“Un album proposé par un artiste qui ne cesse de gravir les marches de l'excellence en MÉ”
1 Enceladus 14:02
2 Putney 6:55
3 Zephyr 8:10
4 Proteus 12:49
Bonus Tracks 49:47
5 Livestream 191220 32:36
6 Phoenix Synthfest 17:11
(DDL 91:34)
(Ambient, VCS3, England School)
Le premier synthétiseur qu'Ian Boddy a joué fut le VCS3. Reconnu pour la richesse et la puissance de ses effets sonores, on a qu'à penser au documentaire de Pink Floyd sur la création de On the Run, il fut utilisé à satiété dans le courant de la musique progressive des années 70. Ce synthé de type modulaire possède un générateur de bruits qui sont familiers surtout auprès des aficionados de MÉ. Son seul défaut est que les oscillateurs ont tendance à dériver. En contrepartie, il a un son différent, clair et magique. On dit que c'est la pureté du son! C'est à partir du VCS3 que le patron de DiN a décidé de construire son nouvel album intitulé MODULATIONS II. Une suite logique à Modulations, mais joué entièrement à partir d'un synthétiseur qui a été longtemps dans l'oubli.
La perfection des sons obnubilent déjà nos oreilles avec un bel assortiment des réserves du générateur de bruits du VCS3. L'ouverture de Enceladus est cousue dans le mystère et l'appréhension avec des meuglements comparables à des chants de baleines astrales. Ces ondes sonores émettent un niveau de radiation qui propulse une série d'ondes dont les tonalités flirtent maintenant avec l'effroi. Il y a des lycanthropes qui meuglent maintenant dans les plaines cosmiques. On traverse une plaine de réverbérations twistées qui fusent vers les cieux alors qu'une vibration étire le langage de son moteur sur une courte distance. Sons par-dessus sons nourrissent l'introduction jusqu'à ce que des battements et des oscillations s'affrontent autour de la 5ième minute. Ça donne un rythme statique qui roule sous un champs d'oscillations électromagnétiques. Des effets de jeux vidéo, notamment une série de tirs de mitraillette-lasers, envahissent les murs de notre salle d'écoute, rebondissant afin de créer une surenchère tonale. Le calme s'installe un peu avant la 11ième minute. Les vents soufflant sur des particules sonores créés un brise dormante qui ondule dans une vision lyrique. Encore ici, les sons signent d'étranges et fascinants spécimens paranormaux dans cette quiétude où les spectres communiquent en langage analogue. Putney est le sobriquet du VCS3. Il propose ici un de ces rythmes enflammés par des dizaines de pas innocents, courant en tout sens sur un lit de pulsations qui est devenu sa colonne rythmique. Si vous êtes familier avec le style de Arc, nous sommes tout près. Plus en mode psybient qu'en mode lourdeur de Mark Shreeve. Un très bon titre!
Des vents poussés par une main tremblotante nous amène Zephyr. Titre aussi ambiant et sonique que Enceladus, il exploite une série de gouttes de sons qui rebondissent sans jamais se fracasser. De gros ressorts lousses font des chorégraphies tonales qui nous amènes au frontière d'une autre imagination. Vers un ballet d'ombres chinoises dansant avec des partenaires velléitaires. Disons qu'après un titre comme Putney, le niveau d'excitation cherche encore ses repères. C'est dans une ambiance très sci-fi que Proteus dessine une procession ambiante avec des oscillations déformées qui s'unissent afin de créer une masse sonore compacte se déplaçant mollement. Des bruits organiques suintent de celle-ci alors que des battements lointains se rapprochent pour former un rythme lourd et lent qui accélère dans un puissant England School vagabondant comme un vampire. Des tintements et autres tonalités subjectives ornent cette sinistre marche patibulaire qui fascine plus que sidère les sens. La ligne de basse est hallucinante et les étranges murmures de fausses trompettes africaines sont autant d'éléments qui invitent cette danse luciférienne à hanter nos charmes après la 5ième minute. Dans son canevas de presque 13 minutes, Proteus s'amuse à jouer avec l'intensité de sa structure de rythme que de ses ambiances qui, à l'unisson, étende un délicieux mouvement ascendant sur une distance de plus de 7 minutes. Un énorme titre qui confirme que notre ami Ian a toujours ce sens du rythme qui rend toutes ses causes nobles. Ambiante et tonale, la finale étreint les vents dominants de Zephyr.
Ce premier 42 minutes de MODULATIONS II meublait sa version vinyle, éditée en 100 exemplaires seulement par le label Grec Kinetik Records. La version digitale offre 2 titres en boni qu'Ian a joué en streaming sur le Net. Livestream 191220 fut joué à cette date lors d'une session qui se tenait dans les studios de DiN. On sent un rythme prendre forme dans les 5 minutes d'ambiances introductives du titre. On dirait un train auquel s'accroche un jeu de pulsations et de bâtonnets métalliques dansant de la claquette sur des formes brumeuses. On dirait une dactylo qui frappe quasiment sur la même lettre! Tel un jeu de couleurs tonales, genre spirographe, des formes rondes comme oblongues s'enroulent autour de ce mouvement rythmique qui maintient sa cadence sous des vents sombres ululant sous la lune. Un superbe mouvement qui joue avec son intensité, autant rythmique qu'au niveau des ambiances, atteignant des moments forts comme des pointes plus éthérées où l'art du modulaire se peint d'ambiances ténébreuses. C'est plus de 30 minutes de pur délice que Ian Boddy a mis en vidéo, la musique seulement, sur You Tube. Phoenix Synthfest provient du Phoenix Synthesiser Festival 2021. Un gros festival qui s'est déroulé en streaming où Ian a joué sur son Serge Modular et un système Eurorack. On peut l'entendre aussi sur You Tube. Une flore tonale tout autant diversifié attend nos oreilles pour un bon 5 minutes avant que le rythme prenne forme à partir de peu. Un rythme sautillant serti de dizaines d'éléments percussifs qui s'entrechoquent et s'émiettent en pépiements mécaniques dans une couleur et une ambiance qui devient de plus en plus diabolique. Un titre conçu pour les oreilles curieuses et qui complète la version digitale d'un album proposé par un artiste qui ne cesse de gravir les marches de l'excellence en matière de MÉ contemporaine.
Sylvain Lupari (12/11/21) *****
Disponible au DiN Bandcamp
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