“Même avec ses quelques titres qui sonnent un peu rétro, The Climb survit à merveille face à l'usure du temps et aux avancées technologiques de la MÉ”
1 Kinetics 4:34 2 The Circle 4:04 3 Déjà Vu (Part 1) 7:59 4 Déjà Vu (Part 2) 4:46 5 Scorch 5:29 6 The Climb-Dawn 2:51 7 The Climb-Procession 3:11 8 The Climb-Hymn 3:09 9 The Climb-Ascent 2:59 10 The Climb-Summit 4:52 11 Déjà Vu (Part 3) 9:29 DiNDDL21
(DDL 53:26) (V.F.) (E-Rock, E-Synth Pop)
La musique d'Ian Boddy s'étend maintenant sur près de 4 décennies. Et le musicien Anglais en a composé de la musique depuis Images, une première K7, paru en 1980! En solo, en duo ou en groupe, Ian Boddy a participé à la création d'une 60aine d'albums. Et je ne compte pas son large éventail de Library Music. Après avoir mis ses 3 premières K7 dans une compilation intitulée Spectroscopic, faudrait bien que je vous en jase un de ses 4, en 2017, le guide par excellence des nouvelles tendances en matière de MÉ a l'intention de rééditer chacun de ses premiers albums sur son label de téléchargement DinDDL. Une excellente initiative que je salue haut la main, notamment à cause du prix très abordable mais surtout à cause de la qualité des compositions du boss de DiN Records. THE CLIMB est paru en 1983, donc il faut se situer au cœur de cette époque afin de bien mordre dans l'essentiel de sa musique. Et encore là, on y trouve des petits bijoux qui sonnent encore très bien aujourd'hui. Je pense entre autres au surprenant Déjà Vu.
D'amples arcs sonores dessinent ces cercles que l'on fait dans l'eau. Ils ouvrent le rythme nerveux de Kinetics. Structurée sur des percussions nerveuses et une bonne ligne de basse un peu Funk, la musique est vive et crache ce venin de la synth-pop des années 80. Le clavier épouse un peu la structure du rythme, ajoutant de la dentelle harmonique en deuxième partie ainsi que des effets qui conservent la touche un brin Bebop électronique de Kinetics. Scorch est construit aussi sur ce même principe, alors que The Circle est nettement plus électronique-motorique avec sa structure couchée sur des basses pulsations et qui accueille un ruisselet de séquences stationnaires. Ces séquences limpides scintillent sur place, alors que des percussions se mettent à rouler un Hip-Hop dont le lyrisme est chanté par une chorale derrière un gros vocodeur. Tous ces éléments en font un titre qui accroche à la première écoute. On passe d'une phase plutôt commerciale à une composition plus complexe avec Déjà Vu (Part 1). Les premières séquences qui scintillent dans une brume mystique tintent un peu comme l'approche de mélodie séquencée dans The Circle. Une minute plus loin, les percussions arrivent pour générer une marche militaire sur acide, alors que la brume intensifie sa magie d'un monde hors de notre imaginaire. Des accords gargouillent aussi dans cette structure dont le débit des percussions, ainsi que d'autres séduisants effets de percussions, amène vers du solide rock électronique anglais où virevoltent de superbes solos de synthé. Très près d'un guitariste de rock, Ian Boddy fusionne à merveille ses solos avec des arrangements orchestraux où se cache aussi une délicate mélodie sculptée par un tendre et romantique clavier. Déjà Vu (Part 2) suit avec un tempo légèrement modifié, mais avec une splendide mélodie qui vous donnera des frissons dans l'âme. Ces gouttes d'eau pur stigmatisées en perles soniques tintent avec un effet enchanteur sur du rock électronique en mutation. Une mutation accélérée par une étonnante ascension d'une ligne de basse mordante. Splendide! Ces 2 titres s'en vont dans mon lecteur réseau, section MÉ intemporelle.
La saga de la pièce-titre s'amorce avec mystère. Les ululements des créatures de la nuit et des brisent caverneuses meublent l'ouverture de The Climb-Dawn. Des accords tintent et résonnent dans cette ambiance. Jouant avec leurs échos, ces accords tissent une mélodie processionnelle, un peu le genre d'Eddie Jobson dans Theme of Secrets (splendide album en passant), qui s'évanouit dans les ombres sonores de The Climb-Dawn. The Climb-Procession suit avec une approche plus chthonienne. Des réverbérations sinueuses servent de décor à des claquements de percussions sans vie rythmique qui ne font que meurtrirent le sinistre chant d'une chorale emmurée. The Climb-Hymn débute avec un paysage sonore plus translucide. Les ambiances, toujours sibyllines, s'accrochent à ce voile de mystère qui brode les contours de ce long titre fleuve qui s'appuie sur 17 minutes. Des nappes de basse sculptent alors une sinistre ascension lento où nos oreilles peuvent percevoir une ombre d'orgue qui épuise sa diablerie dans le rythme vif et saccadé, un peu comme dans Kinetics ou Scorch, de The Climb-Ascent. The Climb-Summit conclut cette saga avec une structure méditative moins sombre que le début de THE CLIMB. Un peu comme un repos céleste après un voyage dans les terres de la désolation. À l'époque, la saga de THE CLIMB devait sans doute initier le mouvement musical pour des structures ambiantes sombres et gothiques avec une fine touche industrielle.
THE CLIMB s'est vendu dans le temps de le dire et est devenu un objet rarissime jusqu'à ce qu'Ian Boddy le réédite sur son label Something Else Records en 1993. Cette réédition venait avec le titre boni Déjà Vu (Part 3). Sa structure métamorphique épouse les grandes lignes des 2 premiers volets, mais dans une approche plus rock, je pense à Tangerine Dream et Cool Breeze of Brighton ici, où nos oreilles se demandent si ce sont des solos de synthé ou de guitare qui survolent et cisaillent les 9 minutes de ce titre qui est tout un cadeau qu'Ian Boddy fait à ses fans. Et même avec ses quelques titres qui sonnent un peu rétro des années de la synth-pop, THE CLIMB survit à merveille à l'usure du temps et des avancées technologiques de la MÉ. J'ai adoré découvrir cet album et j'ai déjà hâte d’entendre dans une aussi belle version sonore qu'ici, The Spirits.
Sylvain Lupari (23/07/18) ****¼* SynthSequences.com Disponible au DinDDL Bandcamp
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