“Higher Green Session est dans la même veine d'excellence pour les aficionados qui ne sont jamais repus du très bon Berlin School”
1 Higher Green Session Part One 14:47 2 Higher Green Session Part Two 13:21 3 Higher Green Session Part Three 11:43 Retrochet Records | rr107
(CD-r/DDL 39:49) (Berlin School)
Graham Getty est résolument devenu synonyme d'excellence dans les cercles des aficionados de MÉ de style Berlin School. On le savait fortement inspiré par le modèle Tangerine Dream des années Schmoelling. Mais à la lumière des derniers albums de Perge, on le sent de plus en plus à l'aise avec une incursion dans le genre plus rétro. Le genre des années 70. Après son association avec Michael Neil, pour l'excellente série Retrochet, et Matthew Stringer, pour les albums de Perge, le synthésiste Anglais se donne des nouvelles cartes dans son jeu dans cette association avec Stephan Whitlan, un vétéran musicien de Sheffield guidé par de fougueux mouvements de séquences où mélodies et solos de synthé restent l'apanage de son approche musicale. Les deux musiciens se sont rencontrés pour une session de MÉ impromptue qui fut enregistrée le 30 Décembre 2013. HIGHER GREEN SESSION est le fruit de cette rencontre...
Des cliquetis d'acier picorent la quiétude des larges bancs de nuages soniques qui dérivent et ondoient avec leur chargement d'ondes pastorales et de prismes multicolores. Le mouvement de ces cliquetis devient plus saccadé, alors que d'autres fragrances soniques s'échappent d'entre les interstices des synthés qui sont toujours en mode ambiant/flottant. Et peu à peu, ces cliquetis se transforment en mouvements brusques qui propulsent Higher Green Session Part One vers un rythme entêté qui monte et descend dans une figure aussi syncopée qu'un train qui roule sur les vallons d'une plaine aux horizons infinis. À prime abord hésitant dans son enveloppe de techno pour zombies marinés qui est ancrée sur un sobre maillage de percussions et de basses pulsations, le rythme embryonnaire de Higher Green Session Part One prend une voie hésitante avant d'exploser pour un rythme plus soutenu avec l'ajout des séquences dont les clignotements qui grésillent comme des mouches à feu électriques ajoutent un poids industriel au rythme très Berliner de Higher Green Session Part One et de Higher Green Session Part Two, puisque les deux structures épousent les même parallélismes rythmiques. On tape du pied bien plus que l'on roule du cou avec ce rythme qui rappelle les brèves explosions des mouvements de rythmes et de séquences de Tangerine Dream, période Rubycon à Phaedra. Minimaliste comme le trajet d'un train linéaire, le mouvement des deux structures resplendit d'une faune sonore quasi identique. Si Higher Green Session Part Two continu sa route sans interruptions majeures, Higher Green Session Part One reste tout autant inondé de brume gothique qui flotte comme des gants d'ouate iodée sur un mouvement qui perd son entrain vers la 9ième minute. Moment où le rythme reste accroché à une séquence qui pilonne comme un unijambiste qui veut absolument rester debout et où des variations, tant dans le ton des nappes des synthés que des séquenceurs, restructurent finement les harmonies ambiantes de Higher Green Session Part One vers un genre plus musicale où des accords de clavier un peu organique et séquences remplies de bruissements métalliques hésitent à structurer une structure plus harmonique. Ces 2 titres vous rivés vos oreilles à vos écouteurs. Higher Green Session Part Three débute avec des accords qui dansent un cha-cha ambiant, comme dans une chorégraphie très désordonnée. Des battements de percussions batifolent comme des roulements moqueurs qui accompagneront une structure plus électronique où des nappes d'orgue flottent avec ces doux parfums d'éther. Peu à peu, le rythme redevient aussi saccadé que dans les 2 premiers chapitres HIGHER GREEN SESSION. Sauf qu'ici, l'illusion d'un train, même si toujours perceptible, est doucement enterrée par une armada de battements très chaotiques d'où s'échappent des lignes de rythme plus rebelles et plus séduisantes qui épousent la structure mélodique des nappes d'orgue et des effets de synthé. Nettement plus progressif dans son approche, Higher Green Session Part Three trouve justement son charme dans ces nappes qui nous font voyager dans le temps, alors que la structure de rythme reste toujours tant insaisissable que les charmes de ses multiples battements aussi aléatoires qu'un déraillement d'un train fantôme.
Afin de bien situer le lecteur, j'ai écrit cette chronique après avoir eu vent de la collaboration Getty/Whitlan lorsque Even Higher Green est apparu sur Bandcamp en Mars 2016. Je savais d'ores et déjà que HIGHER GREEN SESSION avait une suite. Donc ma conclusion peut vous sembler biaisé, mais je crois que l'essentiel aurait été la même. Donc, pour un album fait dans l'improvisation, HIGHER GREEN SESSION démontre que ses deux créateurs étaient définitivement sur la même page. On sent une délicate permutation, une tranquille interversion qui alimente la fureur passive de ses deux premiers mouvements alors que le troisième laisse libre cours à l'identité de deux musiciens qui se découvre dans le plus grand des respect qu'ils ont l'un pour l'autre. Et oui, j'aurais écrit: J'espère qu'il y aura une suite! Comme avec Michael Neil et comme avec Matthew Stringer.
Sylvain Lupari (23/03/16) *****
Disponible au Graham Getty Bandcamp
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