“Sombre, industriel, romance et drame sur des rythmes vifs. Aussi bon que du M-BiTCH”
1 Labyrinthe du savois 6:24
2 Tu ne vas pas en mourir! 5:52
3 NEU!lich in der U-Bahn 8:24
4 Soleil froid 7:00
5 Le pré de mon oncle 2:03
6 Jette mois dans un lac bleu 4:02
7 Le frigo plein 4:18
8 Le vieux monsieur personne 4:41
9 Enfin seul 7:00
(DDL 49:47)
(Industrial E-Rock, Cinema)
Moi qui suis devenu un fan de MiDi-BiTCH, qu'était-ce sa musique lorsque complétée avec le guitariste de Sankt Otten, ancien groupe de Fredy Engel, Oliver Klemm. FOLIE À DEUX est le second opus du duo Frederic & Olivier. J'avais vaguement écouté le premier album-téléchargement, Zero, paru il y a tout juste 2 ans. À l'époque, je découvrais aussi l'univers MiDi- BiTCH. Sauf qu'après des albums aussi solides que Sequenz et Machina, je me suis demandé comment était réellement l'étendue artistique de FOLIE À DEUX. Et j'ai été agréablement surpris. On est certes pas dans les dimensions des 2 derniers albums de MB, parus en dehors de ceux produits par Cyclical Dreams, mais nous n'en sommes pas loin. Il y a une certaine corrélation à faire au niveau des ambiances d'un univers dystopique proposé dans la musique du claviériste Allemand. En fait, nos oreilles trempent littéralement dans son univers sombre et industriel dans une production musicale qui est top-notch avec des couches de rythmes, de mélodies et d'arrangements qui se succèdent et/ou s'empilent dans des titres dont l'intensité est à faire frémir une roche et où le terme intensité est le mot clé. Au final, j'ai découvert un très bel album qui cache quelques perles d'asservissement.
Un chant morose, le timbre est nasillard, se dégage des vibrations d'un accord cadencé dont la nappe sculpte une lente et funeste procession en ouverture de Labyrinthe du savois. Des effets percussifs, cernés dans une enveloppe de gaz brumeux, s'agitent autour de cette structure qui croisse sous le signe de l'intensité, tant dans la violence statique de son rythme qu'au niveau des arrangements et de son enveloppe émotionnelle. Certains accords s'étirent en pads qui nasonnent, créant un effet de réverbération qui accentue l'envolée dramatique de ce cortège où se greffent de subtiles lamentations d'une guitare électrique. Le tissu mélodieux prend forme dans ce genre de chaos avec la venue d'accords plus cristallins qui tintent et scintillent en de courts vers linéaires légèrement spasmodiques. Ce débit saccadé génère une source d'écho répétitive autour de la 4ième minute, moment où Labyrinthe du savois expose une structure de downtempo avec l'arrivée de sobres percussions qui résonnent de leur texture de bois. Ce premier titre dans FOLIE À DEUX dépeint avec justesse la valeur musicale de ce second opus de Frederic & Olivier. Les 2 musiciens superposent des textures de sons dans une enveloppe musicale où chaque détail se love dans des oreilles qui cherchent à en entendre plus. Et ils savent bichonner nos oreilles! Ici, comme dans les 8 autres titres, le rythme croit avec lenteur, les arrangements se dressent avec intensité et une lointaine mélodie, quasiment fantomatique, née des riffs de la guitare, titille une écoute qui veut réentendre. Question de savoir si on a bien entendu. C'est le piège du duo Allemand qui tranquillement tisse son pouvoir de persuasion. Tu ne vas pas en mourir! suit avec un rythme lourd et lent, mais assez entraînant. Les séquences irradient de bruits grésillant comme un chant rythmique radioactif et la basse séquence propulse le rythme vibrionnant et papillonnant qui donne cette impression d'osciller entre deux vitesses, alors que les orchestrations semblent ralentir ses élans et que les percussions frappent à contretemps. Un clavier sème des notes dont les tintements égarent une possible mélodie qui se terre plutôt dans ces hurlements d'effroi d'une fusion métallique synthé/guitare. Les percussions électroniques sèment le chaos et sonnent la charge, donnant un élan de rock flottant à une structure qui augmente sournoisement sa vélocité rythmique pour atteindre un bon up-tempo