“Ce que nous avons ici est un album profondément atmosphérique avec de belles mélodies fantômes suspendues ici et là”
1 Gone to Ground 8:35 2 Message in the Sand 8:49 3 The Sleepwalker's Ocean - i Cloudburst 5:14 4 The Sleepwalker's Ocean - ii Bog 5:08 5 The Sleepwalker's Ocean - iii Night Ferry 8:13 6 The Sleepwalker's Ocean - iv Geiger 6:52 7 The Sleepwalker's Ocean - v Lumin 4:31 8 The Sleepwalker’s Ocean - vi Waywards 3:30
9 Driftwood 6:57 10 Not Forgotten 11:05 11 An Alternate Ocean (The Salton Sea) 54:16 Projekt | Projekt322
(CD/DDL/Spotify 123:15) (Ambient with a lyrical touch)
Forrest Fang est un artiste immensément poétique. Ses mots, il les transpose en sons! En musique d'ambiances qui est structurée autour d'un maillage de synthé dont il construit des lignes aux harmonies teintées de nostalgie et des instruments acoustiques qui sont très près des essences de la spiritualité. D'où une texture d'enchantement! Plus tranquille que son soyeux Letters to the Farthest Star, THE SLEEPWALKER'S OCEAN est une incroyable ode à la sérénité. Bien ancrée dans les charmes d'une bonne paire d'écouteurs, la musique de ce dernier opus de Forrest Fang est une savoureuse descente vers les nappes océaniques où tout nous parait tellement loin que l'on se laisse submerger par la délicate nature ambiante de l'album. Ici, point de rythmes!
Mise à part cette fascinante danse éthérée dans Message in the Sand et les quelques grattements de six-cordes acoustiques. Seulement des ambiances. Des mouvements de masse tranquille où l'on confond aisément le cosmos et les fonds océaniques. Mais les deux, ne sont-il pas relié? On se sent aspiré vers le fond dès les premières vagues célestes de Gone to Ground. D'étranges lamentations émanent d'entre les lignes d'un synthé dont l'approche sibylline est comme un chant de sirènes. Le mouvement intensifie son approche d'ambiances avec des gongs qui résonnent autour des accords d'une six-cordes venue de l'étranger. C'est très représentatif des profondeurs soniques de THE SLEEPWALKER'S OCEAN où ses ténèbres sont toujours percés par des lignes et par des harmonies translucides. C'est enveloppant et il y a toujours des harmonies clandestines, tant des synthés que des instruments acoustiques, qui ornent les murailles des lignes collées en masse d'un synthé dont les couleurs des tons restent uniques au musicien sino-américain. Message in the Sand détonne dans ce décor sombre en offrant un beau rythme tribal où les cliquetis des tam-tams tintent dans des bancs de murmures qui forment l'armature de ce rythme, un peu comme un effet de basse rampante. Robert Rich y enrichit ces ambiances avec une délicate flûte. Un beau moment de folklore sans frontières avant que la longue saga sonique de THE SLEEPWALKER'S OCEAN endorme nos sens avec une approche lourde et enveloppante. Et ça débute avec les vents caverneux de The Sleepwalker's Ocean - i Cloudburst. Des carillons tintent nerveusement, des voix absentes fredonnent et des étoiles scintillent dans un panorama sonique embué de bourdonnements linéaires. Il fait moins sombre dans The Sleepwalker's Ocean - ii Bog, sauf que le mouvement reste toujours linéal. The Sleepwalker's Ocean - iii Night Ferry est l'un des rares titres animés par un rythme ambiant dans cette œuvre immersive. Un rythme paisible gratouiller par un instrument à cordes dont les crépitements voltigent dans des lignes de synthés moirées de tonalités hybrides et où tintent des accords aussi limpides que le chant des carillons. Le jeu des percussions, plus créatif que rythmique, ajoutent une profondeur plus colorée à ce titre qui plonge dans une lourde tempête de drones sombres avec The Sleepwalker's Ocean - v Lumin. Là où ronflent les crotales, où fredonnent des chants oubliés et tintent des étoiles lointaines. Tranquille, envoûtant et enveloppant! Comme le tendre The Sleepwalker’s Ocean - vi Waywards et sa mélodie sculptée dans les effets de canon d'un piano assez vivant. Les éléments d'harmonies et de rythmes ambiants qui fouettaient les soupirs de Neptune dans Night Ferry flottent en suspension dans Driftwood. Un titre détaché de la saga THE SLEEPWALKER'S OCEAN, tout comme les brises élégiaques de Not Forgotten qui font comme un coucher de soleil sur les vastes bras d'une mer paisible. An Alternate Ocean (The Salton Sea) propose un regard différent sur les ambiances de THE SLEEPWALKER'S OCEAN. Ici les lignes de synthé, divisées entre de long woosh et des voix irisées, flottent avec un peu de mouvements, très éthérés, dans un fond océanique qui laisse entrevoir les doux reflets d'une lune en suspension. C'est comparable à la série Immersion de Steve Roach, pour le long fleuve de placidité, et aux intenses vagues sous-marines de Michael Stearns, pour les voix de sirènes enfants, dans M'Ocean. Ça vous enveloppe. Ça vous éteint le cerveau!
Sylvain Lupari (28 Janvier 2016) ***½**
Disponible au Projekt Bandcamp
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