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Writer's pictureSylvain Lupari

Ian Boddy Coil (2022) (FR)

Un splendide voyage dans les complexités d'une musique que Boddy ramène à une proportion plus accessible

1 Coil 6:57

2 Messiaen M31 5:56

3 Rings 6:23

4 Teutonium 7:31

5 Flow 6:22

6 Silver Surfer 5:55

(180gr vinyl/CD/DDL 39:06)

(Ambient Berlin & England School)

Une onde de synthé montante déverrouille COIL à nos oreilles. Une nappe chloroformique s'en détache, tissant le voile d'une mélodie ambiante dont la texture éthérée flotte avec le diapason de nos émotions. L'ouverture de Coil met en relief la très grande sensibilité de Ian Boddy lorsqu'il se met à planer en explorant les avenues atmosphériques de ses synthétiseurs. Comme dans le très ambiant et méditatif Messiaen M31. Sauf qu'ici, la phase atmosphérique introductive est de courte durée puisque dès la 40ième seconde, une séquence de rythme circulaire attaque doucement nos tympans. Le mouvement est fluide et transporté par ces nuages de brumes orchestrales qui irradient le fond sonore de COIL. Une première vague de sons s'en empare pour détourner ce rythme vers une ligne de basse pulsatoire qui sculpte un rythme boom-boom et qui nous rappelle les bons moments de Arc. Le rythme continue de faire affluer les séquences dans une chorégraphie rythmique atypique où elles roulent dans un fascinant chassé-croisé rythmique qui fait danser nos neurones. Une autre vague de sons et l'intensité maintient sa progression dans un contexte où des percussions et des claquements percussifs tapageurs solidifient l'ancrage du rythme à nos oreilles alors que le musicien Anglais ne cesse de les émerveiller par des boucles d'harmonies des Ondes Martenot dont l'essence spectrale est un autre instrument de charme à conquérir nos oreilles dès la première écoute de COIL. Gérant à merveille les 7 minutes du titre, Ian Boddy ajoute constamment une couche d'intensité à une structure de rythme qui évolue avec créativité tandis que le rythme, dont le pas lourd résonne comme une séquence de Moog, dilue peu à peu sa fureur dans une finale où les chants des Ondes Martenot flottent comme des ectoplasmes prisonniers de notre imagination.

Quel album mes amis!

COIL suit le principe de l'excellent Axiom, paru il y a tout juste 2 ans. Soit un album structuré pour les besoins d'une sortie en vinyle. C'est du grand, du très grand Ian Boddy qui défie le temps en offrant 6 splendides titres qui évoluent avec créativité à l'intérieur de leur durée moyenne qui avoisine les 7 minutes. Suivant les paramètres de la pièce titre, la musique est en constant mouvement. Elle évolue avec différentes intonations et fluctuations harmoniques, de même que par cycles rhythmiques pour accroitre le niveau d'intensité dans chaque titre. Le boss de DiN touche à tous ses styles ici. Du Berlin School lourd et résonnant au genre plus rock électronique du England School, en flirtant avec des phases méditatives et des rythmes électroniques complexes qui sont en symbiose avec des visions harmoniques célestes, je pense entre autres à l'étonnant Rings, ou plus audacieuses, comme dans Silver Surfeur. Bref, on écoute, découvre et récoute avec cette même avidité qui remplissait nos oreilles à l'époque des grands classiques de la musique électronique (MÉ) contemporaine des années 70.

Après le tranquille Messiaen M31 et son concerto d'ondes spectrales, Rings fait entendre les tintements de son rythme embryonnaire. Ascendante comme zigzagante, cette première structure d'arpèges en délibération se substitue en une chorale carillonnée qui se fait harponner par une puissante ligne de basse pulsatoire une 20taine de séquences après la 2ième minute. Le rythme qui suit est lourd, résonnant et ascendant. Appuyé par de sobres percussions, son débit résonnant affiche une étonnante fluidité tout en faisant trembler le plancher sans pour autant porter ombrage à ces arpèges qui ne cessent de virevolter dans un tourbillon de tintements aux subtiles variations tonales. Plus long titre de COIL, Teutonium débute avec des ondes de brumes gothiques qui dérivent dans un paysage de désolation. Une lourde masse de basse fait entendre sa structure résonnante et galopante une 40taine de secondes plus loin. C'est l'amorce d'un puissant Berlin School qui se profile. Le rythme est lourd et résonnant. Secondé par une panoplie de gadgets percussifs, il monte et descend, va et vient en affichant une fureur qui se renouvelle à chaque cycle qui sont tout de même assez succinct. Un mélange de Redshift et de Arc qui va plaire assurément aux aficionados du genre. Flow est un très beau titre méditatif très harmonieux. Le mouvement est assis sur de belles fluctuations harmoniques avec un clavier qui étend ses accords par les doigts d'un claviériste rêveur. On dirait un mélange de Steve Roach, Michael Stearns et Erik Wollo interprétant un ballet spatial. Un superbe titre! Une nappe de remous sonore, des arpèges tintant dans un cylindre qui s'élargit constamment et des boucles d'harmonies sifflotées par un synthé à la sonorité acuité sont l'apanage de l'ouverture de Silver Surfer. Son rythme émerge peu après la première minute, déployant une structure de Groove circulaire. Et si on ferme les yeux, on voit littéralement le surfeur argenté multiplié les rollers sur des vagues de sons propulsées par une structure de rythme au final ascendante et près des territoires du Synthpop flirtant avec un zest d'Électronica.

Oui, quel album mes amis!! De la première à la dernière seconde, COIL est un splendide voyage dans les complexités d'une MÉ que Ian Boddy ramène à une proportion plus accessible de par sa vaste expérience et sa maitrise dans les couleurs des tons. Les rythmes sont ronds et chauds, les mélodies et les ambiances sont transcendantes et au diapason de nos attentes. Du grand Ian Boddy quoi!

Sylvain Lupari (12/10/22) *****

Disponible au DiN Bandcamp

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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