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Writer's pictureSylvain Lupari

Imaginary Landscape Nothing Left Behind (2019) (FR)

“Si vous êtes à la recherche d'une masse sonore dysfonctionnel avec des passages très intenses, vous êtes à la bonne place avec cet album ambiant anti-musical

1 Overture 7:45

2 Distant Voices 8:50

3 Where will we Go 8:37

4 Remembrance 9:05

5 Broken Dreams 8:21

6 Cold Light 9:33

7 Larsen-C Revisited 11:40

8 Nothing left Behind 8:48

(CD-r/DDL 72:42)

(Ambient abstract music)

Hans-Dieter Schmidt est cet ingénieur de sons qui avait masterisé le très bel album de P'faun ‎(Sp'roque) en 2018. On le retrouvait aussi en duo avec Michael Brückner dans le projet Bridge To Imla. Il est aussi derrière ce nouveau projet de panoramas sonores intitulé Imaginary Landscape dont le premier album NOTHING LEFT BEHIND vient tout juste de sortir sur CD-r et en téléchargement sur le label Allemand SynGate et sa division Luna. On va le dire tout de suite, cet album n'est pas pour toutes les oreilles! C'est un anti-symphonie de sons et de leur violence lorsqu'empilés dans des murailles mobiles qui cherchent à regarnir les coffres du néant. J'ai eu de la difficulté à passer au travers ses 73 minutes tant c'est dissonant et tout le contraire du mot musique. Je ne lui donne pas de note, parce que ce n'est pas mon genre musical. Mais si vous êtes à la recherche d'une masse sonore dysfonctionnel avec des passages très intenses, vous êtes à la bonne place avec ce premier album d'Imaginary Landscape.

Des violons bien ajustés et des larmes de trompettistes pleurant dans l'anonymat ouvrent la lente floraison tonale d'Overture. Des cliquetis et des fredonnements de licornes ornent le décor alors qui doucement se métamorphose en prenant une aura plus funeste. Les cliquetis deviennent des frottement d'os qui sont bougé par les rampements de crotales alors que le murmures deviennent des souffles caverneux, exposant le décor de NOTHING LEFT BEHIND qui tangue entre l'espoir et son contraire. Des accords sonnant comme des cordes et des notes de piano jetées dans les abysses complètent ce décor dont les battements cardiaque donnent vie à ce premier opus très tranquille de Imaginary Landscape. Ambiant certes, mais non dépourvu d'intensité comme le prouve Distant Voices. Balayé d'ondes creuses et de souffles perçants, le mouvement est comme ces messes cosmiques de Michael Stearns dans Chronos. Les multilignes des synthés étalent un décor toujours très sinistre avec des effets qui attisent l'ouïe, pour un peu que la musique d'ambiances, ambivalentes je dois ajouter, et de lentes évolutions de panoramas soniques nous intéressent un peu. C'est primordial si on veut se mesurer aux visions très grégaires, tant dans l'évolution que dans la transformation, des 72 minutes de cet album. Where will we Go est sans doute le titre le plus intense avec des nappes assourdissantes dont les résonances masquent légèrement ce duel avec les chœurs nichés dans les nuages. Sombre et assez sibylline, la musique évolue par couches en ajoutant toujours un niveau d'intensité à chaque permutation de la surface sonore. Des accords d'un instrument à cordes, une harpe ou un effet du synthétiseur, valsent et trépignent sur cette structure où nous attend de très beaux chants de flûtes. Un peu comme Tewt dans la bande-dessinée The Mighty Hercules. La musique me fait penser beaucoup à celle de Robert Rich. Le piano domine avec ses accords sculptant une marche funéraire dans Remembrance. Ses notes sont couchées avec fermeté, tant qu’elles résonnent dans les effets vaporeux d’un violoncelle repentant. Cette marche trébuche dans un violent mouvement cataclysme sonore où on distingue à peine les larmes de violons des soupirs des violoncelles dans une masse sonore aussi compacte et granuleuse que la rage d'une tempête de sable.

Broken Dreams appartient à cette liste de titres intenses de NOTHING LEFT BEHIND avec une pléthore de tonalités qui ressemblent à un tuning d'un orchestre à cors et à cordes. Les nappes de synthé, parfois apocalyptique et parfois séraphiques, évoluent aussi comme une tempête de sons qui fait rugir et mugir ses particules vibrantes. La masse sonore se divise en ombres titanesques qui flottent avec une présence menaçante. Surtout avec ces feutrements de matières métallisées qui s'effritent comme des particules d'encre dans ce décor obnubilé par son essence sibylline. Sa finale est plus musicale et plus près des berceuses New Age. Un long et lent bourdonnement tenace tient Cold Light en vie. Une onde plus chaleureuse se détache afin d'apporter un léger voile de sérénité où s'imposent toujours ces gongs, effrités par les multiples frappes et dont les poussières hantent l’ouïe, ces tonalités de cloches tintant dans l'oubli et ces cognements sourds restent toujours actifs dans ce décor. L'introduction de Larsen-C Revisited replace les explorateurs des formes et des couleurs des sons sur cette mince ligne qui délimite l'abstrait du concret et leurs origines dans une autre expérience tonale qui demande de la patience. Des éclaboussures deviennent des éléments percussifs pour redevenir de l'eau dans un contexte halieutique avec des battements d'ailes qui chatouillent sa surface. Tout est possible ici, surtout que le mouvement étreint une phase angélique pour redescendre dans les entrailles d'une énorme grotte dont les tunnels font l'effet de ces tuyaux d'orgue soufflant les soufres des abysses. Bruyant et…très bruyant! La pièce-titre n'est que son prolongement et une finale espérée après mes multiples tentatives de comprendre le sens de NOTHING LEFT BEHIND.

Sylvain Lupari (17/09/19)

Disponible au SynGate-Luna Bandcamp

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