“La chronique est longue? C'est que l'album le mérite!”
1 Wanderer of Time - Part 2 17:50
2 About Aliens who Appeared to be Time Travelers 12:03
3 Seaside Encounter 5:25
4 A Warning from the Other Side 17:20
5 Your Future self is Watching you 7:49
6 The Moment it Becomes Present, Future Reveals Itself 14:59
7 To Those who Never Returned 3:24
(CD/DDL 78:53) (Berlin School)
La chronique est longue? C'est que l'album le mérite!
Une sourde explosion et ses irradiations nous propulsent vers le voyage de Wanderer of Time - Part 2. Dès que les pads de synthé se posent, on reconnait ce son si typique au synthé de Gert Emmens. Les réverbérations de l'explosion s'étirent tout près de la 3ième minute lorsque le séquenceur, aussi si caractéristique à notre ami Gert, fait dandiner ses ions pensifs. Les bancs de brume s'intensifient, alors qu'une seconde ronde de séquences sautillent dans les sillons de la première et que des solos de synthé prennent une teinte de sifflements intergalactiques. Toujours ensorcelé dans ses denses parures cosmiques, Wanderer of Time - Part 2 accumulent ses effets décoratifs, comme d'autres bons solos signés Emmens, ajoutant une profondeur harmonique à cette ouverture que des notes de piano rendent plus dramatique 30 secondes après la 5ième minute. Les séquences trainent une tonalité flûtée depuis quelques minutes, témoignant de cette profondeur qui entoure la musique du musicien-synthésiste Hollandais. Et ainsi va Wanderer of Time - Part 2! Séquences rythmiques et harmoniques, éléments dramatiques, gazouillis d'oiseaux électroniques et ondes de brume interstellaire, son rythme lourd et lent dérive avec ce piano qui vient des fois ajouter son impact cinématographique. C'est un des très bons titres de Gert qui ajoute sa dose de nostalgie avec un sobre chant du synthé, qui y va pour une autre tonalité, après la 10ième minute. Les ambiances grondent et amènent le titre vers sa seule mutation un peu avant la 13ième minute. Cette fois-ci, les ions séquencés ont une tonalité limpide et ondulent oisivement en suspension jusqu'à s’arrimer aux élans en claquettes des percussions. La basse bourdonne en cachette et se marie bien aux riffs de clavier tombés inopinément. Ces deux éléments sculptent un succulent down-tempo où s'échoient de splendides solos de synthé avec ce parfum d'une fusion sax-trompette qui rend l'univers de Gert Emmens si unique. Quel bon titre pour débuter TIME PORTAL CHRONICLES en force! Ce nouvel album de Gert est sur le concept de voyager dans le temps. Le Cosmos et ses intrigues para-cosmiques n'ont plus de secret pour notre ami qui transpose assez bien en musique ce que les titres signifient. Pour cet album, il fait traverser le voyageur de Wanderer of Time jusqu'ici avec le titre Wanderer of Time - Part 2. Ainsi, nous sommes en mesure de constater la fulgurante évolution, tant au niveau du son et de la composition, entre le Gert Emmens des années 2000 à celui des années 2020.
