceur reste en vie, tout comme la ligne de basse. Lorsque les tsitt-tsitt s'accroche au tandem, déjà l'ossature rythmique emprunte un genre de chevauchée dans des plaines d'ambiances où le synthé fige une belle ligne harmonieuse dont l'axe plus émotif visse ce ver d'oreille qui prend une toute autre dimension lorsque la guitare remplace le synthé avec des solos de guitare incisifs et perçants. Je suis un grand fan de Frank Dorittke! Bien à l'aise dans sa zone de confort, il en sort seulement lorsqu'il a nettement apprivoisé sa prochaine étape d'apprentissage. Ce qui en fait aujourd'hui un brillant musicien devenu autant à l'aise sur un clavier et un séquenceur qu'avec sa guitare tout en ayant acquit une certaine maîtrise avec les percussions électroniques. LUNARIS est son prochain album qui devrait sortir chez Groove, Ron en fait le mastering présentement, au mois d'Août prochain. Ce dernier album de F.D. Project propose 72 minutes de MÉ répartie sur 10 titres sobrement intitulé Part 1 à Part 10. Chaque titre est indépendant, mais propose toujours cette approche minimaliste qui sert de base à Frank D. pour y coucher ses idées sans cesse débordantes.
Une brume bleutée et une voix de déesse séraphique sont à l'origine de Lunaris Part 2. Des bip-bip électroniques et des percussions de brume métallisées dictent un rythme lent et sa ligne de basse indépendante. Ambiant, le mouvement circulaire ramasse ses idées soniques alors que tranquillement la moisson des percussions sculptent un bon down-tempo astral. Le synthé injecte de beaux arrangements sur ce slow cosmique idéal pour danser collé. Frank Dorittke a développé une approche de rock progressif très Pink Floyd au cours des dernières années, et ça s'entend dans Lunaris Part 3. Ce très bon blues cosmique sensuel est enrobé d'une guitare à la David Gilmour dont les solos flottent avec une vision très Mike Oldfield dont Tubular Bells est l'album qui a le plus influencé F.D. Project quant à son orientation musicale. Un splendide blues cosmique comme celui de Lunaris Part 6 et sa guitare criante de beaux solos sur un rythme reniflant une possible tangente pour du techno morphique, derrière un voile des cris de chauve-souris. Ahhh… la Musique Électronique! Lunaris Part 4 nous arrive comme un joyeux festin musical avec son rythme débonnaire sautillant dans une sobre vision rythmique harmonique. D'étranges couinements continuels, comme un rossignol coincé dans les interstices du synthé, maculent un décor qui s'enrichit de tintements et de séquences pour suivre à la même vitesse que ce rythme tantôt gargouillant mais toujours fascinant, presque fanfaron. Un rythme qui changera de peau, et de vitesse, avec un séquenceur au débit plus fluide après un bref passage ambiant. Il y a beaucoup de Mike Oldfield ici!
Lunaris Part 5 débute avec cette vision du disco des années 70. Les pads tombent avec une résonance qui les lient un à l'autre, alors que les oscillations nerveuses piaffent pour de l'énergie lorsque le rythme se soulève dans une fusion rock & dance qui somme toute tournoie dans une étonnante léthargie rythmique. Et lorsque les percussions tombent, c'est du rock constamment rappelé aux odeurs des années Disco avec le séquenceur qui tente de le retenir. Mais au final, ce rock sert la cause à de bons solos de guitare. Le rythme s'évapore dans un autre de ces passages ambiants qui coupent la majorité des structures de LUNARIS. Un moment propice pour des solos de guitare qui tournoient comme des soupirs non-réclamés sur de lourdes percussions, alors que Lunaris Part 5 tente toujours de s'échapper pour un Disco. Lunaris Part 7 suit le lourd blues cosmique de Part 6 pour offrir une rythme sphéroïdal fluide qui tourne sur lui-même dans un euphorique carrousel cosmique. Lunaris Part 8 est un superbe titre avec une guitare et ses émotions dans un contexte d'extrême solitude. Un sapré beau titre où j'imagine Frank seul avec la Lune par un soir de confinement. Lunaris Part 9 est un peu son contraire! C'est avec une sorte de comptine tissée dans des ambiances sibyllines et pianotée par un clavier plus discret que la guitare et jouée dans un bon rock électronique circulaire. Lunaris Part 10 clôture ce dernier album de F.D. Project avec une ouverture énigmatique où des appels inconnus traversent une muraille de voix chthoniennes. Une délicate spirale épouse la forme circulaire avec des séquences jouant avec des claquettes dans une structure qui devient de plus en plus lourde, mais pas de plus en plus vite. Ça reste un rythme lourd et un peu lent avec un décor sibyllin dont les harmonieux arpèges font le travail sentimental. La deuxième moitié du titre laisse entendre un mouvement avec une écho tissant une vision stroboscopique qui se conclut dans un bon rock électronique avec les rudimentaires palettes du style Électronica.
Pas génial tout au long mais résolument bon, LUNARIS impose une vision plus électronique que NIKO. F.D. Project est résolument en mission pour amalgamer sa guitare à du rock électronique remplie de tendres moments, qui me donnent souvent ces frissons à l'âme, comme des moments sombres qui me rappellent le côté impérial du médiéval. Et tant qu’il y aura ces moments, je crois que Frank D. aura toujours ces arguments qui font de sa musique ce truc qu'il faut entendre…
Sylvain Lupari (28/07/20) *****
Disponible chez Groove nl
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