“Un album fort en rythmes fougueux qui est difficile à déloger de notre lecteur CD”
1 Stars Landscape and Collision (part one) 9:13
2 Stars Landscape and Collision (part two) 8:39
3 Stars Landscape and Collision (part three) 10:38
4 Stars Landscape and Collision (part four) 7:09
5 Stars Landscape and Collision (part five...final) 11:14
6 The Cave of all Truths 24:01
(CD/DDL 70:54) (V.F.)
(Cosmic E-Rock Electronica Berlin)
Je ne compte plus le nombre de fois que j'ai écouté cet album ces derniers jours. Surfant sur son dernier album Distance (Groove nl GR-338), F.D. Project propose en STARS LANDSCAPE AND COLLISION un album dominé encore plus par des rythmes auxquels se collent de séduisants effets percussifs organiques. La plupart des titres explore des phases polyrythmiques avec de solides percussions qui procurent une dynamique essence d'Électronica et un séquenceur imaginatif qui structure des lignes de rythme au débit changeant. L’album-concept se déroule en 5 actes d'à peu près 47 minutes, avec les influences coutumières que Frank Dorittke nous a habitué au fil des ans, soit Tangerine Dream et Mike Oldfield. Un titre semi- atmosphérique de 24 minutes conclut l'album. Parlant d'Oldfield, la guitare du synthésiste-guitariste Allemand est de plus en plus discrète, laissant plus la place au synthé qui tisse de bons solos, autant harmonieux que décoratifs, dans un style où le rock cosmique vit à travers de fougueux rock électronique, avec une touche de progressif, et le Berlin School à la signature F.D. Project. Rythmé et harmonieux, STARS LANDSCAPE AND COLLISION est rempli de ces petits moments qui surprennent et enchantent.
Une onde bourdonnant dans l'infini du Cosmos ouvre Stars Landscape and Collision (part one). Très tôt, des accords de clavier tissent une ritournelle minimaliste qui ondoie dans des éclaboussures de poussières d'étoiles. Une ligne d'arpèges séquencés sautillent en faisant alterner vivement ses ions sauteurs un peu avant les 90 secondes, conduisant cette première partie de STARS LANDSCAPE AND COLLISION vers une fusion de rock électronique et d'Électronica. Le séquenceur divise sa portée rythmique entre deux lignes. Celle dans le arrière-plan est ascensionnelle, et l'autre évolue en mode spasmodique étant propulsé par une mouvement de basse très entrainant. Les percussions, et ses cliquetis, solidifient cette structure, alors que le synthé la cajole avec de très beaux solos qui ont une touche de Keith Emerson. Le rythme est ralenti à deux points, dont un qui crée une ambiance cinématographique dramatique, mais reste toujours entraînant avec cette ligne de basse séquence qui bondit comme une chevauchée de rock progressif que Frank Dorittke torture avec de puissants riffs de guitare vers la finale. Un ronronnement de gros chat qui s'étiole en élément cosmique est à l'origine Stars Landscape and Collision (part two). Illuminé par des effets sonores cosmiques et organiques, le titre s'envole avec une structure de rythme fermement appuyé par un maillage du séquenceur à de solides percussions qui pilonnent un rythme flirtant avec le style d'Électronica de Moonbooter. Hormis la batterie, les éléments percussifs retentissent comme des ressorts élastiques avec une séduisante tonalité organique. Du bonbon pour les oreilles! Le synthé fait roucouler des solos dans la première partie du titre et laisse la place au clavier qui tisse une mélodie mangeuse d'oreille et qui colle comme un ver-d'oreille indélogeable. Un très bon titre, ralenti en deux occasions et qui en ressort toujours avec la même fougue.
Que serait un album de F.D. Project sans un titre qui rappelle que sa principale influence est Mike Oldfield? C'est l'essence de Stars Landscape and Collision (part three) qui démarre sur des pads de synthé très angélique avant que le séquenceur active une ligne de rythme qui ondule lentement tout en restant stationnaire. Une autre ligne d'arpèges sauteurs bondit avec plus de dynamisme. Mais au final se sont les percussions qui dominent en martelant un rythme lourd et lent. Le synthé y tisse une belle approche mélodieuse qui sera reproduite par cette guitare qui sonne comme du Mike Oldfield. Stars Landscape and Collision (part four) retrouve la route des rythmes fougueux de STARS LANDSCAPE AND COLLISION avec un bon rock électronique pimenté par ces solos du temps de E.L.P. Le rythme est circulaire et matraqué par de solides percussions auxquelles se greffent ces tonalités organiques percussives. On est plus dans du rock progressif électronique ici. Plus que dans Stars Landscape and Collision (part one) parce que la structure est plus lente et que Frank utilise aussi plus sa guitare. Stars Landscape and Collision (part five...final) termine ce nouvel album de F.D. Project par un beau slow cosmique bien secondé par des percussions lourdes et par un synthé qui tisse de belles orchestrations lunaires. La musique devient plus dynamique, poussée principalement par le séquenceur, après la phase atmosphérique du titre. Soit juste avant sa finale.