Difficile de survivre à un titre aussi solide que Wanderer of Time - Part 2. Dans une structure aussi évolutive, About Aliens who Appeared to be Time Travelers se présente avec une brume métallisée dont les souffles argentés sont nuancés par des accords de clavier. C'est à deux minutes plus loin que le séquenceur fait déhancher ses ions résolus dans une ténébreuse ambiance réactivée par une très bonne ligne de basse. Le rythme qui en découle est fluide avec une envie de rouler en mode Berlin School copieusement arrosé de solos d'un synthé en mode Jazz. J'aime le rythme, et son apparence! Il est très solide et entrainant dans un décor cosmique donc seul Gert à la marque de crayons pour le concevoir. Des bruits de vagues caressant la plage sont à l'origine de Seaside Encounter. Les ballades de Gert ne sont pas comme les autres. Enrichis d'une belle création artistique, elles coulent avec cette tonalité dans les séquences qui la rende harmonieuses. Celle-ci est tout simplement magnifique. Un ver-d'oreille qui se colle à nos tympans assez facilement! On arrive à un autre long chapitre musical avec Warning from the Other Side. De brises et de vents cosmiques, son ouverture est aussi conçue dans les bruits industriels d'une navette spatiale. C'est quelque 3 minutes plus tard qu'une structure de rythme, sautillant avec une approche débonnaire, fait entendre la multiplicité tonale au niveau du séquenceur. Minimaliste, il sied bien la présence des solos de synthé et de ces couches d'harmonies brumeuses qui viennent d'une autre planète. Les solos ont cette teinte chaleureuse unique à l'univers Emmens. Ils vont et viennent sur ce rythme cahotant et minimaliste qui doit prendre un premier pont d'ambiances autour de la 9ième minute. On dérive avec des nappes orchestrales bien collées à une ligne de basse désireuse d'un rythme plus sauvage. C'est ce qui se produit autour de la 11ième minute. Le mouvement du séquenceur est vif avec des séquences courant en zigzag sous d'épaisses nappes de brume et des effets sonores menaçants. Les couches de brume deviennent des éléments harmoniques en coulant comme des orchestrations guidées par des violonistes absents. Le rythme est du pur Berlin School aromatisé de riffs de clavier qui deviennent de plus en plus endémique, noircissant ce paysage sonore d'inquiétude.
Rythme lent, clopinant même parfois avec des bruits et effets organiques, Your Future self is Watching you explore le côté ambiguë des ballades cosmiques du synthésiste Hollandais. Tournoyant comme ce carrousel sans but, il exporte une faune tonale qui borde les limites du psybient avec des solos remplis de mélancolie. Ondes et ombres intrigantes nourrissent le firmament musical de The Moment it Becomes Present, Future Reveals Itself. On y entend bien scintiller les étoiles, mais un peu moins que ces ondes de réverbérations qui creusent le paysage sonore du titre d'un voile de manigances, de trucs peu enviables à venir. C'est de ce panorama que s'extirpe un mouvement ascendant du séquenceur un peu avant la 3ième minute. Ces ions qui montent et redescendent dans un style pur Berlin School s'appuient sur des percussions avant de prendre une tournure inattendu 60 secondes plus tard. L'univers Emmens est rempli de ces rythmes inhabituels qui prennent dans tangentes peu coutumières dans une vision à la fois exotique et entraînante. Celui-ci est tout simplement parfait! Monte et descend avec des passages plus rocks qui sont nourris de bons solos de synthé et/ou du décor post-apocalyptique de Gert, ce rythme franchit la distance de 7 minutes avant d'être happé par un trou noir et ses vents arides. Des oscillations en ressortent pour papillonner de leurs grosses ailes agiles, plongeant les destinés de The Moment it Becomes Present, Future Reveals Itself dans une finale où il se bat à force inégale. Nous sommes rendus à la fin de TIME PORTAL CHRONICLES avec les ambiances mortuaires de To Those who Never Returned. Ce titre ambiant à la mine déconfite fait voyager les nappes d'orgues et de synthé comme un dernier discours à ceux qui ne reviendront jamais. L'intensité de la douleur à l'âme est aussi soutenue que le Dernier Rendez-vous: Ron's Piece, battements en moins, de Jean-Michel Jarre et l'excellent album Rendez-Vous.
Gert Emmens continue de nous faire voyager à travers ses différentes capsules cosmiques, dévoilant des panoramas musicaux qui ont toujours quelques choses de nouveaux à nous faire entendre. TIME PORTAL CHRONICLES est rempli de ces nuances qui nous font sursauter, le sourire aux lèvres. Car oui, nous avons un excellent album. Un album où le séquenceur érige ses palettes de rythmes aux tonalités toujours aussi envoûtantes que ces solos de synthé qui nous font rêver à un Cosmos tout beau, tout bleu. Et son contraire, avec des ambiances où je ne mettrais même pas le chaton de ma chatte dehors!
Sylvain Lupari (05/06/21) ****½*
Disponible chez Groove NL
Comments