qui pourrait galvaniser les scènes d'action dans un film du genre Mission Impossible. Plus long titre de ce FOLIE À DEUX, NEU!lich in der U-Bahn est aussi son plus beau. Issue de vents industriels sur le bord d'un quai, la première mélodie s'accroche à une ballade menée par la guitare. Nos oreilles se gavent de ce folk-rock à saveur industriel avec ces bruits environnants et ces étranges chants de spectres qui se fondent dans la nature. Peu à peu, NEU!lich in der U-Bahn devient un rock noir, on entend toujours ces étranges fredonnements dont les origines restent floues, de plus en plus entrainant. Je vous mets au défi de ne pas taper du pied ici! Les orchestrations sont tissées de façon à induire des frissons à l'âme. Et la guitare lance ces solos qui ont ce parfum de Manuel Göttsching sur un rock électronique propulsé par une rythmique motorique. Nous sommes dans les territoires de @shra avec un léger parfum de rock électronique à la Harald Nies. C'est très beau, les solos sont très puissants. Et fondus dans les orchestrations et les nappes de voix, ça procure des frissons. Garanti! Direction meilleurs titres en 2023!
Soleil Froid impose un rythme pulsatoire où se couche une suite de lignes d'arpèges moirés qui ondulent vivement, comme des reflets du soleil sur un grand lit de glace bosselé. La structure déploie son intensité sur un concept minimaliste avec les battements répétitifs du séquenceur et des percussions qui accentuent constamment la vélocité rythmique de la musique. Les arpèges défilent à la vitesse de l'oreille, dans une spirale assourdissante qui se met en symbiose avec l'intensité du rythme. Le Pré de mon Oncle est un titre fascinant. Une belle ballade où on imagine aisément la danse d'une princesse toute de blanc vêtue faisant ses pirouettes sous le chant railleur d'un oncle qui fredonne un air bucolique avec un vocodeur de soudé à la gorge. On nage dans un délire artistique des plus convaincant. Ici, comme dans Jette mois dans un lac bleu et ces séquences, soudées en rythme mélodique, qui ondulent sans répit comme des vagues prisonnières d'un éternel tourbillon affamé de séquences. Ici aussi la structure est minimaliste rigide. Le Frigo Plein déborde d'énergie avec un assemblage de percussions qui frappent en toutes directions. Nous sommes dans un rock noir à la The Cure avec une structure énergique où niche une mélodie à peine perceptible, elle frissonne sur des séries convulsives du clavier, qui prend une dimension à donner des frissons avec les arrangements qui s'y rattachent. C'est hyper entrainant avec un petit quelque chose au niveau des percussions, on dirait des effets vocaux comme organiques, qui nous force à écouter encore plus ce dynamisme percutant dans FOLIE À DEUX. Le Vieux Messieur Personne est une ballade morose avec une guitare, parfois acoustique et tantôt électrique, qui sème ses accords pensifs sur le dos d'un synthé et de ses lamentations d'âmes esseulées, oubliées. Ces pleurs sont parfois attendrissants et criant d'émotion. C'est sensible et touchant. Surtout dans cette mer de rythmes agités. Des coups de percussions nous font sursauter dans la lugubre ouverture atmosphérique de Enfin Seul. Ils sèment le rythme à venir avec un défoulement rythmique qui flirte avec l'anarchie, traçant des arrêts et départs brusques dans un titre qui en devient spasmodique. Le débit me fait aussi penser à The Cure et leurs albums Seventeen Seconds et Faith. Le synthé lance de belles lignes de mélodies rêveuses. Elles roulent en boucles, évitant les violents coups sournois des percussions, dans la ouate flottante des orchestrations. Un titre étrange qui complète à merveille un album créatif dont la teinte noire et la vision de romantisme à la française flirtent agréablement avec cette teinte industrielle de l'univers MiDi-BiTCH. Une belle découverte avec un titre, NEU!lich in der U-Bahn, qui vaut assurément le prix du téléchargement!
Sylvain Lupari (28/08/23) *****
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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