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Writer's pictureSylvain Lupari

FRYDERYK JONA: Outer Lands (2016) (FR)

Toujours une excellente MÉ avec une direction différente, Other Lands vous prendra par surprise mais vaut les efforts que vous mettrez à le découvrir

1 Music for your Eyes 23:25 2 Drift away with Love in the Galaxies 21:25 3 Outer Lands 20:04 SynthMusik

(CD Digipack 64:54) (Vintage Berlin School)

OUTER LANDS pour autres territoires. Parmi ceux-ci il y a un territoire tout de même connu puisque déjà Klaus Schulze unissait sa musique et ses instruments à la belle voix de Lisa Gerrard à la toute fin des années 2000. Ici c'est la chanteuse Alina Godunov qui prête sa voix de prêtresse astrale à la musique très mouvementée de Fryderyk Jona. Un autre territoire exploré aussi par le musicien Polonais est celui de marier sa musique, toujours aussi vivante, avec la guitare incisive de Ralf Hübner, donnant ainsi un bref aperçu de ce qu’aurait été une union FD Project et Klaus Schulze. Et malgré cette incursion dans une autre zone, ce 6ième opus de Fryderyk Jona est une valeur sûre pour ses fans et un autre album fortement influencé par le maître Schulze que bien des amateurs et critiques semblent avoir oublié un peu trop rapidement.

Ouverture nébuleuse parfumée d'effets cosmiques, Music for your Eyes contredit un peu les informations de presse en se lovant à nos oreilles avec une structure qui rappelle Under the Dome dans The Aeon's Day du superbe The Demon Haunted World. Hormis cette petite promenade dans des terres d’ambiances, Music for your Eyes secoue notre corps avec ses spasmes rythmiques qui sont assortis de trésors percussifs. Le rythme émerge à l'orée des 5 minutes avec des étoiles qui scintillent sur les battements mous d'une ligne de basse séquences. L'architecte des sons et des percussions ajoute des gazouillis qui vont très bien aux courbes oscillantes de cette ligne. Les pulsations s'étirent comme des baisers de caoutchouc, et les jingles nous rappellent que les percussions secouent également cette structure rythmique qui se débat comme le squelette d'un serpent qui renaît et qui veut à nouveau se manger. Et la voix d'Alina Godunov! Au début, j'étais ennuyé, voire agressé, par cette voix elfique qui faisait ombrage à une superbe musique. Rarement a-t-on entendu un Fryderyk Jona aussi agressif qu'ici. Mais après quelques écoutes, j'ai carrément embarqué dans cette union qui force nos tympans à décortiquer une musique puissante où les influences de Schulze sont nettement plus présentes dans une 2ième partie animée par de bonnes percussions et des accords de Groove. C'est très bon et la 3ième partie, quoique courte, est encore plus explosive. Du Under the Dome mariné à du Klaus Schulze dans une sauce Fryderyk Jona, ça fait tout un impact. Ajoutons la voix de Alina Godunov et on se dit que les chemins houleux du paradis, parce qu'il n'y a rien de très éthéré ici, ne sont pas loin.

Drift away with Love in the Galaxies est le petit chef d'œuvre! Là, les parfums de Schulze sont omniprésents dans une introduction aussi nébuleuse que texturée avec de larges vagues soniques qui embrassent un rivage cosmique. Titubant de ses séquences incertaines, la structure de rythme émerge après la barre des 3 minutes. On dénote deux mouvements distincts qui pétillent en symbiose d'une ligne flûtée. Un drap de brouillard perd ses crachins de voix amorphe et cette structure zigzagante, à laquelle se greffent d'autres éléments de rythmes dont une lourde ligne de basse ronflante, accentuent la lourdeur et finalement la vélocité pulsatoire du rythme. Nous sommes dans les paradis perdus de The Dark Side of the Moog avec cette rythmique Groove et ses effets cosmiques qui se défont en filaments stroboscopiques. Ce splendide titre évolue lentement, un peu comme si Jona nourrissait nos oreilles à la cuillère. Ralf Hübner attaque nos oreilles après la barre des 10 minutes. Ses solos sont ravageurs et déchirent la peinture des murs comme un certain Frank Dorittke. Ce sont ces solos qui donnent une dimension unique à Drift away with Love in the Galaxies qui amplifie son intensité alors que les minutes épuisent le bassin de nos émotions. Si la lente évolution se fait en douceur, la finale est explosive d'intensité et d'émotion avec une guitare et ses solos qui nous noient de ses larmes. Cette finale se jette dans la pièce-titre et sa structure aussi bondissante, à quelques nuances près, que celle de Music for your Eyes, artifices soniques en moins. Fryderyk Jona laisse plus de place à la voix d'Alina Godunov, qui est plus passionnée dans son approche basée sur l'improvisation, se faisant plus discret dans le développement de sa structure. Une structure qui flirtera pour un court temps avec les quiétudes d'un passage ambiant, donnant ainsi un second souffle à Outer Lands dont la finale est à la démesure de Klaus Schulze.

Difficile à apprivoiser, parce qu'assez loin de ses autres œuvres, OUTER LANDS vaut les efforts que nous mettrons à le découvrir. À cet effet, l'approche du Berlinois d'adoption mérite d'être souligné car il fait une très belle transition entre les voix et sa musique, de même que la guitare incisive de Ralf Hübner et ses synthés tout au long des 65 minutes de cet autre très bel album de Fryderyk Jona, même si composé et offert en dehors de notre zone de confort.

Sylvain Lupari (12 Janvier 2017) ****½*

Disponible au Fryderyk Jona Bandcamp

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