“Le duo Boddy/Wollo fait preuve d'une étonnante en tissant un merveilleux univers musical très homogène”
1 Vista 3:59 2 Trek 5:45 3 Undergrowth 4:37 4 Steppe 6:05 5 Migration 3:29 6 Reverie 4:25 7 Searching 7:13 8 Shelter 7:32 9 Frontiers 7:57 10 Ascension 5:25 DiN39
(CD 56:33) (Ambient Berlin School)
FRONTIERS est le point de rencontre de deux musiciens et compositeurs exceptionnels qui ont laissé leurs empreintes dans leurs champs de créativité respectifs. Si Ian Boddy est le caméléon par excellence de la MÉ moderne, Erik Wollo se spécialise à créer des canevas musicaux qui respirent de mystiques musicales terres inconnues. Ensemble ils créent une œuvre extrêmement poétique où les couches de guitares de Wollo caressent les synthés flûtés et les ondes Martenot qu'Ian Boddy nous a si bien apprêtés sur Strange Attractors. Les rythmes sont doux et fluides. Tissés sur un savant amalgame de séquences et percussions, ils sont portés par des vents tempérés qui structurent d'étonnantes ambiances panoramiques où le Berlin School embrasse le poétisme d'une musique ambiante bourrée d'émotivité.
Atmosphérique, Vista déploie ses ailes exploratoires et ouvre ce diaporama musical avec un souffle d'Éole qui soulève une nuée de prismes dont les souffles irisées flottent sur les vents ondulants et perçants des ondes Martenot, nourrissant un léger crescendo qui termine sa croisade des venteuse dans une finale empreinte de sérénité. Une finale de bourrasque des vents qui se jette dans l'intro de Trek, là où les premiers balbutiements séquencés secouent la terre de FRONTIERS. Des séquences finement tambourinées sautillent et voltigent parmi des souffles de flûtes alors que les percussions claquent de façon aléatoire, certaines restent emmitouflées de ouates, et moulent un léger rythme chaotique. Un rythme qui se chamaille avec la tendresse des lignes flûtées et des sinistres réverbérations sur ce canevas de percussions hétéroclites avant de bifurquer vers un bref passage ambiant, donnant un second souffle à Trek qui devient plus lourd et incisif. Après les couches morphiques d'Undergrowth qui errent entre les chants prismatiques des baleines glaciales et des sirènes galactiques, Steppe nous transporte avec un très doux mouvement rythmique ascendant. Une spirale ascensionnelle dessinée par des arpèges carillonnés qui tournoient avec légèreté sur une délicate ligne de basse avant d'être engloutie par des percussions qui martèlent avec finesse une procession montante sous les couches angéliques d'une guitare onirique. Entre l'univers clanique de Steve Roach et scandinave d'Erik Wollo, Steppe progresse sur un maillage de séquences et percussions auxquels s'ajoutent des cliquetis papillonnés. Ce mouvement éthéré sculpte avec justesse une pénible ascension sous un ciel d'un bleu azur où les strates de guitare fusionnent avec beauté avec celles d'un synthé discret mais oh combien efficace. On se croirait à l'époque de Western Spaces ou Desert Solitaire de Steve Roach. Avec ses cloches de brebis qui tintent dans les vents croissants des plaines, Migration est un passage atmosphérique où les souffles des synthés soulèvent la colère d'Éole et de ses vents nordiques qui résonnent au travers d'immenses cornes tibétaines.
Reverie est un joyau avec de fins riffs de guitares qui sculptent de délicates harmonies roulant en boucles sur des percussions dont l'écho claque dans une dense brume vaporeuse. Les harmonies de la guitare se perdent dans les pleurs des ondes Martenot. Elles glissent et caressent les songes tout en dessinant ses rêves sur des arpèges carillonnés qui dansent et scintillent sur un magnifique canevas d'ondes paradisiaques. C'est un superbe titre d'une infinie tendresse qui s'évapore dans les fins tams-tams séquencés qui secouent les vapeurs morphiques introductives de Searching. Ces percussions, du genre manuelles, créent un rythme chevrotant qui s'agrippe à une lourde ligne de basse, alors que d'autres percussions tombent pour structurer un rythme soutenu par une fusion de séquences et arpèges. Cette union favorise une étrange fureur spasmodique où le rythme bouillonne d'une friction statique. Ce rythme évolutif s'accroche à son maillage de séquences et percussions, auxquels se greffent des cliquetis qui tintent sous des souffles de synthé philharmoniques aux arômes de Tangerine Dream des années Logos. C'est très bon, mais attendez la pièce-titre avant de jubiler! Shelter dévoile les ailes de ses ténèbres par une ondée qui crépite sur un dôme couvert de souffles irisés. Ambiant et sombre, le titre mystifie la lune avec sa lourde ligne de basse solitaire dont les oblongues notes élastiques modulent des arcs de résonances pour sillonner un noir paysage musical nourri de couches de synthé brumeuses. C'est un titre pour un nomade solitaire dont les vents arides se jettent dans l'intro de Frontiers et de ses séquences pianotées qui carillonnent et émergent d'entre des vents chantants. Une ligne de basse aux notes pulsatrices guette à l’affût que le rythme prenne forme alors qu'une autre ligne de séquences plus limpides se profile et que des percussions attendent la morsure d'une note élastique de basse pour embarquer dans le tourbillon séquencé de Frontiers. Et la magie s'opère dans nos oreilles! Sur un rythme oscillatoire truffé de séquences entrecroisées ainsi que des percussions sobres, les souffles de synthé aux chaleureuses harmonies philharmoniques éveillent nos souvenirs et emplissent nos oreilles d'un fin nectar musical au doux parfum de Tangerine Dream de la période Stratosfear. La guitare d'Erik Wollo vient ajouter un filet de nostalgie avec des solos flottants alors qu'Ian Boddy appose le sceau de la poésie électronique avec des chants de synthé qui enveloppent une structure rythmique qui ne fait aucun compromis quant à ses influences. Ascension vient clore ce superbe album avec des ondes Martenot et des couches de guitares qui pleurent dans la solitude des vents astraux.
FRONTIERS est un superbe album. C'est une histoire musicale sur des territoires inconnus racontée avec la force des compositions et influences qui sont le savoir-faire de ces deux icônes de la MÉ contemporaine. Comme première communion musicale, le duo Boddy/Wollo fait preuve d'une étonnante complicité. Il tisse un merveilleux univers musical où les ambiances célestes sont savamment dosées à des rythmes suaves qui coulent avec une douceur onirique. Si les synthés et les guitares sculptent des horizons sans frontières qui transcendent toutes formes d'imaginations, les séquences et les percussions en bercent leurs délicates approches poétiques; signe que nos oreilles ont affaire à deux artistes qui se sont compris dès le départ, faisant de FRONTIERS un album qui se découvre encore plus à chaque nouvelle écoute.
Sylvain Lupari (24/03/12) *****
Disponible au DiN Bandcamp
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