“Urban Decay est un petit hors d'oeuvre pour ceux qui espéraient bien plus avec Signs”
1 Urban Decay Part I 10:42 2 Urban Decay Part II 12:42 3 Urban Decay Part III 8:51 4 Urban Decay Part IV 12:28 5 Urban Decay Part V 14:27 6 Urban Decay Part VI 9:16 Emmens-Heij | EH-009
(DDL 68:26) (Netherlands School)
Une sourde implosion étend un voile de réverbérations sombres dont les pulsations enivrent une faune sonique organique. Une vive ligne de séquences libèrent des ions qui gigotent vigoureusement dans ce surréaliste décor électronique industriel où de bons arrangements, assez théâtrales, harmonisent sons, séquences et orchestrations. Avec son rythme stationnaire, orné de séquences qui papillonnent comme des mouches sur des stéroïdes, Urban Decay Part I nous amène littéralement dans les terres de Lost in the Swamp. Composé justement un peu après ce 6ième opus de Gert Emmens et Ruud Heij, URBAN DECAY est un petit hors-d'œuvre que le duo offrait à ses fans en format téléchargement tout de suite après la musique très atmosphérique de Signs. Et on retrouve avec joie cette sonorité unique au duo avec une structure de percussions, dont de très enivrants effets de crotales ici, et de séquences vivantes et agitées qui jette les bases de bon rock électronique cosmique et mou. Mou! Parce que si nos jambes ne dansent pas, nos doigts pianotent avec le mouvement agile des séquences de Ruud Heij et notre tête se dandine sur cet effet de rythme ondulatoire qui va et vient, monte et descends dans une mosaïque électronique riche en tonalités connexes où les riffs du clavier et ceux de la six-cordes dissout leurs charmes dans les harmonies de ce synthé si unique à Gert Emmens. Un synthé qui est imbibé d'un parfum de nostalgie bluesy. Si les structures de rythmes séquencés sont quasi identiques, les ambiances stigmatisent les empreintes de chaque titre. Urban Decay Part II mélange les délicieux parfums nébuleux de Tangerine Dream et de Vangelis avec de belles lignes de synthé alors que les séquences, toujours aussi vives, décrivent d'amples boucles oscillatrices qui désarticulent ses squelettes sous les picorements des percussions. Et que serait la musique du duo Hollandais sans ces adoucissements des rythmes, sinon ces interruptions, afin de nous faire dériver brièvement à travers nos hémisphères? C'est encore un des charmes de URBAN DECAY où les mouvements de séquences s'évanouissent, comme ici, dans un festin intersidéral. Urban Decay Part III se distingue avec une insaisissable structure de rythme. Les séquences pistonnent un rythme vif et linéaire, la ligne de basse chahute un rythme à la limite du groove et les percussions trimbalent une indice de jazz. C'est un alliage assez spécial qui donne par moments des airs de rythme pour film d'action. La beauté de la chose est cette autre figure de séquences qui harponnent cette structure avec de voraces mouvements de gobage, donnant ainsi une belle profondeur à une structure qui aurait pu facilement dépasser ses 9 minutes tellement l'originalité du rythme était au rendez-vous. Même si la structure des séquences bonifient une approche très électronique, le rythme toujours ondulatoire et fixe de Urban Decay Part IV embrasse un peu les influences de Gert Emmens pour la musique un peu plus progressive. La guitare sculpte un bon duel avec le synthé, tout en maintenant un langage assez électronique. Urban Decay Part V est le titre qui se démarque le plus, et le mieux, dans l'album. Sa brume, évaporée par de beaux arrangements, étreint le mouvement croissant des séquences avec tellement d'intensité que c'en est assez poignant. Le galop des séquences, qui chevauchent une plaine sonique farcie d'ornements fantasmagorique, moule un genre de slow tempo pour rêveur et amoureux. Le rythme croit lentement avec un effet de gravité dans les séquences qui étendent maintenant une approche de plus en plus théâtrale. Comme une catastrophe annoncée! Les percussions alourdissent le rythme qui atteint une bonne vélocité bien tempérée, épousant même une structure de rock électronique, avec des séquences bien juteuses qui étendent à merveille les arches des réverbérations de leurs ombres. Les riffs de guitare structurent une approche assez Dave Gilmour et le synthé de Gert Emmens tient haut la route avec de superbes solos plein de voltiges et de cabrioles, ils seront encore plus incisifs dans le très entraînant Urban Decay Part VI, faisant ainsi rejaillir encore plus la beauté de la MÉ de Gert Emmens et Ruud Heij qui offraient avec ce URBAN DECAY un beau petit cadeau de pardon à ceux qui ont eu de la difficulté à passer à travers Signs. C'est un bel album de MÉ avec quelque bijoux. Un album qui a failli rester secret et qui est maintenant disponible en format de téléchargement.
Sylvain Lupari (15/08/15) ***½**
Disponible au Emmens & Heij Bandcamp
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