La version CD proposée par Groove nl contient le titre The Cave of all Truths en boni, un très bon titre évolutif très créatif et légèrement plus atmosphérique, par rapport à ce qu'on entend dans STARS LANDSCAPE AND COLLISION, que Frank a composé un samedi soir où il n'arrivait pas à dormir. Le titre se déroule en 2 étapes avec une 1ière partie qui flirte avec de l'ambiant ténébreux légèrement psychédélique. L'ouverture est composée d'une onde de synthé vibratoire où gémissent d'autres ondes qui flottent comme des spectres mélancoliques. Des grésillements s'installent, donnant une touche encore plus fantomatique à cette ouverture. Des filaments de synthé aux couleurs écarlates s'enlacent dans une ballet planant où sillent les étoiles et ronronnent une onde ténébreuse. Des arpèges tintent en sculptant une procession autour de la 4ième minute. Un superbe effet sonore, un peu comme des queues de crotales métalliques séquencées, accompagnent cette marche d'âmes soumises et le synthé, divin dans son rôle patibulaire, lance des ondes harmonisées qui gémissent comme des âmes en peine. Le séquenceur active la cadence vers la 8ième minute. Son mouvement processionnel de trot astral est des plus magnétisants et me fait penser à du Software. La 10ième minute nous fait plonger dans une phase plus atmosphérique, même si une séquence de rythme sautille discrètement dans un décor lunaire rempli d'ondes qui se contractent, de gémissements crépusculaires et, un peu plus loin, de chuchotements. Le séquenceur réactive une ligne de rythme nerveuse avec des séquence papillonnantes et une autre, plus harmonique, qui se dandine et sautille d'un pas à l'autre. Les percussions soutiennent cette phase de rythme avec des frappes aussi sobres que ces lamentations harmonieuses du synthé. Une série d'arpèges limpides et séquencée se met à sautiller nerveusement autour de la 15ième minute, remplissant nos oreilles d'une savoureuse phase polyrythmique guidée principalement par ce mouvement dandinant et entrainant d'une basse séquence. The Cave of all Truths arrive à sa dernière phase plus atmosphérique et cosmique vers la 18ième minute où une guitare acoustique nous guidera finalement vers le pré-sommeil. La version proposée sur le site Bandcamp de FD Project vient plutôt avec un autre titre à la place de The Cave of all Truths, soit Live Rehearsal Ledigenheim Germany 2014. Plus court, ce titre devrait plaire aux fans de Tangerine Dream et leur album Force Majeure puisque la rythmique de la basse séquence semble en être inspirée. Les percussions solidifient l'ensemble du rythme où la ligne de séquences devient un élément stroboscopique circulaire harmonique. Le synthé lance de bons solos et place judicieusement ses nappes de brume, alors que la finale fait surgir un piano que les doigts de Frank Dorittke caresse avec une vision empreinte de nostalgie. Choisir entre ces deux titres est un difficile exercice puisque les 2 ont leurs charmes, mais je dois admettre avoir un plus gros faible pour The Cave of all Truths…
STARS LANDSCAPE AND COLLISION est ce genre d'album difficile à déloger de notre lecteur CD ou de notre lecteur réseau, tant les rythmes, entre le hard et le heavy rock électronique, et les mélodies cohabitent aisément sur des structures évolutives. Le travail des percussions, les charmes des éléments percussifs caoutchouteux et organiques, les multi lignes du séquenceur te finalement ces solos de synthé aux tonalités du rock progressif des années 70 sont des éléments qui nous rivent à notre casque d'écoute…les oreilles grandes ouvertes. Un solide opus de F.D. Project dont la simplicité est des plus réconfortantes.
Sylvain Lupari (08/12/22) ****½*
Disponible chez Groove nl
(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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