“Cette première collaboration offre un album plus onirique et nettement plus harmonieux que ce que Emmens a l'habitude d'offrir”
1 Vision of Mind's Eye - Overture (4:23)
2 Distinct Memories (8:20)
3 Reflective Orbit (7:48)
4 Call to Meghna (8:54)
5 Aural Empathy (7:20)
6 Incomprehensible Walk (7:52)
7 Illusory Reformation (11:20)
8 The Quiet Steps (8:08)
9 Vision of Mind's Eye - Finale (4:21)
Groove | GR-179
(CD/DDL 68:44)
(Cosmic Neetherlands School)
Après une brève introduction éthérée et amorcée par un gong Bouddhiste, Vision of Mind's Eye – Overture déploie un rythme lourd centré sur de bonnes frappes de percussions et un mouvement séquentiel, aux accords fluides et alternant aussi vivement que lourdement, qui ondule avec une symétrie quelque peu désordonnée, unique à l'univers musical de Gert Emmens. La voix céleste de Cadenced Haven, ainsi que les vents synthétisés, soufflent une délicate harmonie qui flotte en opposition avec ce rythme lent et lourd. Vision of Mind's Eye – Overture donne le coup d'envoi à un envoutant album aux délicates et mélodieuses approches atmosphériques soutenues par ces ingénieux mouvements séquentiels de Gert. Constamment tiraillés entre les ambiances morphiques et éthérées, qui forgent principalement les mouvements introductifs de chaque titre, LIFE IN A COSMIC HIGHWAY vacille entre l'ambiant et les rythmes poussés par séquenceur ainsi qu'un bon jeu de batteries qui entourent les suaves et oniriques approches des synthés ou de la voix de Cadenced Haven.
Distinct Memories en est un très bel exemple. Il s'agit d'une délicate ballade cosmique empreinte d'une poignante mélancolie forgée par des lamentations synthétisées. Des synthés poussant des solos aux sonorités de saxophones solitaires se faufilent à travers une brume mellotronnée, moulant de tendres arrangements orchestraux et se fondant aux grisailles de l'âme. Un fin mouvement séquentiel glisse sous cette structure et instaure un rythme flottant qui se dégage de son emprise stationnaire avec l'arrivée des percussions lourdes et claquantes, plongeant Distinct Memories dans une finale plus animée. Une structure similaire se retrouve sur Call To Meghna, dont les lentes et morphiques couches de synthé pleurent dans leur solitude, rappelant même Pie Jesus de Cocteau Twins sur des souffles synthétisés et des réverbérations émouvantes à la Vangelis, avant que cette tendresse morphique soit délicatement perturbée par un mouvement séquentiel qui épouse de sulfureux arrangements orchestraux et des suaves solos de synthé signés Gert Emmens. Voilà un superbe titre où les douceurs éthérées sont doucement éveillées par des séquences et percussions, comme dans Aural Empathy. De fines percussions métalliques claquent auprès de souffles synthétisés spectraux et Reflective Orbit plonge dans un rythme lourd et lent, agrémenté de quelques accords épars et de fins solos cosmiques. Des percussions impromptues, frappant dans du métal mou, troublent cette délicate approche autant mélodieuse que cosmique écartant quelque peu Reflective Orbit de son chemin harmonieux. Nous sommes dans le meilleur des mondes de Gert Emmens avec ses rythmes incertains qui perturbent une délicate approche cosmique alors que Reflective Orbit alternera son mouvement entre la douceur des synthés aux ondes flottantes, ses séquences limpides qui gambadent autour de beaux et doux mouvements éthérés et ses lourdes percussions qui dessinent une structure fragmentée mais toujours imprégnée d'une douceur astrale.
Incomprehensible Walk est un solide titre qui nous plonge carrément dans l'univers de Gert Emmens avec ses séquences et percussions divisant un rythme cosmique nourri de beaux solos qui survolent une autre structure synthétisée. Un titre complexe où séquences et percussions martèlent des bribes rythmiques qui reviennent toujours au bercail des harmonies cosmiques de Emmens. Les souffles de synthé envoûtants et symphoniques s'enlacent à de sinueuses réverbérations dans un univers musical où l'empreinte de Vangelis se fait sentir à nouveau pour ouvrir Illusory Reformation. Une douce et rêveuse intro qu'une lourde séquence pianotée fait basculer de son mouvement ascendant et ondulant vers autre séquence plus agile et limpide. Une séquence à la Tangerine Dream qui entrecroise une basse pulsation hypnotique et entraîne Illusory Reformation vers une structure rythmique plus fluide, nourrie de séquences fractionnées qui sautillent dans une douce frénésie auprès de sobres percussions, d'une ligne de basse aux gros accords grincheux et d'une dense enveloppe mellotronnée. C'est un superbe mouvement minimaliste très vivant qui niche auprès de beaux solos d'un synthé hybride, alliant sobriété et audace. The Quiet Steps est une autre petite perle musicale qui s'épanouit sur un rythme lourd. Un rythme où les percussions et séquences moulent une structure lente mais passionnément animée, comme chacune des pièces de LIFE IN A COSMIC HIGHWAY. L'approche séquentielle étale ses longues boucles papillonnantes qui encerclent les rythmes de Gert Emmens, soutenues par de fines percussions aux sonorités de verre et de lentes torsades synthétisées qui ajoutent un brin de romantisme cosmique à la musique du synthésiste Néerlandais, alors que le rythme s'évanouit et que The Quiet Steps ne réintègre la tranquillité de son intro. Vision Of Mind's Eye - Finale clôture l'album avec une version plus morphique et cosmique que la pièce introductive, nous amenant aux souffles très romanesques de synthés aux sonorités de Vangelis que nous retrouvons sur Call To Meghna.
Cette 1ière collaboration Emmens/Haven offre un album plus onirique et nettement plus harmonieux de ce que Gert Emmens a l'habitude d'offrir. Quoique j'affectionne les rythmes imprévisibles de Gert Emmens, je dois admettre que LIFE IN A COSMIC HIGHWAY dépasse mes attentes, moi qui croyais entendre Cadenced Haven envahir l'univers d'Emmens. Non! En lieu et place on a droit à un habile maillage d'idées, de rythmes et de mélodies centralisés sur l'unique univers séquentiel de Gert Emmens. Différent car plus mélodieux et onirique, LIFE IN A COSMIC HIGHWAY n'éteint en rien la créativité de Gert Emmens qui se sert plutôt bien de la sensibilité de sa douce moitié pour forger un album où les rythmes épousent à merveilles les douceurs astrales de Cadenced Haven. Très bon et surtout très Emmens!
Sylvain Lupari (11/09/11) ***½**
Disponible chez Groove nl
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