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Writer's pictureSylvain Lupari

Fratoroler Looking Forward (2012) (FR)

Updated: Dec 8, 2022

Fratoroler guide l'auditeur sur des chemins déjà tracés mais avec une dextérité qui fracture la route, offrant ainsi de nouveaux panoramas électronique

1 Looking Backward 13:28

2 Gastown 17:38

3 Mathmoth 9:46

4 Lounge 15:45

5 Looking Forward 9:26

(CD-R/DDL 66:01)

(Berlin School)

Fratoroler est un duo Allemand fortement influencé par une MÉ de style Berlin School à la Keller & Schonwalder. LOOKING FORWARD est leur second album à être réalisé chez SynGate. Défiant les principes du déjà entendu et contestant la théorie que le vieux Berlin School n'avait plus rien à offrir, Thomas Köhler et Frank Rothe puisent aux fonds de leurs influences afin d'offrir un autre album intensément imprégné des odes électroniques mellotronnées des années vintage, dégageant ces parfums musicaux jusqu'à nos oreilles parfois incrédules. Incrédules car on a vraiment cette impression de naviguer dans des eaux désertées par le navire amiral qu'était Tangerine Dream. Et ce pas seulement à cause des lentes errances mellotronnées ou des chants des flûtes célestes. Non! Les 5 titres qui meublent les 66 minutes de LOOKING FORWARD bouillonnent sur un lit de séquences dont la diversité des touches tisse d'effervescentes structures polyrythmiques qui palpitent à l'ombre des brumes oniriques.

Des couches de synthés brumeuses vaporeuses flottent comme des nuages d'éther parmi des ondes réverbérantes. Nous sommes dans un univers que nous connaissons tous; celui de Tangerine Dream et ses souffles de Mellotron qui maquillaient les ambiances abstraites de Rubycon et Phaedra. Une discrète pulsation émerge. Ses battements sourds vont à la rencontre d'une ode flûtée, initiant l'approche mélodique de Looking Backward. On croirait entendre le trio Franke, Froese et Baumann au carrefour de leur période expérimentale et mélodique lorsque le rythme s'anime peu à peu, chassant ses chœurs de brumes qui errent parmi des pulsations résonnantes. Flûte et brume enchanteresse sont les pierres d'ancrage d'un titre empreint de mysticisme qui arque sa structure pour se lancer dans un rythme galopant finement sur ses séquences dont les touches sautillent en accords successifs sur un lac de brume aux ondes mélodieuses. Après une intro bardée de souffles errants et de torsades électroniques le rythme de Gastown perce les étangs réverbérants de ses lourdes pulsations qui résonnent sous un ondoyant nuage de brume mellotronnée. Initialement, ce rythme est aussi lourd que lent. Mais des séquences plus limpides alternent leurs touches dans un fluide dandinement, propulsant les oscillations rythmiques sous des solos de synthé torsadés. Des cliquetis voltigeant tels des ailes de libellules modifient légèrement l'axe rythmique qui bascule dans un dense néant sonique nourri des souffles sombres et d'ondes iodées avant que le rythme ne prenne sa deuxième vie avec des belles boucles oscillatoires qui ondulent sous de fins solos perçants et ces nuages de brume mellotronnée qui sillonne toute la splendeur de ce second album de Fratoroler. Et lorsque la batterie déboule, nous avons l'impression d'errer dans les continents de Green Desert par vous savez qui.

Mathmoth repose sur un rythme lent avec des touches de séquences qui alternent en douceur. Elles dessinent une longue marche funèbre qui progresse dans une faune sonique gavée de langages électroniques, de brumes autant flottantes que zigzagantes et surtout de ces belles couches de brume qui rendent cet album tellement poétique. Les chuchotements de paranoïas qui meublent l'intro de Lounge nous aspire vers un vide intersidéral où des brises morphiques luttent contre une marée de voix incessantes. Une beau zéphyr mellotronnée émerge et flotte comme un voile de soie sur une structure ambiante bercée par des couches de violons. Des touches de séquenceur sortent leurs rythmes du bout des notes pour onduler finement sous les vagues d'un synthé aux arômes orchestraux. Ce rythme doux circule sur une délicate structure emplie de notes rêveuses et de souffles flûtés, plongeant Lounge dans un état semi-comateux où le rythme tente de sortir d'une douce léthargie morphique en secouant des accords de clavier qui scintillent dans un ruisseau de brume. La pièce-titre reprend ses droits sur les rythmes purs et durs avec un rythme lourd, pilonné par des séquences aux touches qui alternent avec furie. En fait, Looking Forward est une leçon sur l'art de séquencer avec des touches qui tombent et rebondissent dans un envoûtant chassé-croisé rythmique dont l'approche harmonique est cernée par les strates d'un synthé divisé entre ses brumes et ses oracles musicales.

Faire du vieux avec du neuf! Tel est la meilleure façon de définir LOOKING FORWARD qui est ni plus ni moins qu'un beau voyage dans le temps où la poésie d'autrefois étreint les rythmes d'aujourd'hui. Fratoroler promène l'auditeur dans des sentiers déjà tracés mais avec un doigté qui fractionne la route, offrant ainsi des nouveaux paysages électroniques qui sommeillaient sous les lits de Rubycon, Phaedra et autres mémorables classiques de Tangerine Dream. Dois-je ajouter que j'ai adoré?

Sylvain Lupari (12/07/12) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

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