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Writer's pictureSylvain Lupari

FRYDERYK JONA: Electronic Ballad (2015) (FR)

Cet album apporte quelque chose de nouveau! Quelque chose de frais aux oreilles même si certains parfums de Klaus Schulze remplissent ses ambiances

1 Electronic Ballad 34:53 2 Orient Voice 10:11 3 On the Run 6:04 (Bonus Track) SynthMuzik

(CD 51:08) (V.F.) (Minimalist Berlin School)

Le son qui sort est celui d'un saxophone. Les oreilles rivées au casque, on entend même les souffles du saxophoniste. Lorsque Ron Boots parle, les amateurs de MÉ ont généralement les oreilles attentives. Lorsqu'il mentionne qu'ELECTRONIC BALLAD est un album à écouter et que Fryderyk Jona est un artiste à découvrir, la curiosité est vite piquée. Et j'ai fouillé. J'ai reçu la musique de ce synthésiste Polonais qui vit maintenant en Allemagne et dont le style fut influencé par un Berlin School ambiant et mélancolique. La présentation est très soignée avec une belle pochette, l'album est uniquement offert en version cd digipack pour l'instant, d'un bleu astral qui ceinture une image du cosmos. Et le premier son qui sort est celui d'un saxophone. Au début, on n’est pas certain. Ça sonne comme In Blue de Klaus Schulze. Rappelez-vous ce synthé parfumé des harmonies d'un saxophoniste. C'est la première impression qui nous traverse. Et par la suite? On tombe dans l'enchantement!

Une lente et large ligne de synthé vient donner du lustre à ce saxophone, plongeant la longue pièce éponyme dans une sérénade ambiante où le synthé subdivise ses chants avec des nuages de brume et des nappes de voix éteintes. Une autre ligne de synthé dessine des gribouillis électroniques qui font de lentes torsades dans un mirage sonique qui nous plonge effectivement à plein dans les ambiances de Into the Blue. Des séquences carillonnent en arrière-fond. Leurs tintements se font de plus en plus persistants alors qu'une ligne de basse et de fines percussions tambourinent la première structure de rythme de ce long titre fleuve de 35 minutes. Les percussions et la basse tissent un genre de lent Groove cosmique où tout est doux, où tout est très éthéré. Un rossignol électronique nous gratifie de chants cocasses qui vont et viennent dans ce ballet pour carillons et percussions où la chaleur des tons, et ses contrastes, nous guide vers un rêve éveillé. Les nappes de synthé parfument le décor arrière de brume anesthésiante, laissant plus au saxophone le soin de nous lancer des harmonies pour âmes fragilisées. La progression est lente. Structurée toujours sur un rythme doux, à peine ambiant, elle est prisonnière de ce très beau carrousel de carillons où les arpèges de verre tintent de façon aléatoire et où d'autres éléments de rythmes dissociés alimentent une douceur à peine chaotique. Et toujours ces chants de rossignols. Et toujours ces parfums de saxophone qui embaument une solitude appuyée par des nappes de chœurs astraux. Ce rythme doux prend une autre tangente vers la mi-temps avec des sautillements, ou des pépiements c'est selon notre perception, plus accentués qui se perdent dans un long bourdonnement grésillant. Electronic Ballad plonge alors dans un genre de down-tempo nourri par des pulsations basses qui sautillent et qui battent une mesure sans pattern précis et où patrouillent des serpentins de séquences. Les huit dernières minutes amènent Electronic Ballad dans une phase très ambiosphérique où l'on réentend plus clairement ces ondes ondulantes qui structuraient sa muraille d'ambiances depuis le tout début alors que des torsades et de longs bourdonnements ont raison de ce superbe duel entre synthé et saxophone.

Orient Voice est plus animé et respecte ce pattern de duel entre le synthé et le saxophone, tout en y ajoutant une voix d'Orient. Le rythme s'extirpe difficilement du néant avec des boucles de séquences qui décrivent de petits cercles répétitifs et dessinent un rythme ambiant sphéroïdal avec des nuances dans les tons et dans la forme. Ces deux lignes de rythme entremêlent leurs approches minimalistes dans une structure finement saccadée qui se gave des pulsations basses, des cliquetis de cymbales et des percussions qui mitraillent finalement un très bon moment de Groove cosmique. Là aussi, le ton et les ambiances sont difficilement dissociable de l'album Blue de Klaus Schulze. C'est bon et il y a tout un travail au niveau du mixage car chaque élément qui sculpte le tempo, et il y en a en masse, est clairement identifiable. De même que ces multi couches de synthé qui se chamaillent les ambiances et harmonies avec cette délicate voix orientale et ce saxophone que l'on peut aisément confondre à un synthé. Des lignes de synthé dansent dans le firmament d'ambiances qui conduit On the Run à nos oreilles. Elles dessinent de vives ondes ondulantes où se greffent une ligne de séquences nourrie de pépiements rythmiques. Ici, comme tout autour des 50 minutes de ELECTRONIC BALLAD, le rythme est forgé avec un souci pour les détails qui est hors du commun. Fryderyk Jona tisse deux lignes de séquences, l'une à la tonalité très organique et l'autre très électronique, qui entrecroisent leurs ions sauteurs dans une figure de rythme en boucle nourrie par des sautillements d'une basse, des pulsations basses, des cliquetis de percussions et des percussions un brin hip-hop ainsi que des tsitt-tsitt de cymbales. Le résultat est un genre de Funk et Groove très électronique avec des lignes de synthé tisseuses d'harmonies ondulatoires et de dialectes électroniques. Ça fait très Schulze contemporain!

Ron Boots avait raison! Fryderyk Jona est un artiste à découvrir. C'est difficile de classifier ELECTRONIC BALLAD tant le genre est assez loin de ce que l'on est habitué d'entendre. La musique, les ambiances sont enchanteresses et les rythmes minimalistes sont constamment nuancés par des tricotages très serrés des lignes de séquences. Et l'agilité des percussions de même que les pulsations basses et de basse ouvrent les portes d'une Électronica bercée par des raids de Jazz. Il y a du Schulze dans les influences, mais ce qui retient l'attention est cette signature unique où l'univers Fryderyk Jona laissera définitivement ses empreintes dans les oreilles de ceux qui veulent explorer une Berlin School nettement plus contemporaine. Très bon!

Sylvain Lupari (01/12/15) ****½*

Disponible au Fryderyk Jona Bandcamp

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