“C'est une belle surprise avec de grands moments sur Horizon qui nous donne le goût de dépoussiérer la discographie d'Ashra”
1 Silverline 8:43 2 Horizon 9:29 3 Dream of 9:19 4 Perpetual Lights 11:33 5 Out of Nowhere 10:04 6 Round and Round 7:40 7 Erratic Signs 6:23 8 Reaching the End 5:46 Mellow JetRecords | CD-r HN1501 (CD-r/DDL 68:56) (E-Rock, morphic techno and Berlin School)
Une guitare très vaporeuse infiltre les paisibles rayons ondulants d'une ligne de synthé dont les harmonies très éthérées caressent de leurs chaleureux rayons des chants d'oiseaux synthétisés. La guitare forge un torrents de boucles passives qui cisaillent la sérénité des ambiances. Tout au fond, on entend une ligne pulsatrice bondir graduellement, invitant un ruisselet de séquences à bercer les derniers vestiges des solos ambiants de Harald Nies. Les percussions tombent. Les pulsations hoquètent. Boum...Boum. Le rythme est lent et tranchant. Silverline est trappé dans des percussions lourdes et lentes dont chaque coup résonne dans un long filament argenté orné de séquences qui s'agitent nerveusement en séries de cascades. Et Harald Nies s'empare de sa guitare. On dirait du Ashra tant c'est bon. Silverline s'enfonce dans nos oreilles avec les coups matraqués par la batterie, alors que la guitare hoquète des solos aussi entraînants que les séquences. La symbiose entre le séquenceur et la guitare est à point et on maudit ce moment ambiant qui sépare le furieux rythme entraînant qui nous plonge irrémédiablement dans les souvenirs d'Ashra dans Twelve Samples. C'est pas pareil, mais on a irrémédiablement envie de réentendre ce monument de techno progressif de la band à Gottsching. La guitare et le synthé s'échangent des solos harmoniques qui deviennent aussi magnétisant que le rythme. Et on maudit aussi cette finale qui empêche Silverline de devenir définitivement un second Twelve Samples. Quoique que Out of Nowhere nous redonnera ce goût à nouveau. WoW, tout un départ! Des rythmes lourds et vivants qui sont coincés dans des ambiances électroniques au diapason d'une Électronica rongée par une lenteur hypnotique, HORIZON est un savoureux album qui nous présente une autre facette de la MÉ avec un habile mélange de Berlin School, d'ambiant, de rock et d'Électronica.
Ça faisait un bail que je n'avais pas entendu la musique de Harald Nies. Depuis 2010 exactement avec EarthCreator; un album plus personnel où le sympathique guitariste allemand semblait avoir trouvé son identité. Et c'est avec plaisir que je constate qu'Harald a toujours ce mordant qui semble lier tant de frontières en une musique qui décoince les oreilles rébarbatives. La pièce-titre s'accroche à nos tympans avec un rythme sournois, un genre de trot intergalactique, qui bat sa mesure soutenue sous un ciel électronique bardé de ces chants d'étoiles filantes et de brume cosmique. On devine une intensité probable. Un crescendo éventuel. Mais Horizon reste statique, ambiant avec ses pulsations placides qui par moments changent un peu l'allure de son trot. Des boucles d'une guitare nébuleuse flottent au-dessus de Horizon, un peu après la barre des 5 minutes, distrayant une écoute qui remarque à peine que le rythme évolue discrètement entre ambiant, soft rock et un techno morphique gazé d'une intense brume mystique et gorgé de bons arrangements orchestraux. Le titre est disponible sur You Tube. L'introduction de Dream of nous amène dans un univers futuriste avant que le rythme ne détourne les ambiances vers un genre lounge. Entre de l'ambiant et un down-tempo, avec des arpèges qui volètent sur les coups des percussions lourdes et lentes, la guitare et le synthé moulent des bons solos qui irradient leurs charmes dans des bancs de brumes où se terrent d'évanescents chants sibyllins. Perpetual Lights continue sur les cendres de Dream of avant d'exploser en un superbe blues électronique. Ça surprend et on se laisse doucement valser par ce très bon down-tempo nourri par les émotions d'une guitare lourde, incisive, rageuse et très mélancolique. Une six-cordes dont les harmonies, aussi sensuelles que rêveuses, et les riffs, lourds et tranchants, se perdent dans les spirales d'un banc de brouillard éthéré. Ça va dans un iPod! Out of Nowhere suit avec une structure de rythme un brin technoïde qui ressemble un peu à Silverline, mais avec plus d'effets électroniques et des ambiances plus éthérées. C'est très bon techno morphique avec de bons effets de percussions et de belles spirales de séquences. Round and Round offre un rythme plus sec, plus saccadé. Erratic Signs est une belle ballade très éthérée qui embrasse un peu la mélancolie de Perpetual Lights. La guitare d'Harald Nies est très romantique, par moments nostalgique avec des bons solos qui, arrimés aux bonnes percussions sourdes, moulent un effet de lent blues cosmique. Le titre plonge dans un gros rock avec une guitare devenue plus rageuse. C'est un titre assez grisant qu'on aime réentendre. Reaching the End conclut HORIZON avec une approche très méditative avec des enveloppantes ambiances cosmiques.
J'ai bien aimé la profondeur de HORIZON. Il y a des moments sur cet album qui nous donne le goût de sortir la discographie d'Ashra. Et ça c'est un bon signe! Harald Nies fait preuve d'éclectisme avec cette vicieuse fusion du bleus avec de l'électronique sur un fond de rock, sinon d'Électronica. Tout est bien balancé. Les moments d'accalmie dosent bien l'anarchie des rock, ou des blues, qui se chamaillent avec des cheptels de séquences alors que la guitare n'a rien à envier aux immenses possibilités des synthés. Un beau mélange qui nous offre de très bons moments.
Sylvain Lupari (5 Avril 2015) ***½**
Disponible au MellowJet Records
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