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Writer's pictureSylvain Lupari

GRAUGLANZ: Zuflucht (2020) (FR)

Construit autour de 7 titres, l'album se concentre sur des approches rythmiques envoûtantes qui tourbillonnent sous de riches textures sonores

1 die sehnsucht nach leere 8:01

2 dunkeldüsterwolkenschwer 9:47

3 die kreatur hebt den blick zum himmel 20:06

4 von der qual und dem lohn 17:00

5 innerwärts 10:04

6 und das herz geht auf und ab 10:48

7 heimkehr 8:33

(CD-R/DDL 84:23) (V.F.)

(Electronic Music, Berlin School)

C'est par le biais d'une radio Allemande que Bernd Scholl à découvert la musique de Grauglanz. Après de brefs échanges téléphoniques, MellowJet Records avait une entente afin de produire sur CD-R HQ la discographie officielle du musicien de Essen. Et ça débutait avec ZUFLUCHT, dernier album qui a été officiellement disponible à la fin 2019 sur le site Bandcamp de cet artiste indépendant. Parallèlement, un Best of a été mis en CD-R par le label Allemand, Grauglanz - Elected Pieces. La qualité sonore est très bonne avec une production nette et précise de 24 Bits. De quoi retourne la musique de Grauglanz? Je vais me contenter de parler de ce ZUFLUCHT qui dépasse la capacité d'un CD avec 84 minutes et des poussières à son compteur. Construit autour de 7 titres, l'album est concentré sur des approches rythmiques obsédantes. Rien de compliquer! Des lignes de rythmes qui, pour la plupart, tournoient avec des éléments minimalistes conçus par un maillage de basses pulsations, de séquences et de percussions électroniques. Vous avez remarqué que les titres sont longs? Effectivement, mais les développements restent minimalistes avec des pointes de vélocité contenues dans une vision monomaniaque. Donc, il n'y a aucun débordement d'un train Berlin School! C'est au niveau d'une fusion rythmes et ambiances que tout se passe. Afin de mieux vous situez, je pense entre autres à l'univers de Johannes Schmoelling, en début de sa carrière en solo, que j'identifie le mieux la musique de ZUFLUCHT.

Timidement, die sehnsucht nach leere prend vie avec une note dont la franche écho relaye son ombre qui devient de plus en plus insistante. Des percussions, semblables à ces coups du gargoton que les rappeurs font, imitent le coup de la pendule et forgent un rythme stable qui accueille des nappes de synthés gorgées de poussières blanchâtres. Ces nappes deviennent le principal attrait harmonique pour une structure lente qui conserve ce motus operandi jusqu'à sa finale. Comme premier titre, je n'ai pas grimpé dans les rideaux! C'est sobre et bien fait. Mais en même temps, il y a un truc qui nous fait accrocher à la musique de ZUFLUCHT et qui va perdurer jusqu'au dernier soupir de heimkehr. C'est à la troisième écoute que j'ai vraiment accroché à cet étrange ouverture mortuaire de dunkeldüsterwolkenschwer. Encore ici, la base de rythme est structurée sur le principe de 5 coups de pulsations/percussions qu'une ligne du séquenceur vient entourer par une présence juvénile et circulaire. Cette roue rythmique se développe avec plus de vélocité, emportant cette nappe funeste qui reste accrochée depuis l'ouverture de ce titre imprononçable pour moi. Donc, le rythme sautillant avec naïveté niche dans une riche faune tonale qui privilégie une approche ambiante active avec des séquences et basses pulsations qui pétillent en stigmatisant une approche statique. Le titre est assez obsédant au niveau de son évolution avec une sensation qui me fait penser à Johannes Schmoelling dans l'époque Wuivend Riet. Idem pour von der qual und dem lohn, mais en attendant die kreatur hebt den blick zum Himmel propose une ouverture ambiante avec des larmes de synthé pleurant comme dans les harmonies d'un Thérémine. Une longue structure de rythme conçue sur le titre précédent, mais avec une lenteur d'escargot trop obèse, débute lentement avec des bonds coordonnés en mode rythme ambiant. L'enveloppe est principalement représentée par un synthé et ses larmes dans une introduction au pays des rêves organisés. La structure devient nettement plus active après avoir franchi la porte des 10 minutes. Profitant de ses effets d'écho et de boucles symétriques, elle active un très bon rock cosmique qui me fait littéralement taper du pied dans un environnement farci de lignes aux couleurs plus sibyllines que séraphiques et de pétillements d'accords et de riffs de clavier qui meurent et naissent dans une confusion relativement confortable à l'oreille. Ces accords autant mélodiques que rythmiques restent dans le même axe rotatoire de ce rythme ambiant qui reste coiffé par des ondes circulaires, jetant une aura de fantasme noir sur ce long titre qui prend sa route inverse vers la 16ième minute.

Dans un canevas quasiment identique, von der qual und dem lohn étale ses 17 minutes dans une structure minimaliste qui tranquillement met à jour sa vélocité croissante depuis la 7ième minute. Des percussions se sont greffées à cette spirale rampante avec la noblesse d'une bonne ligne de basse. De très beaux effets organiques pétillent aussi dans ce décor qui continue à mettre de la pression sur nos valeurs obsessionnelles. Songé sur des nappes et des larmes de synthé spectrales, innerwärts s'arrime au concept de rythme lent et doux, jamais exploité jusqu'ici. Envoûtant, ce slow tempo accueille les multiples accords venant de partout, dont ces riffs ambiants d'une guitare isolée qui ajoute ainsi une autre couleur tonale à la palette déjà bien garnie de ZUFLUCHT. J'ai une vision des rythmes tribaux de Ashra faisant la fête ambiante dans une autre planète lorsque j'entends und das herz geht auf und ab. Le rythme bondissant est structuré plus sur les harmonies du synthé, qui ululent comme ceux d'une guitare, de même que de multiples accords rythmiques qui roulent en boucles et sautillent dans une enveloppe sphéroïdale. J'ai moins accroché ici et j'ai même trouvé und das herz geht auf und ab un peu long. On reste dans cette zone de Space Funk à la Ashra et Robert Schroeder avec heimkehr. Un titre véritablement animé par une structure dansable, genre un frotte-bedaine cosmique, où une tendance Funk se transforme peu à peu en rythm'n'blues cosmique. Et ça termine un album en nous faisant dire que son auteur à d'autres choses que des structures minimalistes, très obsédantes en passant, à offrir à nos oreilles.

Sylvain Lupari (02/09/20) *****

Disponible chez MellowJet Records

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