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Writer's pictureSylvain Lupari

HYPNOSPHERE: Timedrift (2014) (FR)

Updated: May 16, 2020

Amateurs de bon vieux Berlin School, vous allez aimer celui-là

1 Trancenter 18:38

2 Spherical Movement 6:41

3 Escape from Dissonance 12:40

4 Ardent Drive 13: 22

5 Emphasis 11:03

6 Time Drift 13:26

(CD 73:00)

(Vintage Berlin School)

Après un silence de 7 ans, le duo Hypnosphere revient cajoler nos oreilles avec une pure merveille de MÉ des années analogues. Établissant à merveille les limites et les évolutions d'un album qui transite entre un rock cosmique psychédélique et plutôt ambiant des belles années vintages, le duo Lambert Ringlage, propriétaire du label Spheric Music, et Wolfgang Barkowski présente en TIMEDRIFT un album qui se déguste comme une œuvre complexe avec des surprises qui abondent là où on si attend le moins. Et si vous êtes un fan du Berlin School rétro, vous allez adorer! On écoute distraitement, je commence toujours de cette façon pour amadouer un album, en lisant un livre ou en tentant un dodo. Et on a la vague sensation d'entendre du Tangerine Dream des années Encore. Les ambiances brumeuses, les rythmes mous et ambiants qui sautillent juste du bout de leurs séquences, de même que ces duels de guitare et synthé qui tenaillent des ambiances psychédélico-progressives font de TIMEDRIFT l'une des belles surprises, au rayon de l'inattendu, de 2014.

Le début de Trancenter nous projette dans une forêt décorée par de paisibles pépiements d'oiseaux qui courtisent un paresseux débit de rivière. Les chants des insectes, de mêmes que certaines sérénades des habitants à quatre pattes, se font quant à eux courtiser par une guitare rêveuse qui étend ses accords solitaires sur un croissant tapis de brume. On croirait entendre les introductions ambiantes de Pink Floyd. Une ligne de séquences basses structure un rythme aux paisibles oscillations. Peu à peu la magie du Mellotron et de ses mystiques brises flûtées sensibilisent nos oreilles à une écoute plus attentive. Bien que très ambiant, Trancenter ondule tranquillement comme une rivière qui dévale une légère pente par un beau dimanche ensoleillé. Une rivière qui dore sa sérénité sous les chauds rayons de Mellotron et qui agite sa délicate course vers les nuages avec de légers soubresauts et des remous statiques, plongeant Trancenter dans un faux débat entre l'ambiant et le rythme méditatif. La guitare de Lambert Ringlage est superbement reposante. Libérant des riffs et des notes lyriques, elle chante de beaux solos, parfois tourmentés, qui se fractionnent dans d'épais nuage de brume, dégageant un étrange parfum d'Ashra Temple sur les rythmes oisifs des années Encore. L'intro de Spherical Movement est sombre. La guitare l'égaye avec une série de notes aux harmonies hybrides qui chantent, pleurent et tournoient dans un lent maelstrom alourdit de brume cosmique. Les ambiances gagnent en intensité, notamment avec de belles orchestrations enduites de brouillard, mais nous sommes toujours dans les phases ambiantes de TIMEDRIFT qui nourrit ses premières minutes avec les incantations d'une guitare rêveuse. Et puis Escape from Dissonance nous tombe dans les oreilles. Son intro repose sur des brises nomades qui recueillent des chants ondoyants aux arômes légèrement angoissants. Vient ensuite un hymne mellotronné qui débloque un rythme que l'on retrouve dans les boites à rythme des orgues. C'est une rumba galactique à la Jean-Michel Jarre avec des nuages de brume qui en serrent le naïf débit. Une tempête d'ions sauteurs se pointe. Ils sont plusieurs. Ils palpitent et sautillent frénétiquement dans des teintes et des tonalités contradictoires. La beauté est qu'ils supportent aussi un superbe solo de synthé qui déploie plus d'harmonies que d'errances rêveuses. Le rythme de Escape from Dissonance s'abandonne à une furieuse attaque des ions séquencés qui picorent toujours le débit ingénu de la rumba cosmique alors que les solos de synthé harmonisent leurs acuités avec le débit tempétueux d'autres séquences aux résonances plus bourdonnantes. C'est du gros rock cosmique cacophonique comme il s'en fait que trop rarement.

Bien que plus statique, Emphasis reste dans le domaine des rythmes électroniques assez enlevants. Il structure son approche rythmique avec des séquences qui percent les nuages contemplatifs pour palpiter dans un mode linéaire assez statique. Les lignes de synthé aux parfums orchestraux sont divines et entourent un rythme qui fait valser ses mouvements de séquences avec du jus dans les tons et des soubresauts empreints de finesse qui caracolent sous de langoureux solos de synthé. Le rythme est progressif et change subtilement de peau devant les attaques répétées des longs solos torsadés. Il baisse la cadence aux alentours des 6 minutes avec une nuée d'ions sauteurs qui complotent sur un convoyeur nourri d'une brume engorgée de voix suspectes avant de revenir plus lourd sous des solos de synthé qui claquent comme des lassos dans un ciel noirci d'embrun cosmique. Ardent Drive épouse un peu le même modèle, mais dans une approche plus éthérée. La finale est tout simplement superbe alors que le titre dévie carrément dans les ambiances de Encore mais avec une tonalité plus contemporaine. Les solos de guitare sont aussi mordants que les solos de synthé dans Escape from Dissonance alors que le mouvement des ions sauteurs est plus compact et lourd. Encore une fois, c'est du solide rock électronique. Après une intro ambiante, rongée par une guitare acidifiée qui crache des riffs et des harmonies tordues, la pièce-titre libère un beau mouvement de séquences fluides qui rappelle les rythmes harmoniques de Peter Baumann. Sauf que Timedrift est conçu dans la dissonance. Dans la disharmonie qui avait unifiée les rythmes évolutifs et amovibles des trois titres précédents où les ruades des séquences établissent une structure harmonique constamment conspuée par des solos de synthé ronflants et des solos de guitare acérés. Mais le résultat reste assez flamboyant. Comme ces gros rocks électroniques des années psychédéliques avec un carrefour sonique que rencontre les harmonies déchaînées d'Ashra, les rythmes oscillatoires de Tangerine Dream et les ambiances cosmiques de Jean-Michel Jarre. Avouer que vous allez adorer ce superbe voyage sonique au cœur des années qui ont amorcées cette splendide histoire de la MÉ contemporaine. Superbe et ce l'est encore mieux les oreilles à l'air libre dans son salon…ou ailleurs! Car le son voyage, voyage….

Sylvain Lupari (15/11/14) ****½*

Disponible chez Spheric Music

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