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Writer's pictureSylvain Lupari

FUSION OF ELEMENTS: Sessions in the Quantum Field (2021) (FR)

Ce premier cd du duo Belge rempli son complexe mandat avec justesse

1 Life inside the HL-LHC 12:12

2 Cyclotron 11:31

3 Exotic Particles 10:20

4 Through the Electron Clouds 17:05

5 Organised CHAOS goes out of Control 7:17

6 The Acceleration 14:49

(CD-R/DDL 73:16)

(Progressive Berlin School)

Fusion of Elements est un nouveau duo dans l'écurie de SynGate qui joint le style de MÉ classique de Syndromeda à la vision plus exploratrice mais fondamentalement mélodieux de Sensory++. Danny Budts et Joost Egelie font équipe afin de mette en musique la dégringolade et le chaos des éléments de l'accélérateur de particules le plus grand et le plus puissant du monde. Un défi qui me semble être à la hauteur des deux musiciens qui explorent autant les aspects harmoniques, pour Joost Egelie, et dramatiques, pour Danny Budts, possibles devant une telle collision dans le Grand collisionneur de hadrons (LHC). SESSIONS IN THE QUANTUM FIELD atteint la cible avec une créativité qui n'a d'égale que l'immense talent des deux musiciens Belge.

Une forte tempête disperse ses lignes de woosshh dans un firmament sonore où une onde de vieil orgue creuse les sillons pour les porter à nos oreilles. Des bruits bizarres comme usuels ornent cette ouverture atmosphérique de Life inside the HL-LHC qui se poursuit avec un effet d'amplification qui pourrait avoir la force pour perforer un trou dans une muqueuse tympanique. La force de ces vents atteint un zénith vers la 5ième minute où nos oreilles devinent une terre aride et abandonnée aux effets d'explosions magmatiques que nos deux amis musiciens doivent contenir en attirant notre attention vers un mouvement oscillatoire. Des tonalités organiques se collent à ce ballet pour ondes ondulantes qui semble charmer cette impassible nappe de voix chthonienne. Un autre mouvement, plus gros, plus lourd et fortement résonnant s'empare des ambiances et fouette le rythme pour une solide chevauchée rythmique vers une zone brulante. Un magma ambulant dont l'emprise fut illusoire, considérant cette cavalcade animée qui revient à cette forme d'oscillations tricotées serrées courant à vive haleine sous de monstrueux solos de synthé. Cyclotron propose un rythme mélodieux ancré dans son état minimaliste. Le pattern monte et descends avec des arpèges tintant comme des brindilles affolées dans une zone statique, assombrie par une dense nappe de voix absentes, de sourdes explosions et divers effets électroniques empruntées aux années analogues. Poussé par une ligne de basse, Cyclotron avance sournoisement, affichant plus de vélocité et créant une très belle option mélodieuse qui roule et ondule à l'ombre de ce mouvement qui semblait pourtant si anodin. Un beau Berlin School ambiant qui éjecte de beaux solos dans une finale étirant un dernier deux minutes de phase atmosphérique. Exotic Particles a aussi besoin de son bon 5 minutes afin de sortir les particules sonores des synthés et séquenceurs avant de sculpter un bon rythme analogue, très Edgar Froese en passant, un peu avant la 6ième minute. Je dis rythme, comme je pourrais aussi dire une chorégraphie électronique spasmodique idéale pour y coucher des airs du Moyen-Orient. Un moment génial trop court qui s'éteint dans une phase mélancolique avec un synthé qui refuse d'abandonner ses airs.

La douceur de cette finale trouve des repaires dans l'ouverture de Through the Electron Clouds. Cette lente et longue ouverture, on parle de 7 minutes environ, est par contre très musical avec un chant synthétisé que l'on devine et qui circule comme une ode azurée dans une chaleur analogue. Une très belle ouverture qui donne naissance à une éruption du séquenceur qui multiplie ses lignes de mélodies rythmiques galopant en boucles ascendantes. Des percussions ajoutent une touche plus animée autour de la 11ième minute, créant cette parfaite illusion de rythme stroboscopique vacillant et dérivant sous de superbes solos de synthé. Les percussions ont cette tonalité de carton qui est très décalé des percussions électroniques usuelles, injectant cette différence injustifiable qui est la rançon de la créativité. Through the Electron Clouds! Un immense titre du début à la fin. Organised CHAOS goes out of Control a ce lourd mandat de lui succéder. Et son approche nous ramène à l'illusion dramatique qui recouvrait notre perception depuis le début de SESSIONS IN THE QUANTUM FIELD. Le piano est d'une lourdeur nostalgique, un peu comme ce pianiste seul sous un ciel ravagé par un accident nucléaire. Il a la même hantise, comme la même crainte. L'effet est surréaliste avec une bonne dose de Blade Runner dans les ambiances, surtout en seconde moitié du titre. L'ouverture de The Acceleration souffle le chaud et le froid en partageant ses 8 premières minutes avec des ambiances aussi douces et musicales que dans Through the Electron Clouds à des souffles arides et rongés de poussières ocrées, qui parfois durent un peu trop longtemps comme dans Life inside the HL-LHC. Le rythme qui en sort autour de la 8ième minute est un des plus beau ici. Tant au niveau de sa violence que du dribblage de ses ions que de ses effets sonores percussifs qui nous mastiquent agréablement les tympans. Un rythme qui meurt un peu trop vite pour nous faire entendre en contrepartie un beau maillage de clavier et synthé dans une finale à la Vangelis.

SESSIONS IN THE QUANTUM FIELD est un album en deux temps. Un qui s'apprivoise facilement en criant ciseau, et un autre qui est plus complexe et qui demande quelques écoutes. Présenté en téléchargement 24 Bits, ce premier cd de Fusion of Elements rempli son complexe mandat avec justesse. Sombre, éthéré et harmonieux avec des sections rythmiques tout à fait uniques, SESSIONS IN THE QUANTUM FIELD trouvera assurément sa place dans la liste des meilleurs réalisations en 2021. Ne serait-ce que pour Through the Electron Clouds qui est un des plus beaux longs titres que j'ai entendus dernièrement!

Sylvain Lupari (08/05/21) ****½*

Disponible au SynGate Bandcamp

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