“Voici un album de MÉ mélodieuse et haut de gamme jouée sur des synthés analogues et modulaires. LE meilleur album dans le genre cette année!”
1 Omicron 6:18
2 Nitro 7:41
3 Boddy Love 5:59
4 Icon 9:30
5 The Fallen 5:20
6 Axiom 6:09
(LP/CD/DDL 41:07)
(Analog & Modular Berlin School)
C'étaient des bips-bips qui pétillaient dans les limites d'une onde de synthé ronflante. Une onde anesthésiante et sa tonalité vintage qui nous plonge un peu dans les zones chtoniennes du Dark Ambient. Et comme derrière un miroir dont le tain disparait au fil des ans, une splendide ballade électronique émerge au pont de la première minute. Tout simplement magnifique, elle est soudée à une série d'arpèges qui vont et viennent dans un parfait ballant magnétisant. Une superbe mélodie lunaire qui se balance sur les nappes de synthé riches en voix chloroformiques, Omicron s'agrippe à cette ligne de basse qui devient son ombre malformée. Des wiishh balaient les horizons en s'évaporant dans les ombres métalliques des percussions claquantes. Ian Boddy jouant sur les intonations de sa mélodie, qui obtient plus de profondeur avec une autre ligne jumelle, coule un de ses plus beaux titres commerciaux. Très facile (trop facile?) à apprivoiser, la mélodie de Omicron vous hantera des heures plus tard. C'était…Parce que AXIOM a germé dans les orientations d'une compilation intitulée Portals du label californien Behind The Sky Music, un label qui priorise une musique électronique réalisée avec des synthétiseurs analogues et modulaires ayant une vision plus mélodieuse qu'expérimentale. Je me suis procuré cette compilation et c'est exactement le contraire. De son côté, Ian a très bien compris le concept! Le boss de DiN répondait à une invitation de Bleutech en proposant Omicron qui a reçu un accueil inespéré, devenant même la vidéo promotionnelle de cette compilation qui cache quelques bijoux. Mais revenons à AXIOM qui a germé de cette compilation et qui a poussé notre ami Ian à composer un album dans le même esprit de cette compilation. Et comme je disais, il a trop bien compris le concept!
Comme à la Belle Époque, AXIOM tourne autour de 6 titres d'une durée moyenne de 7 minutes ayant la capacité de remplir adéquatement un album vinyle. Après cette fantastique mélodie de Omicron, Nitro propose un rythme enivrant qui monte et descends dans une tempête d'arpèges frivoles. Ces accords me font penser à du Tomita dans Snowflakes are Dancing (Debussy) sur du gros rythme lourd vrombissant et retentissant et qui arpente avec un lourd entêtement les cimes du Mont Berlin School, comme le meilleur de Arc rêvant à Redshift. La finale est cosmique, on retrouve de beaux petits intermèdes du genre dans AXIOM, avec une tendresse dans les orchestrations. Mes yeux cherchent la boîte de Kleenex! Et si aimez le genre, le majestueux Icon va vous virez à l'envers. On y trouve un Ian Boddy inspiré et inspirant qui semble très à l'aise dans ces structures concises et organisées en ambiances, rythmes et mélodies qui sont très accessibles. Il y a du heavy Berlin School, je dirais plus England School, et de beaux titres plus serein comme Boddy Love. Et lorsque je dis ambiant, c'est relatif. Nappes de brume obligent, le titre amorce son accostage vers nos oreilles dans un dense brouillard, typique à Klaus Schulze. Soixante secondes plus tard, une belle ligne mélodieuse construit son lit avec une série d'arpèges qui défilent à la queue-leu-leu, allant jusqu'à se piler sur les talons, dans une suite mélodieuse s'inspirant de Omicron. Pour parures dans ce ciel céleste, le synthé lance ses filets de lamentations astrales, guidant cette mélodie vers le chemin de son ouverture. C'est un beau titre avec une mélodie animée!
Je disais que Icon était comme Nitro, mais auparavant le titre marine dans des ambiances chtoniennes avec une brume sinistre qui traîne à ses pieds. Les ambiances de sanctuaires résistent pour un gros 2 minutes avant que nous entendions un battement respirer. Ces pulsations dictent la marche cahoteuse du séquenceur en plus lourd avec une texture de résonnance métallique autour des arpèges qui s'activent comme des feux-follets radioactifs. Icon gagne en puissance et en vitesse avec un tintamarre rythmique devenu aussi incontrôlable que le séquenceur, alors que les Ondes Martenot finissent par laisser les empreintes de leurs gémissements dans une finale explosive. Placé après Icon, The Fallen est comme ce témoin autiste qui dépeint en sons et avec émotion ce qu'il vient d'entendre. Ce titre ambiant possède une âme musicale hors du commun avec ses arpèges qui deviennent les larmes des pleurs d'un synthé émotif. La pièce-titre confirme le plus bel album de Berlin School que j'ai entendu cette année avec une ouverture construite autour de 2 et 3 arpèges qui suivent une évolution minimaliste que la basse amène vers un niveau de surexcitation autour des 2 minutes. Immergé dans un décor musical garni dans tous les sens, Axiom remplit mes attentes surexcitées par cette direction synth-wave-pop dirigée par une splendide maillage de percussions dont les filtres analogues et contemporains attaquent férocement une autre splendide mélodie. Finalement, Axiom se réfugie dans un coin panoramique, se remémorant ces 40 minutes de pur bonheur que l'on doit à Ian Boddy. Chapeau Ian!
Sylvain Lupari (06/11/20) *****
Disponible au DiN Bandcamp
Comments