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Writer's pictureSylvain Lupari

GUSTAVO JOBIM: Tsunami (2014) (FR)

Voici un opus intensément noir et immersif où les tons défient constamment les oreilles et qui ne nie pas du tout les albums antérieurs de Gustavo Jobim

1 Tsunami 14:40 2 Atlantis 12:27 Gustavo Jobim Bandcamp

(DDL 27:07) (Dark ambient experimental EM)

La MÉ! Le berceau de l'expérimentation! C'est la beauté de cet art. Cette capacité qu'ont les artistes, les essayeurs à œuvrer avec les nouveaux bidules qui inondent régulièrement le marché de l'innovation. Ces artisans, ceux qui comprennent les fils, les connexions et les boutons, s'ingénient à en extirper toutes les facettes et les secrets en modulant des sons, en sculptant des rythmes et en brodant des mélodies. Mais restons dans le berceau de l'expérimentation. Gustavo Jobim est l'un des fiers descendants de la lignée des expérimentateurs soniques qui osent aller là où Conrad Schnitzer, une de ses grandes influences, nous a souvent amené. Composé et joué avec les synthés Korg Monotron Delay, pour la pièce-titre, et le Korg Monotron Duo, pour Atlantis TSUNAMI est déjà son 16ième album et il poursuit cette passion qui dévore le synthésiste Brésilien pour les expérimentations sonores. C'est un album intensément noir où les tonalités défient constamment les oreilles. Bref, un album qui ne renie pas du tout les œuvres précédentes de Gustavo Jobim, notamment Manifesto et Inverno.

La pièce-titre émule nos oreilles avec de lourdes et sombres respirations. Et défié est un terme qui s'impose ici. Sculpté dans les effets d'échos, de distorsions et de réverbérations du Korg Monotron Delay, Tsunami gronde, crisse et amplifie ses offrandes soniques dans un lent mouvement velléitaire où la violence nourri plus l'imagination, avec une fascinante impression d'inconfort, de panique et d'immersion, que le sens du rythme, même un tant soit peu ambiant. On peut aisément confondre les sons avec des vents qui rugissent, alors que les éléments de panique qui émanent de la finale ne laissent aucun doute quand à l'urgence de la situation. Ici il faut voir au-delà de l'harmonie, car il y en a aucune ombre, aucune trace, et se mettre dans les oreilles des potentielles victimes qui voient ces grandes vagues, qui entendent ces énormes brises mortelles déferlées et soufflées entre les oreilles. Impressionnant, mais ça demeure une approche très expérimentale. Atlantis gronde comme une machine. Toujours aussi menaçante, l'intro grogne avec de fines saccades dans des bruits parasitaires. En réalité on se sent plus près du cosmos, à bord d'une méga navette spatiale, qu'au cœur d'Atlantis. Mais ça peut être aussi bien le contraire, tellement la sensation d'être ailleurs est omniprésente. Plus musical que Tsunami? Je dirais moins violent et plus doux à l'écoute. Mais ça demeure une symphonie passive pour sons et éléments de distorsions où Gustavo Jobim semble si à l'aise qu'un dauphin dans l'océan.

Sylvain Lupari (02/01/15) *****

Disponible au Gustavo Jobim Bandcamp

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