“Un très bon album où toutes les influences de FD sont admirablement bien rendues”
1 The Dream Goes On...Mandarinentraum... 17:18
2 Sternennacht 9:41
3 Evolution 9:24
4 Le Culte 10:12
5 Time to Remember 7:12
6 After the Rain 7:24
7 Desire 5:41
(DLL 67:09) (V.F.)
(Minimalist Berlin School)
Ce dernier album de FD Project est d'une tendresse minimalisme et ce malgré quelques soubresauts à saveurs technoïde. TIME TO REMEMBER est dans la lignée de ces albums qui défilent en boucles et que chaque écoute amène un nouveau rayon de musicalité. C'est un bel album avec des doux passages fragilisés par une sombre nostalgie où l'envoûtant et charmant univers minimaliste de Frank Dorittke est en constante évolution et tiraillé entre les mélodies aux rythmes de rock parfois secs qui effleurent une forme de techno pour zombies.
The Dream Goes On...Mandarinentraum...est un très beau titre et la pierre angulaire de cet album qui débute par une suave lamentation aussi sensuelle qu'éthérée tombant sur une délicate note avec un léger fracas. Comme si elle éveillait un monde cosmique, cette note fait ressurgir des ondes de synthé qui ondoient au-dessus d'une douce séquence en formation qui tourne avec délicatesse, telle une comptine onirique. Une séquence hypnotique qui tourne comme un lent carrousel musical sous les stries d'un synthé spectral. Entre le monde mystique de Legend, les souffles sensuels et lyriques des synthés de Le Parc et les mélodies de Underwater Sunlight de Tangerine Dream, The Dream Goes On… Mandarinentraum…défile justement comme une ode au trio allemand, un peu comme dans Heavensgate, avec cette délicate voix de Matzumi dont les souffles sensuels et mélancoliques se mêlent aux exhalaisons de synthés. Des synthés aux souffles vocaux qui s'enchevêtrent dans une parfaite symbiose à des lamentations et vocalises éthérées soupirant dans un univers musical aux multiples accords cristallins et d'un piano nostalgique. C'est une douceur poétique qui est trappée dans des carrousels minimalistes du séquenceur. Ces structures s'entrecroisent et scintillent tels des chansonnettes rythmiques pour jeunes diablotins dans un somptueux monde électronique aux saveurs analogues à la Klaus Schulze ou Jean-Michel Jarre. Un très beau titre qui augmente sensiblement son crescendo pour conclure avec une guitare à la Mike Oldfield qui fait chanter ses longs solos plein d'émotion sur une belle ligne de piano. Délicate, envoûtant et mélancolique, The Dream Goes On… Mandarinentraum…est une longue mélodie qui se perd dans le cosmos analogue et les suaves lamentations de Matzumi. L'un des plus beaux titres mélodieux que j'ai entendus en 2010 et qui va plaire aux fans de TD ainsi qu'aux fans de Mike Oldfield. Dualiste, Sternennacht débute avec une sombre ligne de synthé qui souffle un soupir aux effluves romanesques. De fins accords de piano errent dans ce cosmos illusoire où scintillent des brefs souffles étoilés. Le synthé embrasse les formes d'une guitare, amenant les sinuosités vers une séquence aux douces résonnances qui se fond à une autre séquence aux sautillements plus candides. Cette juxtaposition du séquenceur forme un rythme qui augmente sa mesure sous de longilignes solos de synthé. Et le titre tombe dans le rythme d'un lourd space rock soutenu par de bonnes percussions électroniques et une guitare dont les solos ciselés fusionnent à des solos de synthés plus sinueux, unique au monde musical très métissé de Frank Dorittke. Après une intro atmosphérique où les couches de synthé rappellent les douceurs mélancoliques de Pink Floyd sur Wish You Were Here, Evolution secoue son rythme avec une séquence où les accords de basse tourbillonnent en spirale et roulent en cascade avec des accords plus près des sonorités de verre. Le rythme est soutenu par ces séquences qui martèlent un sourd mouvement technoïd dans une nébuleuse ambiance électronique avec des sinueux solos de synthé qui s'entrecroisent dans une lourde ambiance électronique qui n'est pas sans rappeler Software dans Electronic Universe.
Lourd, incisif et percutant Le Culte bat la mesure sur des pulsations lourdes qui font office de percussions soutenues, entraînant la musique dans un lourd tourbillon au rythme pulsatif où les sulfureux solos de synthés symphoniques abondent dans d'hypnotiques pulsations pour zombies dansant le doux techno. Le rythme n'est pas encore tout à fait formé qu'il traverse sa seule période d'accalmie où séquences aléatoires virevoltent parmi des belles couches de synthé, un vocodeur mélancoliques, des percussions aux sonorités de crotales et des solos de guitares qui éraflent ce passage atmosphérique flottant sur une cadence en éveil et sur le point d'exploser. Et c'est ce qui arrive quelques 2 minutes plus loin avec une rythmique infernale qui est structurée autour de lourdes pulsations hypnotiques et des percussions minimalismes qui martèlent une techno rave, trituré d'explosifs solos de guitares à faire décaper les planchers de danse. Time to Remember explique à lui seul les influences de Mike Oldfield sur Frank Dorittke et la dévotion de ce dernier pour l'univers de Tubular Bells. On croirait entendre un remix, tant c'est près de la réalité, de cette délicieuse intro qui a fascinée les mélomanes de par le monde, avec une guitare aux riffs saccadés et un synthé aux boucles spectrales qui sillonnent cette douce fusion piano/basse sur un axe minimaliste. Beau, mais ça ne surpasse pas l'original! Quoique ça donne le goût de l'entendre en maudit (Ce que j'ai fait!). Après une nébuleuse intro brumeuse et galactique, After the Rain galope sur une ligne de basse nerveuse qui sautille auprès de délicats arpèges cristallins. Des percussions sculptent une cadence soutenue qui pilonne sous des stries cosmiques de synthé. Un bref intermède atmosphérique divise le rythme, histoire de laisser filtrer des riffs de guitares qui défilent en boucles. Un passage qui caresse l'univers très minimaliste de Manuel Göttsching sous des couches d'un synthé aux arômes cosmiques, amenant ainsi After the Rain dans une structure très rock cosmique. Desire clôture TIME TO REMEMBER avec une belle ballade jouée au piano. Une douce berceuse avec un synthé aux lamentations de violon qu'une guitare mord dans ses sillons les plus profonds avec des solos acuités, divisant le monde de FD Project et celui de Oldfield par un délicat fil de rasoir. Une divine ballade où les stridentes rêveries de guitare croisent les larmes de violon synthétisées sur des séquences cristallines avec une lourde finale où batterie et basse nous ramènent dans l'univers clanique de Mike Oldfield. Une belle façon de conclure un très bel album où toutes les influences de Frank Dorittke sont admirablement bien senties et bien rendues.
Sylvain Lupari (13/01/11) *****
Disponible au FD Project Bandcamp
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