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Writer's pictureSylvain Lupari

GERT EMMENS: Metamorphosis (2010) (FR)

De belles mélodies sur des rythmes ambigus et des séquences en mouvements, c'est un très bon album de Gert Emmens

1 Strategem of Morality 14:16

2 Collision 17:55

3 Empathy 7:07

4 Emotive Disparity 2:26

5 Pace of Voyage 15:36

6 Opaque Divergence 16:06

(CD/DDL 73:39)

(Progressive Netherlands School)

METAMORPHOSIS est le reflet d'un mur translucide sur le développement et son point culminant d'un modèle d'une vie est conçue selon la volonté de la nature. Pour son 10ième album sur Groove, Gert Emmens ne fait pas dans la dentelle et offre un album concept où la mélodie est le message de la conscience. Et son dernier album est truffé de mélodies. Des mélodies arrimées à des séquences lourdes qui aiment dériver dans un environnement sonore analogue. Remué par une nouvelle foi et une nouvelle passion, Gert Emmens se fait messager de ses nouvelles valeurs en nous offrant un solide album dont la musique dessine un merveilleux conte sur la pensée magique.

Strategem of Morality ouvre METAMORPHOSIS avec une lourde intro atmosphérique. Un dense bouillon sonore où mitonnent d'hybrides laves synthétisées dont les couches s'entrecroisent parmi de sinueux solos de synthé. Des solos dansant lascivement dans une sombre Genèse électronique dessinée de longilignes ondes torsadés, de pads hésitantes et de stries réverbérantes qui survolent des nappes de synthé stationnaires ainsi qu'une lointaine ligne du séquenceur. Une ligne feutrée qui anime peu à peu les larves statiques de Strategem of Morality. Une autre séquence sautille à pas de loup, laissant ses traces réverbérantes formées une cadence qui amplifie délicatement son rythme sous une nébuleuse brume mellotronnée. Vers la 7ième minute le rythme s'installe avec un mouvement séquencé aux accords et tonalités hybrides qui est soutenu de percussions électroniques. Ces percussions martèlent une mesure croissante sous un firmament truffé de fins solos de synthé torsadés. Le rythme progresse avec cette architecture sonore et dévie délicatement vers une structure plus éthérée avec de délicats accords de claviers qui tintent parmi ceux du séquenceur. Ce furtif mouvement qui sautille à pas de loup est la pierre angulaire des rythmes entrecroisés sur METAMORPHOSIS. Collision en est un bel exemple. Après une intro éthérée, le rythme subit une transformation par un mouvement séquencé venu de nulle part. Les accords sautillent avec un genre d'hésitation, accompagnés d'un synthé aux strates de verres suspendues et aux solos coulants. La cadence devient plus insistante et module une structure ascendante d'où s'échappe des accords doux sonnant comme une guitare. Et ainsi va Collision! Entre des rythmes soutenus et des passages atmosphériques, les séquences du synthésiste Hollandais créent des rythmes minimalistes et hypnotiques. Des rythmes qui amènent Collision vers une finale décorée de splendides solos qui s'entortillent autour des mesures arythmiques du séquenceur uniques à Gert Emmens. Empathy est coulé dans le même moule, excepté pour ses solos spectraux qui sifflotent au-dessus des nerveuses séquences bondissantes en introduction. Plus court, il évolue de rythmes en ambiances avec des solos de synthé qui voltigent par-dessus un univers de séquences en constante interversion.

Après le planant Emotive Disparity, Pace of Voyage initie son conte musical avec une course effrénée du séquenceur qui est et pimentée de solos d'un synthé poétique. Un solo strident désarçonne le rythme, plongeant Pace of Voyage dans un bref passage indécis avec une séquence lourde et lente qui se dandine sous les nappes d'un synthé penseur. Plus lent et plus lourd, le rythme embrasse une structure éthérée avec des cymbales qui papillonnent auprès des accords d'un clavier tout aussi songeur. Le séquenceur tente de reprendre sa course folle sous les souffles d'un synthé fantomatique, sauf que le rythme s'affaisse et nous plonge dans une douce ambiance cosmique avec des strates qui valsent dans l'obscurité du néant. Un court moment ambiant que des séquences nerveuses et trépidantes abrogent avec une structure rythmique circulaire et stationnaire. Ce rythme palpite sous les ondes et solos d'un synthé angoissé qui est aussi accompagné d'une chorale et d'une brume mystique d'un mellotron rêveur. Flottant dans cette brume éthérée, le synthé sifflote et chante des solos accrocheurs, alors que Opaque Divergence palpite de ses premiers balbutiements. Les solos et souffles de synthé se dandinent tels des séquences ouatées, augmentant graduellement une cadence qui subtilement galope avec discrétion dans une brume cosmique. Alourdie, la séquence titube pour créer un rythme lent qui ondule avec lourdeur parmi des spasmes d'un synthé hésitant et des accords fluides qui coulent comme ceux d'une guitare. Une étrange marche électronique s'ensuit, survolée par d'infimes stries et de brefs solos avant que le rythme lourd ne se dessine. Un rythme envoûtant et martelé par de bonnes percussions, alors que la structure dévie comme un ballet cosmique sous de suaves solos d'un synthé enchanteur qui berce notre imaginaire depuis que l'on s’est attaché au doux univers musical de Gert Emmens.

Rythmes ambigus sur des séquences en constantes permutations et assiégés par de belles mélodies, METAMORPHOSIS est du très bon et du grand Gert Emmens. Un album complexe de par ses rythmes imprévisibles et où les mélodies se collent à des mouvements séquencés tantôt circulaires et tantôt progressifs. Un des bons albums de 2010! Mais êtes-vous surpris?

Sylvain Lupari (06/01/11) *****

Disponible chez Groove nl

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