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Writer's pictureSylvain Lupari

GUSTAVO JOBIM: Trapped in a Day Job (2011) (FR)

C'est un must pour les fans de Kraftwerk et pour les curieux et à 2$ c'est un album qui vaut bien le temps qu'on s'y attarde

1 Let's Fly 10:35

2 Moebius Tape 16:57

3 Cat in the Blender 4:15

4 Nightlife in Mars 7:40

5 Arcade Times 1:59

6 Mindbender 6:48

7 Icecream Waves 7:11

8 Inside the Machine 20:14

(DDL 75:39)

(Indie, Düsseldorf School)

TRAPPED IN A DAY JOB a littéralement été composé sur les heures de travail de Gustavo Jobim à l'aide d'un petit logiciel pour synthétiseur, le TS-404 V1.05 Beta. La particularité de ce logiciel est de créer des petites boucles qui peuvent être utilisées avec d'autres arrangements. Après quelques essais sur ce logiciel, le sculpteur de sons Brésilien découvrait son plein potentiel à l'intérieur de longues pièces musicales minimalistes. Et c'est ainsi que l'album a commencé à sortir de son état embryonnaire. Utilisant un mouvement séquentiel de 4 accords, Gustavo Jobim a concocté un album des plus syncrétiques où la musique fait place à une palette de sonorités d'arcades qui roulent en boucles à travers une pléiade de pulsations métalliques.

Let's Fly ouvre avec de lourdes et résonnantes pulsations qui évoluent sur une longue structure minimaliste agrémentée d'accords tournant en boucles. Des accords qui subtilement étirent leurs harmonies sur un tempo dur, stroboscopique et robotique où les lourdes pulsations métalliques sonnent comme des ventouses d'extraterrestres dans un genre de techno que Kraftwerk livrerait sur acide vitaminé. Et s'il y a un point fort dans cette œuvre extrêmement tintamarresque est cette subtile permutation dans les harmonies qui nous détache d'une figure géométriquement musicale et redondante. Plus long, Moebius Tape est aussi plus harmonieux. Le squelette musical repose toujours sur des battements métalliques qui résonnent à perpète, mais les séquences limpides coulent avec une plus belle fluidité et forment une étrange harmonie paradoxale avec ses doubles d'ions multipliés qui façonnent une curieuse ode robotisée, faisant oublier son ossature pulsative métallique. Par la suite nous tombons dans une série de titres courts où se cachent de beaux bijoux, comme Cat in the Blender dont le titre dit tout. On a vraiment l'impression d'entendre un chat miauler de douleur sur un rythme lourd, métallique et pulsatif. Les structures harmonieuses et cadencées sont en constantes permutations, donnant encore plus de richesse à TRAPPED IN A DAY JOB. Nightlife in Mars sort un peu du moule pulsatif pour offrir une étrange structure musicale, sortie directement d'un jeu d’arcades, qui ondule parmi une croissante panoplie de bruits extraterritoriaux, comme dans Arcade Times et ses boucles fiévreuses, qui me rappellent le monde automate et minimaliste de Plastikman.

Après le bref interlude de Arcade Times nous plongeons dans Mindbender et sa structure semi spectrale et semi-alien où les accords virevoltent de façon symétrique dans un minimalisme univers de discorde. Si je me risquais, j'oserais une comparaison entre Mike Oldfield et Conrad Schnitzer. Icecream Waves est le titre le plus moelleux de ce nouvel album de GJ où les accords tournoient sans contraintes sur une délicate structure me rappelant l'univers de Richard Pinhas sur East-West. Nous arrivons au très long Inside the Machine! Beau et mélodieux, mais toujours minimaliste et robotique, moins violent que Let's Fly et moins harmonieux que Moebius Tape, il termine cet essai sonore avec un long passage minimaliste aux boucles et aux accords pulsatifs en mode répétitif sur un gros 20 minutes débordant de subtils rebondissements. Des interversions fortement nuancées qui étonnent et charment de par la nature imprévisible de cet Inside the Machine. Ça peut paraître long au début, mais il faut se rendre à la fin pour y entendre et suivre une évolution et ces fins changements que l'on attendaient plus et qui font le charme de TRAPPED IN A DAY JOB.

J'ai lu sur le site de Gustavo que cet album serait une continuité de l'œuvre de Cluster, que je ne connais malheureusement point. Par contre, il y a d'autres références qui me sont sautées aux oreilles, telles Daft Punk, Con Man (Conrad Schnitzer), Plastikman et Kraftwerk. Trapped in a Day Job est certes un opus étrange où la musicalité peut paraître douteuse, même si indéniablement présente, qui démontre qu'à partir d'un simple bidule on peut arriver à créer de belles choses. Pour les fans de Kraftwerk c'est un must, et pour ceux qui sont de nature curieuse c'est un album qui vaut amplement le temps que l'on s'y arrête surtout au prix de 2$:

Sylvain Lupari (27/08/11) ***¾**

Disponible au Gustavo Jobim Bandcamp

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