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Writer's pictureSylvain Lupari

IDEATION: Adrift (2009) (FR)

Adrift regorge de surprises sonores et de mélodies inattendues qui charment sur des rythmes déconcertants

1 Function & Disorder 8:56

2 Cherry Pie 1:18

3 Zeitgeist 10:22

4 Unreality 6:12

5 Gruber’s Great Aunt 6:26

6 Bom Badda Boom 10:17

7 Adrift 14:45

(CD 58:16)

(Progressive EM, Psy-Trance)

Encore une fois le label Ricochet Dream nous propose un album plus qu'intéressant; ADRIFT de Ideation, un nouveau duo composé de Paul Nagle (Joint Intelligence Committee, Binar, Headshock, STDM, Far From Stars) et Pete Ruczynski de Air Sculpture. Une union artistique qui transcende les audacieuses limites que Nagle avait établit avec Andy Pickford pour Binar et STDM.

L'intro de Function & Disorder est dans la plus pure tradition Nagle. Nous trempons dans son univers sonore. Sombre et intrigante, avec des voix qui se mêlent à des oscillations percussives et des réverbérations caustiques, l'ouverture est atonale jusqu'à ce que des percussions d'un monde aborigène vierge lui donnent une direction un peu plus cadencée. À tâtons, le rythme s'installe. Il émerge d'un étrange jeu de percussions accompagné d'un synthé flûté, nous plongeant dans une faune sonore aussi dense que les jungles des forêts tropicales. Rythme saccadé par un écho d'une séquence convulsive où voix et flûte orientales se mêlent à une hérésie progressive, Function & Disorder n'est pas sans rappeler le titre Wuivend Riet de Johannes Schmoelling. Cherry Pie est un court intermède flûté qui nous accompagne jusqu'aux premières notes de Zeitgeist et son intro de percussions tribales du Moyen Orient qu'une douce nappe synthétisée recouvre et qui est accompagnée d'un clavier aux accords légèrement tourbillonnés. La cadence accentue délicatement, enroulée d'une séquence ondulatoire qui saisit Zeitgeist dans un vortex hypnotique, donnant libre voie à un synthé sifflotant qui emmitoufle le titre dans une zone de confort aux nappes protectrices. Un beau Berlin School progressif, teinté de notes carillonnées et d'effets sonores analogues. Des percussions au rythme Africain structurent la cadence effrénée de Unreality. Encore là, nous sommes immergés dans le délire sonore de Paul Nagle. Le rythme y est soutenu, mais est tout à l'opposé des ambiances qui parsèment aléatoirement ce mouvement endiablé qui peut facilement se comparer à une dance pour zombies sur acide. Des murmures parmi des stries métallisées synthétisées, Gruber's Great Aunt est un titre atmosphérique très corrosif, gracieuseté de Phil Smillie à la guitare qui nous guide au génial Bom Badda Boom.

Séquenceur nerveux aux accords sautillants, drapés d'un synthé aux nappes choristes angéliques, Bom Badda Boom lève en douceur entouré d'une pléiade d'effets sonores qui charment par deux cette douceur électronique qui se termine dans une étrangéité comestible. Un autre très beau titre où la complexité se marie aisément à l'harmonie. Intro romanesque avec un doucereux piano qui étale une sentimentalité inattendue, la pièce titre démarre avec sensibilité. Les accords de piano sont ceinturés d'une guitare et d'un synthé aux stries mordantes, jusqu'à ce qu'une séquence sautillante redimensionne une structure vaporeuse. Rotatif, le rythme est constamment picoré par une guitare timide et un piano moins sentimental, plongeant Adrift, la pièce-titre, dans une nébulosité structurée d'une cadence tempérée où effets sonores et vocaux s'évaporent dans les lamentations d'une guitare solitaire, concluant sur les structures paradoxales, mais fort musicales de ADRIFT.

Ce premier opus de Ideation est truffé de surprises sonores sur des rythmes déconcertants, rappelant par moments les œuvres de Joint Intelligence Committee et de Binar; 2 projets musicaux où Paul Nagle étalait toute sa vision progressive et technoïde de la MÉ contemporaine.

Sylvain Lupari (02/06/09) ***¾**

Disponible au Ricochet Dream Store

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