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Writer's pictureSylvain Lupari

Fratoroler Different (2020) (FR)

Updated: Dec 8, 2022

C'est l'un des bons albums de Berlin School créatif de 2020

1 Inside 17:55

2 Between 15:51

3 Different 16:41

4 Out 19:51

(CD-r/DDL 70:18)

(Berlin School)

Après un dernier album axé sur le rock électronique progressif, Fratoroler revient à la base avec DIFFERENT. Différent de Augen-Blicke, mais pas vraiment différent par rapport au très beau Nano et les premiers album du duo Berlinois. Exit la guitare et la batterie de Thomas Köhler qui rejoint ainsi les instruments de son complice Frank Rothe en utilisant divers synthés et séquenceurs. C'est donc conçu dans le Berlin School rétro, avec un mélange de tonalités analogues bien insérées dans les 4 longues structures minimalistes et plus contemporaines, que Fratoroler nous livre son album le plus identitaire.

C'est avec une ondoyante nappe de réverbérations que Inside amorce ce dernier album de Fratoroler. Les radiations de ces drones ondulent lentement, laissant passer d'autres tonalités plus cosmiques entre nos oreilles qui perçoivent un effet de bouillonnement dans ces vagues flottantes. Agressante, cette introduction est nourrie d'une vision de Dark Ambient avec ce large suaire imprimé de voix chthoniennes et de différents effets analogues. Une nappe translucide ajoute un peu de nitescence sur ces ténébreuses ambiances bourdonnantes un peu avant la 4ième minute. Radiante, elle cache en son pouvoir de musicalité une série de 4 accords de basse-séquences qui sautillent en serpentant les cieux, hors d'une ambiance luciférienne avec une chorale tentant de virer pour une onde de chants séraphiques. Une autre ligne de rythme s'ajoute. Plus harmonique que rythmique, elle ajuste sa mélodie sur l'axe de rythme ascensionnel d'où sort aussi une petite séquence flûtée, rappelant de loin que Tangram est déjà passé par ici. Divers éléments, tant percussifs que des bruissements, s'ajoutent sur cette structure qui arrêtera de faire son surplace lorsque une série de 6 séquences s'épuise dans la montée de castagnettes électroniques et que ses ombres pulsatrices acceptent le passage éthéré de sa finale. Un peu trop long, avec de trop lents développements, mais il y a quelques beaux passages sur dans ce titre.

Sise sur une ouverture nappée de brume sibylline, Between fait entendre un fascinant chant d'harmonica qui n'en est pas un. D'autres tonalités harmoniques, comme ce premier élément de rythme, possèdent cette source d'origine secrète. Le rythme se dessine lentement sur ces nappes mystérieuses avec des belles boucles de rythme qui roulent sur une séquences de riffs, je crois que c'est la guitare mais il n'en est nul mention sur la pochette. Les ambiances se déchaînent en arrière-plan, ajoutant une touche psychédélique à cette délicieuse procession. L'union des percussions et des explosions étouffées tissent une ligne de ruades dans le background, alors que l'harmonica qui n'en est pas une laisse entendre une voix de cornemuse sur ce très bon Berlin School dont l'intensité se partage l'accroissement des nappes harmoniques et la chevauchée des séquences et effets rythmiques.

J'aime la créativité, comme j'aime lorsqu'un artiste sort de sa zone de confort afin d'offrir un truc sympathique qui colle dans le fond de l'oreille. Comme la pièce-titre de DIFFERENT! Une onde sortant des abysses démontre le caractère de Dark Ambient qui prévaut sur ce dernier album de Fratoroler. Des accords font écho dans cette sensation de vide intersidérale où ronronnent des tonalités d'un univers Floydien. Cette base de psychédélisme laisse partir des boules tonales circulaires armées de multiples trous laissant passer des tonalités aussi vintage que contemporaines alors que Different a trouvé ce repaire de tranquillité atmosphérique. Des nappes d'orgues irisées (Sic!) enracinent cette perception de contemplativité lorsqu'une fascinante ligne mélodieuse souffle un air aussi enfantin que moqueur. Un air obsédant qui nous visse un fabuleux ver-d'oreille alors que Fratoroler prend ses aises dans la peau d'un Pyramid Peak audacieux qui nous a sorti autant de bijoux comme celui-ci. Des effets électroniques, des pépiements électroniques et de beaux solos de synthé lunaires éloignent cette superbe approche harmonieuse dans un étonnant Berlin School progressif visé par des projectiles et leurs explosions étouffées. L'impression de prendre une route animée d'un panorama rempli d'artifices rive nos oreilles à cette effervescence sonore alors que les beep-beep se fanent afin de faire renaitre cette mélodie obsédante dans une finale comparable à la route de la soie. Un excellent titre mes amis!

Out conclut ce très bel album par une ouverture tout aussi exploratoire. Cette fois-ci, la cristallisation des nappes et des lignes de synthé, ainsi que son chant en solo illuminent nos yeux, sinon nos oreilles. Différentes tonalités organiques, ainsi que les effets percussifs s'émiettant au compte-goutte, jettent un éclairage psychédélique contemporain qui se chamaille assez souvent avec le Dark Ambiant dans certains carrefours de cet album. Une séquence aussi limpide que le chant d'Halloween se met à tinter sur des nappes remplies de chagrin. Ces nappes orchestrales ne peuvent contenir la fluidité rythmique qui fait alterner la danse des ions sautillants sur place alors que graduellement Out se met en mode Berlin School autour de la 9ième minute. Lent et circulaire, le rythme suit une tangente linéaire où différents pads injectent l'essence Berlin School à un titre qui lentement passe par une courte phase éthérée avant de fermer la boucle à l'un des bons albums de Berlin School créatif de 2020.

Sylvain Lupari (05/08/20) ****¼*

Disponible au SynGate Bandcamp

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