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Writer's pictureSylvain Lupari

Ian Boddy: As Above so Below (2016) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

“Un chef-d'oeuvre! Point!”

1 As Above So Below 6:00 2 Quantum of Memory 6:53 3 Time Lapse 6:21 4 Shrine 8:16 5 The Thaumaturge 6:12 6 One Day 5:15 Din Records | Din 51

(CD/DDL 39:08) (Vintage EM avec un zest de modernité)

Vous vous souvenez de cette période où les albums de MÉ dorée d'une approche très cartésienne avaient une moyenne de 40 minutes au compteur? Un vinyle avec près de 20 minutes sur les 2 côtés? Il n'y avait pas de place à l'improvisation ni aux longueurs! Comme sur ce dernier album d'Ian Boddy que l'on aurait pourtant souhaité plus long. Superbe d'un bout à l'autre, AS ABOVE SO BELOW est comme un joyau sorti de cette belle époque où l'émerveillement de nos oreilles n'était jamais assouvi. L'album est offert en format vinyle, avec un nombre de pressages limité à 250, de même qu'en CD, avec un nombre limité à 500 copies, et finalement en téléchargement. Et au-delà de cela; je vous dirais que si vous avez qu'un seul album à vous offrir cette année, cela devrait être AS ABOVE SO BELOW.

L'aventure débute avec les lentes et tranquilles vagues de synthé dont l'apparence cosmique est trahie par une mélodie océanique où les murmures astraux sont comme des chants séraphiques. Aussi belle que poignante, la lente marche morphique de As Above So Below est comme un adagio synthétisé ou encore une symphonie de larmoiements dont les contrastes alimentent la vision de Isaac Newton lorsqu'il a écrit en 1860 que ce qui est en-dessous est comme ce que nous voyons au-dessus et vice-versa. L'approche très orchestrale de ce titre place la musique d'ambiances à un autre niveau tant cela peut être cinématographique ou cosmique. Nous croyons alors que ce dernier opus d'Ian est comme ses dernières odes d'ambiances? Détrompez-vous! Après une brève introduction d'ambiances soniques, toutes aussi belles que celles de As Above So Below, Quantum of Memory offre une splendide structure de rythme ambiant avec des séquences limpides qui se font légèrement bousculer par les délicates rondeurs des battements d'une ligne de basse. Une autre ligne de séquences s'agite en arrière-plan. Les touches abruptes dessinent un ballet sphéroïdal, comme ces coups de ciseaux dans le Barbier de Séville. Ces deux lignes de séquences complètent à merveille ce duel rythme versus harmonie qui s'éteint dans la tranquillité. Time Lapse poursuit la phase d'enchantement qui a débuté avec les premiers souffles de As Above So Below. L'approche est plus mélancolique avec un clavier qui égrène ses accords dans la brume avant de répandre une très belle mélodie qui tournoie comme une berceuse pour nuits agitées. Ce qui frappe alors dans ce dernier opus d'Ian Boddy est ce constant duel entre ses ambiances. Et c'est à cet instant que le titre de ce dernier album prend tout son sens. La mélodie pianotée sur un voile d'ombres resplendit de fraîcheur alors que son tapis de nébulosité lui envoie son contraste avec une fascinante opposition des charmes. Ça sonne comme du très bon Philip Glass dans un film noir.

Shrine nous tombe entre les oreilles avec une pulsation soutenue qui palpite dans un nuage d'ombres. Le Moog fait vibrer le plancher avec une ligne de basse tonitruante qui alimente une structure dont l'approche furtive et les nappes de synthé sont réminiscences de Redshift. Des percussions claquantes s'invitent à cette danse qui refuse de naître. Nous avons 2 tableaux ici; l'un qui se veut du bon Berlin School et l'autre un début d'Électronica encore trop frêle pour percer la muraille du premier. Des ombres s'infiltrent sous l'apparence de nappes de synthés dont les sinuosités flottent comme ces chants hypnotiques de vampires. Et alors que l'on croit que les ambiances nébuleuses auront raison de tout, le rythme s'adonne au plaisir avec un genre de chevauchée entêtée qui est montée sur de très bonnes percussions et qui reste nappée de splendides orchestrations. The Thaumaturge rectifie le tir de Jean Michel Jarre concernant la fusion Électronica et MÉ de style Berliner ou cosmique. Ian Boddy offre ici une phase de rythme croissant et hypnotique, sans paillettes ni superflus, avec une approche de techno très intelligente où le rythme métallique, ambiances glauques et mélodie coexistent sans difficultés dans une enveloppe très créatrice. One Day termine ce brillant opus d'Ian Boddy comme Time Lapse clôturait la face A. Soit avec une approche de nostalgie qui se cache dans la mélodieuse marche ascensionnelle d'un piano à travers un tapis de brume bourdonnante et de succulentes orchestrations. Cette marche se conclut dans une symphonie de vents creux qui garde prisonnier les derniers battements de One Day. Superbe! Il n’y a plus rien à ajouter!

Sylvain Lupari (20/11/16) *****

Disponible au DiN Bandcamp

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