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Writer's pictureSylvain Lupari

FIREHAND: The Three Worlds (2021) (FR)

Un album magnifique dont le seul défaut est de se limiter à une version téléchargeable

1 Sculptor Universe 8:42

2 Ravish 7:17

3 Earth Renewal 8:26

4 Sacred Name 6:03

5 Beneath the Surface 5:21

6 Revelation Sequence 8:45

7 The Eyes 6:47

8 Otherworldly Creatures 5:06

9 Mountain Rain 7:00

10 Seed 7:54

(DDL 71:24)

(Sequencer-based,Tribal Ambient)

J'ai appris à connaître la musique de Robert Logan suite aux excellents albums qu'il a coécrit avec Steve Roach, Second Nature et Biosonic. C'est d'ailleurs suite à ces albums qui je me suis laissé tenter par un album solo, Sculptor Galaxy, toujours réalisé par Projekt Records à la même époque, soit 2016-17. Parallèlement, il y avait aussi réalisé un album solo sous un autre nom; l'album New Dawn paru en 2016. Un album de musique ambiante ténébreuse et orageuse réalisé sous le pseudonyme de Firehand. Dernièrement, j'ai reçu un de ses messages me demandant d'écouter son dernier album, THE THREE WORLDS pour fin d'une chronique. Ce qu'il faut savoir est que TTW a été conçu avant qu'il n'ait de graves problèmes de santé, principalement des problèmes auditifs. Il a mis un rush, craignant de ne pas pouvoir le faire plus tard. Le résultat est un album incroyablement intense qui explore certaines zones de son précédent Sculptor Galaxy. Un album qui nous colle à la peau et qui est propulsé par un séquenceur animé de rythmes endiablés, de styles tribaux et Berlin School, avec un zeste d'E-Rock et une grande connaissance des percussions ainsi que d'un trésor d'effets percussifs menant à différentes textures de transe.

Les premiers woosshh à peine jeter par terre qu'une première structure de rythme s'anime dans le décor sombre de Sculptor Universe qui sort tout droit des couloirs rythmiques de Sculptor Galaxy. Son premier élan est mû par des effets saccadés ayant un reflet miroir des vaguelettes en eau agité. Une nappe de basse rampe comme une ombre menaçante et dès la seconde minute, le rythme se transforme en un train fantôme dont la vitesse dépend de notre perception à compter le nombre de fenêtres ouvertes lors de son passage devant nos oreilles. Violent et sans compromis pour la tranquillité, ce rythme se met à zigzaguer pour épouser les formes d'un staccato. Intense, un mot à retenir dans les différentes étapes de THE THREE WORLDS, le voyage de Sculptor Universe continue sa virée sous une toile sonore ténébreuse où les oreilles perçoivent à peine les murmures de Jennifer Sturrock. Riches en créativité, les rythmes de cet album sont issus d’un travail acharné de Logan sur le séquenceur, les percussions et les multiples effets percussifs qui vont choyer les oreilles avides de ce genre, dont les miennes. Ravish suit avec une fascinante structure de rock électronique nourrie de psybient. Le rythme est aussi violent que statique avec des coups de percussions agressifs qui résonnent dans l'ombre de l'autre, créant une structure soutenue. Les basses pulsations résonnent avec le même impact que les percussions sonnant comme des coup de feu. On y entend des délires de masse comme des tonalités organiques, créant une dispute entre nos oreilles. Quoi entendre?! Voilà un titre d'une incomparable intensité avec une réelle possibilité d'addiction. Mes oreilles viennent de passer un 15 minutes de bonheur épicurien lorsque Earth Renewal ne fait rien pour les tenir loin de ce buffet d'idées musicales. Une nappe de synthé étend un paysage de sérénité où déjà on perçoit une figure de rythme harmonique se dessiner sous une flore tonale remplie de couinements et autres tonalités organiques de même acabit. Éprise de liberté cette figure se met à tournoyer, mêlant rythme et harmonie dans ses élans circulaires. Des murmures, des scintillements comme des lignes de synthé sifflantes nourrissent les 3 premières minutes qui tournent sous le signe de l'intensité. Nous atteignons ce point où les idées se reformulent et que la mélodie effacée se met à respirer par un piano sur une texture de percussions tribales. Et là mes amis, je ne peux me défaire de cette signature harmonique de Sebastian im Traum de Frank Specht. Usée par tant d'intensité et d'émotion, les poils de mes bras qui s'évadent en pointant vers le plafond m'avisent que je suis déjà aux derniers pas vers le lac de mes larmes. Quel beau titre qui renouvelle sa splendeur d'écoute en écoute, même dans un fouillis musical qu'il faut apprendre à démêler! Je sais, il y a déjà beaucoup de textes pour 3 titres.Mais quel merveilleux album mes amis!

Je vais tenter de couper court en entendant une onde de bourdonnements résonnants confiner Sacred Name dans son paysage ambiant ténébreux. L'irradiation des ombres se transforme en une structure de rythme ambiant, légèrement même spasmodique, qui se démène comme des vaguelettes sur une eau agitée. La voix de Jennifer Sturrock vient caresser cette rébellion rythmique avec des murmures qui s'étendent à la grandeur d'un paysage sonore où la désolation côtoie une forme d'espoir trouvée dans l'intensité d'une musique flirtant avec un mode tribal tibétain. Beneath the Surface suit avec une structure qui n'est pas à des années-lumière de Sacred Name. En ce sens que nous sommes dans l'ambiant noir avec un violon cette fois-ci qui refuse la domination d'une approche pourtant mélodieuse, même si son chagrin grignotait déjà notre lobe d'oreille. Le lit des ambiances est pourtant serein, pointant par moments des élans de tendresse comme de violence refoulée, il est à la grandeur de cette peine qui afflige le violoniste dont les larmes cinglantes découpent la violence des ambiances. La 3ième minute nous amène vers un sommet d'intensité un peu dérangé par les cloches tibétaines. Mais peu importe, le violon de Griga Cuciuc a déjà fragilisé mon âme, comme la musique de Beneath the Surface. Nous arrivons à Revelation Sequence dont l'ouverture très électronique du séquenceur évoluera en une structure comparable à Sculptor Universe.The Eyes propose une structure dark ambient avec la belle voix de de JS qui se repait des ondes de réverbérations. C'est un des rares titres où on distingue bien sa voix dans une tourment de plus en plus dramatique. Otherworldly Creatures est un titre plus léger et entrainant avec une approche tribale amérindienne qui privilégie les percussions et effets percussifs sous des ondes de synthé inspirées par le travail ambiant organique de Steve Roach. L'arche du séquenceur stabilise ce rythme qui cherche à soutirer une vision de space rock psychédélique aux ambiances sculptées autour de la signification du titre. Mountain Rain est une autre masse sonore qui vibrionne dans d'intenses bourdonnements alors que Seed donne la liberté au séquenceur après une minute de virulence atmosphérique. Un dernier mouvement de rythme labouré dans les alternances des ions sauteurs qui roulent comme ces manèges boudinés dans les foires et dont l'issu est un vide astral.

"Le monde qui était, le passé, d'où tout venait ;

Le monde qui est, le présent, où tout bouge sans cesse ;

Le monde qui sera, l'au-delà, où tout va..."

Ces paroles de Robert Logan ont trouvent leur sens dans la musique que son projet Firehand présente dans THE THREE WORLDS, un magnifique album dont le seul défaut est d'être limité à une version téléchargeable.

Sylvain Lupari (15/07/21) ****½*

Disponible au Firehand Bandcamp

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