“One Sea justifie la MÉ! C’est 60 minutes d’une musique minimaliste fluide avec des variations sonores et des perturbations sur le même thème”
1 One Sea 59:20
(CD 59:20)
(Progressive EM, Psy-Trance)
Le dernier album de Ideation remonte à 2009 avec le surprenant Adrift (Ricochet Dream RD040). Conçu sur une base d'improvisation ONE SEA nous offre un long voyage minimaliste à dos d'oiseau de mer avec des variations musicales et des perturbations soniques sur un thème récurrent.
Comme un oiseau ralentissant son vol pour amerrir, One Sea débute sur les freins, histoire d'organiser le long pèlerinage musical d'une sterne idéaliste. Des accords sautillent et s'entrelacent à l'ombre de délicates percussions, tramant son long parcours rythmique. D'autres accords s'ajoutent, ondulant en cerceaux qui roucoulent comme d'interminables boucles sur un lit d'arpèges aux destins entrecroisés. Ces cerceaux aux contours abrasés tintent finement parmi une riche faune sonore et des lignes de synthé qui dessinent de fins ver-d'oreilles, chantonnant et ondulant capricieusement sur une oblongue structure hypnotique qui s'enrichit constamment de sonorités aussi biscornues que des taches de peintures abstraites sur un beau paysage ensoleillé. Enorgueillit par des accords, des séquences et des percussions qui en engraissent sa structure, le rythme est fluide et progresse avec finesse et subtilité sous un ciel harmonique menacé par de légères variations. Et la première se pointe vers la 13ième minute, insufflant une légère brise de fraîcheur avec des couches de synthé brumeuses qui recouvrent un rythme ayant perdu sensiblement de sa vélocité. Les cerceaux ébréchés demeurent. Ils dessinent un axe rythmique circulaire qui est une proie facile pour des percussions qui s'arriment et redirigent le rythme vers sa 2ième variation. Ce passage est nettement plus atmosphérique avec des lignes de synthé qui affluent et forment un maelström implosif dont les contre vents musicaux s'embourbent en une spirale tournoyant parmi des cerceaux aux contours acérés. Sans séquences rythmiques ni percussions, cette longue phase de One Sea est d'une quiétude ambiophonique avec ses innombrables couches de synthé aux filaments de brume qui s'enroulent en une étrange ode pour la sérénité que des percussions éparses secouent timidement de frappes hésitantes. C'est un superbe passage qui éveille en moi le goût d'écouter M'Ocean de Michael Stearns. Et comme un levé de soleil sur un horizon plombé de bleu d'un océan tranquille, le rythme de One Sea reprend ses droits. Bouillonnant finement d'un murmure incompréhensible il se lève avec peine, trébuchant dans les continuels contrecourants musicaux pour finalement ressortir avec force vers la 43ième minute. C'est un bref passage rythmique qui perd peu à peu de sa force pour sombrer dans un abime aux voiles brumeux où seules les oscillations bouclées d'origine persistent et signent une cadence qui s'épuise graduellement dans les pleurs d'Éole et les fines perturbations d'une mer captive d'un horizon sans fin.
ONE SEA est ce pourquoi la MÉ existe. C'est une idée qui a germée lors d'une préparation pour le festival Awakenings et qui a trouvée toute sa forme musicale dans les entrailles d'une panoplie d'équipements roulés au quart de tour. C'est près de 60 minutes de musique dont les variations, tant rythmiques que mélodiques, courent sur un même thème qui semble inépuisable. C'est très beau et envoûtant, comme un long voyage à dos d'oiseau sur une mer aux reflets carillonnés. C'est disponible en ligne, dans une très belle qualité audio!
Sylvain Lupari (09/09/12) ****½*
Disponible au Ideation Bandcamp
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