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Writer's pictureSylvain Lupari

Ian Boddy: The Deep (2021) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

Ian Boddy crée les rythmes des océans à travers son imaginaire et ses synthés

1 Standing at the Edge 2:12

2 Dark Descent 5:23

3 The Deep 3:50

4 In the Realm of Poseidon 5:09

5 Leviathan 5:47

6 Flow Current Flow 7:51

7 Sirens Call 8:02

8 Aquanaut 5:51

9 Re-Emergence 4:25

10 Surface Flight 8:49

11 Sub-Aquiem 3:46

12 Sargasso 4:28

13 Submersible 7:41

Something Else Records – SER 006

(CD/DDL 73:25)

(Classic England & Berlin Schools)

THE DEEP est la seconde collaboration entre Groove nl et Ian Boddy afin qu'un autre de ses classiques revoit le jour en format CD manufacturé. Et comme dans The Uncertainty Principle, le processus à permis de découvrir deux autres titres, Sargasso et et le très bon Submersible, venant de cette période. Historiquement, THE DEEP est inspiré d'un film de James Cameron, The Abyss sorti sur grand écran à la fin des années 80. Un peu comme Michael Stearns l'avait fait avec M'Oceans, le musicien Anglais a su créer les océans à travers son imaginaire et ses synthés. La texture océanique mérite d'être soulignée car elle joue un rôle important dans les 63 minutes de l'album initial. Les 11 titres défilent en une seule mosaïque où l'ambiant noir et celui un peu plus éthéré voyagent sur des rythmes de l'England School, et ses essences de synth-pop, et du Berlin School, un excellent, vers la finale.

Standing at the Edge nous ramène au concept de l'album avec des sons de sonar et des problèmes de télécommunication. Une chorale océanique fredonne la bienvenue aux nouvelles âmes jusqu'aux portes de Dark Descent qui suit avec une première structure de stop & go aux élans avec deux pulsations alignées sur des suites de 3 coups, chacune ayant son identité tonale. Peu à peu, le concept se perd dans une richesse d'éléments percussifs qui nous garde sur le qui-vive. Et c'est 12 secondes après la seconde minute que le synthé libère les ambiances avec une mélodie qui se niche dans un gros synth-wave bien encadrée par de solides percussions. L'univers sonore me rappelle celui de Mark Shreeve avec ce premier contact très enlevant dans THE DEEP. La pièce-titre est une ode ambiante. La musique est bien songée et suit les émotions derrière la narration de David Burns. On entend le bleu, comme le noir et son gouffre, des océans sur The Deep. Et si l'obscurité a goulûment avalée cette finale, la vie semble revenir avec In the Realm of Poseidon où Ian Boddy choisit la tonalité pastorale de l'orgue pour pousser une ascension des profondeurs afin d'atteindre le royaume de Poséidon. Un titre ambiant qui vit par l'intensité des couches d'orgue. Une voix flûtée se dégage, comme des murmures de sirènes dans un bouillon oxygéné réverbérant. Et c'est avec ces pas sournois, uniques à l'univers Boddy, Arc et Redshift, que Leviathan s'extirpe de la tranquillité océanique pour s'engouffrer dans un gros rock et sa phase de synth-pop évolutive avec des envolées brusques et des arrêts qui le sont tout autant. La particularité ici est la guitare qui est très rock avec des solos qui retiennent l'attention en plus de gros riffs jouant du à-coup dans une ambiance chtonienne rendue possible pour les couches de voix. Un titre qui sonne encore très bien aujourd'hui. Flow Current Flow propose un synth-pop enjoué avec des belles harmonies du clavier-synthé. Le rythme est enlevant avec sa structure aussi superficielle que dans les années 80 et avec des belles percussions métalliques qui éclatent ici et là. On en entend un peu plus dans Aquanaut qui est un autre bon England Schhol avec de très bons lignes de mélodies se fondant en solo de synthé.

C'est dans un fond océanique dérangeant, j'entends même les klaxons de navires dans un tintamarre camouflé par les bruits des eaux, que les divins chants de sirènes montent à nos oreilles. Surréel, le décor de Sirens Call nous pousse à entendre des murmures de tweet-tweet derrière ces voix imaginaires. Ce titre nous réserve son plus bel atout après la 4ième minute avec un tendre solo de piano. Et puis les murmures reviennent ainsi qu'une vague de fond qui nous amène à la vive introduction de Aquanaut et de ses géniaux effets sonores. Re-Emergence est un titre ambiant sombre avec sa chorale chtonienne qui accentue son intensité pour arriver à un secteur des océans qui communique avec le Cosmos et les étoiles. C'est avec Surface Flight que la portion Berlin School se fait sentir sur THE DEEP. Un Berlin School et son séquenceur en mode ascendant mixé avec une vision du synth-pop. La structure nait d'une ligne de séquenceur se dandinant mollement sous les coups de percussions métalliques. Le séquenceur émiette ses ions qui tombent dans mouvement spasmodique jusqu'à bien se centrer sur la vision ascendante. Des nappes de voix, célestes comme chtoniennes, arrondissent les recoins du décor alors que le synthé souffle de très bons solos sur la route d'un train rythmique berliner. La guitare qui sème ses riffs font une incursion dans les ambiances de Force Majeure de Tangerine Dream. Du bon rythme enrobé d'effets célestes, harpe de laser, poussé par des voix astrales et une solide présence de la guitare. Un très bon titre qui a cependant besoin de 2 minutes d'effets d'ambiances pour compléter ses presque 9 minutes. Sub-Aquiem terminait l'édition 1994 de THE DEEP. C'est un titre d'ambiances structurée sur celles de In the Realm of Poseidon. La tonalité de l'orgue est poussée par des orchestrations qui atteignent les limites de l'intensité et du drame dans une finale cinématographique où les bip du sonar nous rappelle comment Standing at the Edge initiait THE DEEP. Sargasso est le premier cadeau de cette nouvelle édition de THE DEEP. C'est un bon rock électronique construit sur des effets d'échos des percussions et des basses-pulsations. Un clavier dessine une timide mélodie qui s'étire aussi avec des effets d'écho. Tantôt teutonique et tantôt enlevant, le rythme est cerné d'effets cosmiques et devient très explosif dans son dernier passage enlevant. Submersible est un véritable cadeau enveloppé dans un très bon Berlin School. Si la musique repose sur les ambiances de THE DEEP on le doit aux solos de synthé roucoulant en boucle dans une texture océanique. Le rythme sautille avec des éclats de cymbale dans un modèle ascendant rempli d'une mélodie séquencée sur une comptine du genre Halloween. Les orchestrations et les nappes de brume remplissent leur mandat alors que le synthé perd le nord dans un dernier tiers riche en solos et effets de psybient. Un excellent titre qui revalorise encore plus la noblesse d'un autre très bon album de Ian Boddy.

Sylvain Lupari (10/07/21) *****

Disponible chez Groove nl

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