“GROBEK I est un superbe album où la complexité reste accessible avec cette fascinante vision rythmique de Jörg Erren et Christian Steffen”
1 Elements 5:22
2 Gravity 4:34
3 Goeree Overflakkee 8 8:01
4 Tadpole 6:27
5 Time Marches On 6:09
6 Polarity 8:58
7 Contention 5:44
8 Upstream 6:36
9 Conclusion 5:54
(DDL 57:50) (V.F.)
(Sequencer-based Berlin & Düsseldorf School)
GROBEK! C'est quoi et qu'est-ce que ça mange? Aucune idée, mais ça fait de la foutue bonne musique électronique. Vous vous souvenez d'EFSS? C'est à la fesse gauche de ce quatuor que nous devons ce brillant GROBEK I. Disponible en téléchargement uniquement, cet opus de 9 titres étendus sur près d'une heure de MÉ est le fruit d'une collaboration entre Jörg Erren et Christian Steffen qui se rencontrent occasionnellement depuis le début des années 2010 à Ouddorp. Cinq albums sont sortis de ces sessions de jam planifiés, dont le dernier Tidal Shift l'année dernière regroupait les 4 membres; Erren, Fleißig, Schöttler & Steffen. Le point central de ces 5 albums est Jörg Erren qui a participé à tous les albums, soit 2 avec Von Hallgath et 3 avec EFSS. Moins complexe que Tidal Shift, GROBEK I offre une palette de rythmes qui flirtent entre le Berlin School et la Düsseldorf School.
Des particules sonores sautillent en ouverture de Éléments. On remarque aussitôt la saveur analogue de la musique avec ces bonds élastiques qu'une première vague sonore tente de ralentir. C'est le contraire qui se produit. Assisté par de superbes effets percussifs et de cette voix désarticulées qui récite un poème en hoquetant, le rythme reste riche et dynamique. Des couches de synthé, aux couleurs très Tangerine Dream se juxtaposent à cette superbe structure spasmodique difficile de danser dessus, mais totalement entraînante. Les effets sonores abondent avec une insertion qui tient compte de la richesse déjà existante qui entoure le rythme primaire. Si le rythme est entraînant, la mélodie est du genre rythmique et s'écoute plus qu'on peut la siffloter. À tout le moins ici! Il se passe beaucoup de choses en moins de 6 minutes dans Éléments qui est très représentatif, exception faite du très ambiant Tadpole, des structures élaborées avec soin et détail de GROBEK I. Et ce n'est pas un hasard puisque les sessions ont eu lieu en Janvier et qui ont macérés près de 5 mois dans les mains de Jörg Erren, Christian Steffen et de Jochen Schöttler qui en a fait le mastering et la production, en plus d'avoir conçu cette intense pochette noire. Les séquenceurs tricotent des noyaux rythmiques complexes avec deux à parfois 4 lignes de rythmes lorsque les percussions électroniques se mettent de la partie. Gravity propose un rythme plus robotique avec des bruits de caoutchouc qui me font penser à du Kraftwerk. Une mélodie vampirique tente sans doute de séduire ces oblongs souffles lugubres circulaires qui tournoient comme le morose œil d'un phare. Des éléments saccadés s'invitent dans cette structure, qui peut sembler être comme la course d'un train, alors que d'autres éléments plus décoratifs ornent cette randonnée dans un tunnel dont la destination pourrait bien être la gare Méphistophélès…
Goeree Overflakkee 8 offre sa structure bondissant comme une panthère sur le THC dans une enveloppe imprégnée de pads à la Jean-Michel Jarre et Tangerine Dream. Minimaliste, la structure rythmique est songée autour d'une amalgame de lignes qui respirent le même air mais qui l'expire différemment. C'est un très beau titre qui va plaire aux nostalgiques des années 70. Après la phase ambiante de Tadpole, Time Marches On reprend la route rythmique avec une structure qui est un cours sur l'art de construire des rythmes minimalistes avec plusieurs ingrédients, tant rythmiques que mélodieux, qui s'imbriquent pour devenir une longue membrane spasmodique. Les solos de synthé sont tendres et chaleureux avec une tonalité des années d'or de la MÉ. Polarity est tout simplement génial avec sa structure motorique et une autre qui fait résonner deux coups de percussions électroniques dans un pattern rythmique qui se gonfle d'une autre ligne du séquenceur. Cette structure pour le moins attrayante est nourrie de superbes solos et d'effets sonores. On aime? Et avec raison! Upstream est construit sur le même principe. L'ouverture de Contention m'a fait sursauter! Des bruits et des claquements résonnent avec la froideur de l'acier, dégageant même un effet d'écho qui se perd dans une ombre et sa texture de Didgeridoo. Ça me fait penser à Jewel de Propaganda. L'ouverture exploite ce côté ambiant des souffles du Didge alors que tranquillement, Jörg Erren et Christian Steffen travaillent sur une structure de rythme tapageuse montée sur une série de cinq séquences et des percussions électroniques aux inlassables battements dans l'oubli. Conclusion termine ce délicieux opus de GROBEK avec une structure de rythme très hypnotique où séquences et percussions unissent leurs visions comme les effets de métronome. Les séquences ont cette option de mélodie rythmique dont l'attrait est encerclé de brume électronique et des douces voix d'une chorale absente.
Définitivement, GROBEK I est un superbe album où la complexité reste accessible avec cette fascinante vision rythmique de Jörg Erren et Christian Steffen. Chaque titre est une surprise, même si certains sont intiment liés par les mêmes visions. Il y a toujours un petit quelque chose qui change le donne. Amateurs de rythmes poussés par des séquenceurs créatifs et des percussions robotiques, amenez ce GROBEK I sur le bord de vos oreilles. Un régal…
Sylvain Lupari (07/09/19) ****¼*
Disponible au GROBEK Bandcamp
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